Echappé du studio le temps d'un concert donné sous le chapiteau du festival "L'Arrière Court", Rogojine a dévoilé la plupart des douze nouvelles compositions (2 de plus que prévu) qui constitueront le nouvel album du groupe. Si aucun label ne les signe, c'est que ces gens-là sont irrémédiablement sourds et doivent se recycler dans la vente de savonnettes ! Car les nouveaux titres sont très réussis et accrocheurs : le parti-pris plus électrique donne du punch, les textes en anglais apportent un changement. Et on a parfois l'agréable sensation d'entendre une version française de Neil Young & Crazy Horse, une des références avouées de Rogojine. La guitare de Chérif Mouat apporte une dimension supplémentaire à l'édifice bâti par ses trois comparses. Jérôme modifie le registre de son chant en fonction des titres et semble très à l'aise. Tout est carré, en place, bien envoyé, que demandez de plus ? La plupart du public exprime bruyamment sa satisfaction entre les morceaux et semble conquis par la musique proposée sous le petit chapiteau surchauffé. Rogojine a donné ce soir-là un de ses meilleurs concerts. Un brillant avenir semble s'offrir à eux...



Nous nous étions rencontrés en début de semaine pour discuter de l'actualité de Rogojine... Ayant laissé à l'écurie leurs fières montures de disciples de Neil Young & Crazy Horse, Jérôme Caillon (chant/guitare), Christophe Pie (batterie/production) et Philippe L'Homméde (basse) ont accepté de répondre à quelques questions. Entretien dans la cuisine de l'appartement où ils logent pendant enregistrement de leur futur disque et dégustation d'un petit Bordeaux, pas mauvais ma foi !

Quels sont les projets de Rogojine pour l'année 2002 ?
"Nous enregistrions en ce moment 12 nouveaux titres aux studios Sophiane à Cournon. La recherche d'un label est notre priorité, nous ne voulons pas d'un CD autoproduit tiré à 500 exemplaires ! Nous voulons tourner plus mais sans manager et sans label, c'est difficile !

Allez-vous appliquer la méthode d'enregistrement révolutionnaire des Rancheros, votre autre projet musical détonnant régulièrement diffusé sur France Inter chez Bernard Lenoir (5 minutes pour répéter, 5 minutes pour enregistrer, 5 minutes pour mixer) ?
Non ! Les Rancheros, c'est une autre planète ! Grâce à cette expérience, nous avons appris à être concentrés tout en restant décontractés. On a fait beaucoup de travail en amont avant d'entrer en studio. Nous enregistrons live, tous ensemble dans la même pièce, nous allons rester une semaine ici à Cournon pour peaufiner les chansons.

Avez-vous en projet un autre disque de divertissage et de rigolation avec les Rancheros ?
Nous avons enregistré "Golden couillas volume 1" pendant l'euro 2000 dans une grange à La Bourboule. Comme on en garde un très bon souvenir, nous allons remettre ça pendant la coupe du monde 2002. Les Rancheros, c'est faire de la musique dans l'esprit du plaisir pur.

Pourquoi pas une vraie sortie CD de "Golden couillas" ?
Pour des raisons contractuelles et parce qu'on veut garder le côté amateur, improvisé et amusant.



Il y a deux nouveautés pour Rogojine, le chant en anglais, et des guitares plus agressives. Pourquoi ces choix ?
On fait comme on le sent, sans se poser de questions. On alternera le chant en anglais et en français dans les nouvelles compos. Les guitares sont plus électriques sur certains morceaux, c'est vrai. C'est une direction qu'on a envie d'explorer et qui offre plus de possibilités.

Votre chanson "Mountain" sonne un peu comme du Noir Désir. Comment les considérez-vous ?
On nous a déjà dit ça, on n'avait pas remarqué en l'enregistrant. Nous voulions faire sonner la chanson comme du Sixteen Horsepower. Nous respectons la carrière et la qualité des compositions de Noir Désir. Leur leader Bertrand Cantat a des choses à dire et écrit des textes intéressants, cela doit être facile de jouer derrière un leader de cette trempe !

Comment sont répartis les rôles pour la composition des morceaux chez Rogojine ?
Jérôme : Il n'y a pas de rôles prédéfinis. Parfois, Christophe amène la musique puis je compose les paroles. Cela dépend des chansons.

