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Chronique de Concert

Roger Waters

Les Arènes de Verone, Italie 5 juin 2006

Critique écrite le par

Roger Waters qui fait une petite tournée d'été avec au menu annoncé l'intégralité de l'album "Dark Side of the Moon" joué live, c'etait pour moi l'occasion de voir, par procuration je le concède, Pink Floyd en live, enfin.
LE groupe qui tient une place enorme dans ma Vie, et que je n'ai jamais pu voir pour diverses raisons.

Encore fallait il trouver une date faisable, car Tel Aviv, Moscou, ou Reykjavik ne font point partie de mes destinations habituelles va t on dire !
Mais le bougre a eu la bonne idée de prévoir non pas une, mais deux dates aux Arènes de Verone, Italia.
Et c'est cette deuxième date qui a tilté dans mon esprit, car tombant le lundi suivant le week end des Gods of Metal à Milan, distant d'à peine 160 km. Une bagatelle au vu de ce que je me tape habituellement....
La décision fut vite prise courant avril, et c'est lors de mon passage milanais de ce meme mois pour voir Jon Oliva sur sa tournée italienne, qu'avec mon Padre nous avons pris les places à la fnac locale. Des places assises de 2ème catégorie sur 4 possibles, pour la modique somme de 80 euros pièce...Mais pour ce genre d'artiste qui me tient plus qu'à coeur, je ne regarde pas à la dépense, je ne tiens pas à refaire mes erreurs de jeunesse et manquer quelque chose que je ne pourrai plus voir par la suite. La Vie est bien courte et incertaine, donc...

Après un show exceptionnel de Guns'n roses aux Gods of Metal le dimanche soir, nous décollons de l'hotel avec mon Père tôt dans la matinée, histoire d'eviter les bouchons italiens fréquents, et d'être à Verone vers les midi, pour visiter et flâner sans stress.
Rien de bien folichon dans cette petite ville fortifiée, et après un passage au shoppingland du coin, on se pose dans un pub en attendant l'horaire tardif où l'on pourra s'asseoir à nos places une petite demi-heure avant le début du show.
La pluie tombe drue en cette fin d'aprem, on craint pour la qualité du spectacle en plein air. Mais il y a bien un dieu de la Musique quelque part, et lorsque nous rentrons dans l'enceinte, les gouttes s'estompent, pour ne revenir que quelques minutes eparses par la suite.
Le public italien est assez chochotte dans l'ensemble a t on souvent remarqué, mais là ils ont battu des records, avec leur kway, parapluies, et coussins loués 5 euros ! Oui oui, des vendeurs passaient pour louer des coussins rouges, histoire de pas mouiller les petites fesses je suppose...
Fin bref, nous on s'en fout, et en allant chercher un coup à boire au stand, je me dit qu'au final, on va aller jusqu'au bout du trip, je me prend une bouteille de champagne avec deux flutes et retourne m'asseoir !!
Vi vi, au lieu de prendre une binouse Pils merdique à 5 euros, je me suis dit que la bouteille de champ' à 20 euros, ce n'en etait que meilleur ! La serveuse a un peu halluciné car elle commencait à me servir deux verres, puis après elle pensait qu'on etait cinq car elle me donnait cinq flûtes :)
Non, franchement, on etait plus à 20 euros près ce week end là. En compagnie de monsieur Waters qui plus est, donc bon...

Et qu'avions nous pour 80 euros au fait ? Ben deux places dans les gradins milieu centre, sur le coté droit de la file, impec pour voir la scène et tous les effets ! Car il est vrai que nous avons payé cher. Mais pas pour rien.
11 zicos sur scène, les trois choristes inclus. De la pyro. Un ecran géant, puis un autre rien que pour la partie "DSOTM". Un light show excellent, avec aussi tous ces effets lumineux prenant tout le fond de la scène. Un son parfait bien entendu.

