Chronique de Concert
Rover
Surpuissant, fantastique, époustouflant que dis-je, Supercali fragilisticexpialidocious ! Les mots et les étoiles nous manquent (au fait quand on en met 5 c'est pas par hasard, on est pas sur facebisounook, hein) : cerveau et coeur, Rover nous a tout défoncé à coup de Rickenbacker noir et blanche, et de voix de tête à large spectre ! La soirée avait pourtant moyennement commencé, par un gros retard au démarrage (un problème de tour bus en panne !), ce qui nous a au moins permis d'aller boire une bière Motörhead (oui, oui, moi aussi j'ai découvert que ça existait) dans ce bel et bon endroit qu'est le bar l'Ace of Spades, ex Pussy Twister, tout à côté... Et où comme on peut l'imaginer, on écoute pas précisément de la variétoche de vendeur de cravates. La transition n'a toutefois pas été aussi délicate qu'imaginé avec le monde, assez feutré sur album, de Rover, qui a joué et chanté idéalement fort du début à la fin, bousculant un set qui sinon, aurait pu être plus reposant et sans doute moins excitant.
Mais j'oubliais un détail : en première partie inopinée (en tout cas inannoncée), son bassiste et un camarade un peu bavard ont joué en duo, à 6 & 12 cordes, quelques chansons rock & folk de bonne tenue (même si une au moins était vraiment kitsch, genre Guns'n'Roses unplugged, une autre plus groovy évoquait assez bien Keziah Jones). Le tout sous un patronyme mexicain (Adan quelque chose - ndP : le nom du groupe complet est Adan & Xavi y los Imanes mais ce soir il y avait juste Xavi et son frères, un des Imanes), que j'aurais volontiers recopié ici si je l'avais compris ou si quelqu'un avait pris la peine d'annoncer cette première partie sur le site de l'Espace Julien... Enfin ne leur en demandons pas trop, déjà, leur bar n'est pas tombé en panne de vraie bière à 20 h 55 comme la semaine dernière, on progresse !
Back to Rover, qui a au moins triplé sa jauge depuis son dernier passage à Marseille. Il s'avère que comme dans notre souvenir de cette première fois au Poste, ce grand gaillard d'abord Wayfaré et sanglé de cuir comme un vrai poseur, mais rapidement déshabillé des yeux et des avant-bras, est immensément charismatique, ne serait-ce que parce qu'il incarne tellement bien La Revanche, notre Revanche à nous, celle de ce groupuscule méconnu, parfois mal compris et pourtant si cool, les Gupees : oui, nous, les Grands-Un-Peu-Enveloppés-&-Elégants ! Autrement dit, des gens attachants mais qu'il vaut mieux avoir en photo qu'en pension, et qu'il vaut mieux voir sur scène que devant soi dans le public...
Côté setlist ? Que du bon, et interprété avec une exquise brutalité sensible, soit 1/3 de son poignant premier album éponyme, et 2/3 de son élégant quoique moins immédiatement aimable Let it glow, inexplicablement inchroniqué ici alors que, bon, on s'y épanche bien sur l'insipide Bertrand Belin... Il est vrai que Along (commencée tout seul), Odessey (tout court), Trugar (un bel hommage à la Bretagne, festive et granitique à la fois), ne prennent vraiment toute leur ampleur qu'en se déployant live, en pleine lumière (très belles au fait, les lumières), portées par un groupe modestement au service d'un leader lui aussi modeste, parfois comme un peu gêné d'être seul dans la lumière, devant 400 personnes, ce qu'il fait passer sans façon par des petites vannes bien senties...
Plus lyriques à la base, Some Needs (of a big sound ?) et l'énorme Call My Name deviennent à plus forte raison encore énormes, flirtant parfois avec nos poils, performées alive & kicking par ce grand type au look de déménageur déguisé en playboy. Sans parler de Let it Glow, jouée en rappel et franchement à tomber à la renverse, y compris pour son développement final, gainsbourgien par la guitare, lennonien par les flutes : du brutal-beau cet album, on vous dit. Sur Tonight, la fameuse et merveilleuse anomalie discoïde du premier album, et qui conclura la première partie, étant proche de l'extase, j'en viens à me demander pourquoi cette bande de coinçôsses qui compose le public de ce soir, ne se trémousse pas du c... comme nous ? A croire qu'ils entendent tous, et toutes les semaines, un hymne disco-rock surpuissant comme celui-là, ils en ont de la chance... Enorme pied en tout cas !
Heureusement, ce public peu mobile est beaucoup (et volontiers) criant et tapant des mains, et il faut bien ça, quand on réentend Remember (délicatement vandalisée), Aqualast qui est en effet devenue en 3 ans un de nos classiques, quand on se pâme à la redécouverte des énormissimes début, milieu et finale de Queen of the Fools (un petit quelque chose de David Bowie a survécu ici...). Il faut réagir aux "You !" courroucés qui ponctuent Champagne, et crier à quel point ça fait mal, quand on a senti son petit coeur se serrer à l'écoute d'une Full of Grace pourtant bien braillée, mais finie, elle aussi, sur une discrète évocation de Heroes, et même de Blackstar, dans les profondeurs des codas... Vibrer enfin à la fascinante cavalcade d'In The End, que j'avais si peu remarquée sur album que je l'ai d'abord crue reprise à quelqu'un d'autre...
Une grande engueulade du public ayant suivi la sortie de ce superbe "gang of four" après Tonight, il revient sans barguigner pour un rappel copieux, commencé avec la joyeuse Anywhere from Now (chouette découverte, Bowie-like elle aussi) et finie après nous avoir Let-it-glow-é le coeur en miettes, par la jolie et réconfortante Innerhum. Et en sur-rappel, galvanisé encore une fois par un quasi-triomphe, le bonhomme finit sa prestation par une Aqualast magnifiquement réinterprétée tout seul, proche de la rupture, et d'après Céline encore mieux tenue que la première, qui m'avait pourtant déjà bien plu aussi. Splendide conclusion, et une certitude : une putain de ROCK STAR, made in France et élevée au bon grain est née, hail hail Timothée Régnier a.k.a. Rover ! Bonne route et à bientôt... devant 1200 personnes ?
Setlist :
Along
odessey
Call My Name
Remember
Aqualast
Hcyd
Trugar
Some Needs
Queen of the Fools
Champagne
Full of Grace
In the End
Tonight
---------
Encore :
Anywhere from now
Let it Glow
Innerhum
---------
Encore's encore :
Aqualast (alone)
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Critique écrite le 11 mars 2016 par Philippe
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