Christophe a arrangé le premier disque éponyme de Rogojine et a travaillé sur les disques de Jean-Louis Murat. Va-t-il continuer pour les 12 nouveaux titres ?
Jérôme : Il a un peu le rôle de chef d'orchestre dans le groupe, son travail est primordial pour faire sonner les chansons. Il a une expérience en studio que nous n'avons pas.
Christophe : J'arrange les titres, en effet, mais, "chef d'orchestre", c'est un bien grand mot. Ils savent jouer de la musique, les gars ! J'essaye de me concentrer sur les chansons, c'est ce qui m'importe le plus.

Quels sont les albums récents et les concerts auxquels vous avez assisté et qui vous ont marqué ?
Jérôme : Les White Stripes à la Coopé, l'album des Strokes, le dernier album de Sparklehorse. La BO du film "Trouble everyday", écrite par les Tindersticks, est fascinante.
Christophe : Lift To Experience à la Coopé, le dernier album de Grandaddy, le premier album de Kingsbury Manx.
Philippe L'Hommede (basse) : Je suis fan d'Arab Strap et de Joseph Arthur.



Quels artistes vous ont influencé et sont des références pour vous ?
Jérôme : Neil Young, Leonard Cohen, Bob Dylan, Radiohead, Sebadoh, Sparklehorse, Deus et Catpower.
Christophe : The Cure, Sixteen Horsepower, Elysian Fields, Robert Wyatt et les Beach Boys.

Quels rapports avez-vous avec le milieu de la musique dans la région ?
Jérôme : Nous avons plutôt de bons rapports avec tout le monde.
Christophe : Nous passons parfois un peu pour des têtes de cons car on ne demande l'avis de personne sur nos chansons.

Etes-vous des têtes de cons, oui ou non ?
Non !

Votre opinion sur Vulcania alias le "Giscardoscope" ?
Christophe : il aurait été plus marrant de faire une ascenseur à l'intérieur du Puy de Dôme ! Ou alors que les volcans rentrent réellement en éruption ! Plus sérieusement, nous sommes assez sceptiques : nous voyons mal les Hollandais s'arrêter pour visiter de faux volcans.

Quel sont vos impressions concernant l'ouverture en mars 2000 de la Coopérative de mai ?
On a peur que ça ne dure pas si les gens ne se déplacent pas plus. Le public gueule qu'il n'y a rien et après il ne se bouge pas, même si la programmation est de qualité. Un lieu comme celui-là éveille la curiosité du public. De plus, c'est primordial car voir de bons groupes sur scène, ça crée une émulation pour les musiciens de la région.



La place réservée aux groupes du coin est-elle suffisante ?
Oui, il me semble. Il y a les soirées Factory. On y a déjà joué deux fois, on ne va pas le faire chaque mois !

Dans la chanson "Clermont" des Rancheros vous chantez "les Salins qui sont pas bien". Cela ne doit pas vraiment vous réjouir de jouer sous le chapiteau de la place de Salins...
Si, on est content de jouer à l'Arrière Court, c'est une bonne scène. On voulait y jouer depuis longtemps déjà. Nous allons un peu détonner dans la programmation car nous ne sommes pas très festifs !

Peut-être faudrait-il reprendre un titre ska de La Ruda Salska ?
Heu, non, nous ne sommes pas obligés de faire ça...

Allez-vous assister à des séances au festival du court métrage ?
Cette année, on aura pas le temps, car on enregistre toute la journée, l'année prochaine !

Quid du site internet www.rogojine .com ?
Le problème, c'est que c'est un copain qui le fait depuis Paris. Nous aimerions avoir plus de contrôle dessus et le faire évoluer. C'est quand même une bonne carte de visite.

Le groupe anglais Dead Plants, qui joue souvent dans le coin, prévoit une victoire de L'Irlande ou de L'Angleterre pour la coupe du monde 2002 au Japon. Votre pronostic ?
Ils sont bons musiciens mais piètres pronostiqueurs, ces Dead Plants ! C'est la France qui va gagner ! Les bleus vont muscler leur jeu et ça va faire mal !"


Le 5 titres Aquaplaning (2003).

(Photos prises par Yann Dézélus à la Coopérative de Mai, le 17 janvier 2003.)

Rogojine "premier album" disponible sur vitaminic.fr et peoplesound.fr
Les Rancheros "Golden couillas vol 1" téléchargeable sur vitaminic.fr