Chronique de Concert
Rover + Conger! Conger!
Rendez-vous est donc pris depuis longtemps avec Rover, aka Timothée Régnier, grosse sensation "française" de cette année 2012, française entre guillemets puisque ce garçon n'emploie cette langue qu'entre les chansons, pour distiller de petites vannes avec parcimonie. On l'imaginait gaillard, on n'est pas déçu : il est un peu plus corpulent que la couverture de son excellent premier album pouvait le laisser penser. Mais peut-être qu'après une dizaine de dates à transpirer comme il l'a fait au Poste à Galène, il va finir avec une ligne impeccable !
Entrée sans façon pour ce jeune homme qui n'a pas l'air de savoir que sa voix peut bouleverser des gens, en tout cas qui ne la ramène pas, faisant preuve de modestie et de discrétion entre deux envolées vocales parfois poignantes, tout en manipulant délicatement une jolie Rickenbacker. Intro céleste avec ses 4 musiciens (chevelus, discrets, impeccables), qui débouche sur l'émouvante Late Night Love : le couple d'amis que j'ai trainé avec moi n'auront pas besoin d'en entendre plus pour me dire que ça leur plait !
Suite avec Queen of the Fools qui est un vrai tube bowiesque, splendeur jouée avec un son plus rock que sur disque, et la bowissime (après on va arrêter, promis) Remember, qui sonne sacrément - le public, certes pas là par hasard vu la notoriété encore confidentielle du bonhomme, est déjà en joie. Aqualast bien sûr, qui s'avère presque dansante ; la voix part sans problèmes dans les aigus, semblant parfois frôler la catastrophe (tomber du falsetto artistique au fausset involontaire).
Mais bon, il la tient sa voix, ça sonne et ça émeut sur Silver, suivie par une respiration pop avec une Lou plus légère (c'est dûr de tenir une intensité tragique tout le temps !). Puis une autre, inédite appelée Lonely Man (assez Beatles-like), et un beau moment de défoulement chaloupé de toute la salle sur Tonight, qui est personnellement mon titre disco préféré depuis bien longtemps ! Le pont central est absolument admirable et, comme je le pensais, cette chanson me donne un immense plaisir jouée en live, hélas suivie par une première sortie (à 45 minutes ! ouch !)
Bien évidemment le public, outré, le fait bruyamment savoir. Le groupe revient pour un rappel (mes notes sont indéchiffrables, je devais encore crier en écrivant), notamment avec et, il me semble, la jolie Carry On (non, j'irai pas sur setlist.fm - problème, le groupe n'en a laissé aucune sur scène !) avec des passages en agréable digression instrumentale ; le groupe salue à nouveau après présentation et ressort aussi sec, une heure à peine étant écoulée depuis le début.
Il faudra une énorme bronca pour convaincre Rover de revenir une fois encore sur scène, et pour réinterpréter Aqualast tout seul. Très joli toujours mais un peu décevant - pas la moindre chanson bonus en magasin ? Sinon, une petite reprise de Bowie ou de Mac'Ca ? Dommage, on repart avec une légère frustration : un concert superbe mais court, trop couuuuuuuuuuurt ! En conclusion, ce garçon ultra-prometteur, qui a l'air étonné qu'on l'écoute et qu'on l'aime, doit savoir qu'il pourrait carrément cartonner en rallongeant son set d'un quart d'heure !
Pour ne pas rester sur cette impression, je rejoins donc (après réflexion sur mon état de fatigue légèrement éméchée... et un tirage à pile ou face) la fin du concert du Café Julien, qui avait une belle affiche ce soir. Quelques 30 minutes de Conger! Conger! valent toujours le déplacement ! On a déjà maintes fois vanté ici ce groupe qui nous assure depuis quelques années d'un possible renouvellement du rock, dans un style totalement inclassable et invariablement fascinant, que l'on retrouve également sur leur récent disque.
Et comme d'habitude, le trio s'applique à fracasser du cerveau à grands coups de boutoir, fort d'une set-list qui comporte quelques nouveautés (comme souvent avec eux). Le Café Julien est bien rempli et le public (qui a déjà droit aux Nitwits avant), est évidemment ravi et pour moitié au moins, en transe. On arrive sur Haunted, puis When I was a nigger (toujours une tuerie sur scène) et la totalement barrée Icarus (this man will face the sun !)....
Le groupe a paraît-il 4 chansons inédites dans le set de ce soir, et en effet je n'ai pas tout reconnu. 30 minutes dans le shaker avec eux, finies "au coin du monde", valaient amplement de se pousser au cul (merci à la pièce de 1 euro qui m'a envoyé ici contre mon gré, donc !). On ne peut qu'une fois encore vanter leurs performances scéniques hors norme : donnez à ces 3 jeunes gens un peu d'énergie en marchant jusque là où ils jouent, et en retour ils vous gonfleront à bloc de leurs ondes telluriques surpuissantes...
Critique écrite le 03 juin 2012 par Philippe
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