Mais au delà de tout cet aspect materiel bien agréable, il y a eu cette playlist à tomber, et son interprétation grandissime...
Le show se déroulait en deux parties.
D'abord du Floyd, du Floyd et encore du vieux Floyd des 70s pour la plupart. Avec un titre solo que j'ai adoré, mis en image par une bd noir et blanc sur l'ecran géant, mélangeant histoire et paroles de la chanson, avec en filigrane une critique cinglante de Bush et la guerre en Irak, par des mots simples, et des idéaux justes. "Leaving Beirut" que ca s'appelait. Ecoutez la si vous pouvez, elle a beaucoup touché l'audience.
Quand le génie se pointe sur "In the flesh", et qu'il enquille sur "Mother", je me dis qu'on m'a trompé sur la marchandise, et que finalement il va me faire tout "The Wall" !
Et puis non....C'est encore mieux ! "Shine on your crazy diamonds" messieurs !!! Oui LE "Shine on..." dans son intégralité ! 13 mn de pur bonheur extatique !
Mais ce ne fut que le début...."Have a cigar" suit...et ce que j'attendais par dessus tout, un de mes trois titres favoris tout confondu, une chanson magnifique au possible, qui a elle seule mérite tout le chemin parcouru, et puis tellement lourde de triste sens...."Wish you were here". Pour ceux qui me connaissent, inutile de préciser la rivière de larmes qui s'ensuivit, amorcée dès le deuxième titre, pour ne se tarir qu'à l'entracte....
Une interprétation plus que parfaite, avec un final prolongé, des musiciens au diapason, des lights bleus apaisants...Un des plus beaux moments de ma Vie, comme ce concert dans son entier finalement....

Car après ce long moment consacré à cet album fabuleux, mister Waters passe au trés critiqué "Final Cut", que je n'ai que trés peu écouté moi aussi, et qui pourtant, à le lueur des titres qu'il nous jouera ce soir là, va se révéler comme un autre trés grand moment du set ! Il incluera "Perfect sense", un de ses titres solo dans le "medley" de "Final cut". Great !
Après une incursion dans l'album "A saucerful of secret" avec le pêchu "Set the controls for the heart of the sun" et ses batteries de lights chaudes, on passe à un sublime moment hors du temps :"Sheep", representant un album génial: "Animals". Long titre executé à la perfection, avec des images sombres sur l'ecran géant, l'usine aux cheminées enormes de la pochette soulevant les acclamations de la foule.

A la fin de ce titre epique, le Maitre de Cérémonie annonce une pause d'une vingtaine de minutes. Déjà une heure quarante de show, ca passe comme dans un rêve. Je plane déjà à dix mille, et la soirée est loin d'etre terminée.

Car après l'entracte, Roger Waters revient sur l'intro "Speak to me", et tout "Dark side of the moon" va être interpété PARFAITEMENT. La choriste soliste a une voix à tomber par terre, le gratteux soliste cisèle les soli à merveille, le saxo revient nous envouter, "Money" fracasse tout, les lights et la pyrotechnie sont en totale adéquation, tout est carré, propre (et non pas trop propre, nuance)... Waters est heureux d'être là, pas de doute ! Et nous encore plus ! C'est vraiment indescriptible les sensations et les emotions ressenties ce soir là. De la magie pure. Ce que la Musique peut proposer de meilleur, ce que la Musique peut faire ressortir de meilleur, ce que la Musique peut faire ressentir de meilleur. J'espère que tous ceux qui ont partagé ces quelques instants d'une autre dimension dans cette enceinte, ou via un petit téléphone ( ;) ma grande), ont pu ressentir cela.
Pour moi c'est le summum qui fût atteint, qu'importe si Gilmour, Mason et Wright n'etaient pas de la partie, en fermant les yeux et se laissant transporter, on ne voyait pas de différences.

A la fin d'un "Eclipse" fédérateur, je croisais fievreusement les doigts pour un rappel axé "The Wall"....
Et comme apparement ce soir là tous mes voeux etaient exaucés, le groupe revient pour un "Another brick in the wall" titanesque, avec les gros choeurs d'enfants sur le deuxième couplet, un solo à rallonge, et des arènes debout, s'epoumonant en choeur !
On enchaine direct avec "Vera" et un tonitruant "Bring the boys back home" tout en lights et explosions, avant de conclure de la plus belle des manières avec le classiquement anthologique "Comfortably numb", chef d'oeuvre intemporel, qui parachève 2h50 de show mémorable.

Je reste groggy par une telle intensité d'emotions, je ne m'en suis toujours pas remis. J'avais imaginé le meilleur, pour ce show "par procuration"...J'ai eu bien plus que ça. J'ai obtenu un sommet personnel intouchable.
Il a fallu 9 mois pour que tout sorte enfin, ce n'est pas un hasard si le Floyd en fût le déclencheur. J'ai touché le ciel, et nous avons trinqué une dernière fois.
Wish you were here, Chris.

Gandalf

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