Chronique de Concert
La Rubia + Alejandra Cortes
L'occasion m'était donc donnée de parfaire ma culture "flamenquiste" en assistant au spectacle donné par La Rubia dont, je l'avoue humblement, j'ignorais tout avant de me rendre sur son site internet (www.larubiaflamenca.com ). Toutefois, une phrase de sa biographie m'avait frappé : "elle le vit et en donne le frisson..." Alléchant, non ?
C'est donc l'esprit ouvert et curieux que je me suis rendu à l'Espace Julien et, manifestement, celle qui fut directrice artistique du Tablao "el Boleco" de Marseille de septembre 1997 à janvier 2004 a laissé un grand souvenir à ses pensionnaires puisque la salle était pleine à craquer.
La première partie fut assurée par Alejandra Cortes , qui lui a succédé il y a 5 ans à la tête d'El Boleco. La bailaora marseillaise, d'origine andalouse, accompagnée par un quatuor de qualité (chant x2, guitare et cajon), allait démontrer en quelques minutes toute l'étendue de son talent, devant un public malheureusement très (trop ?) discret. Pas de rappel, les musiciens rejoignent rapidement les coulisses et les lumières se rallument. Dommage car leur set fut de toute beauté et aurait mérité un peu plus de chaleur, à mon sens...
Une heure plus tard (30 mn de spectacle + 30 mn de pause), celle que tout le monde attend avec impatience apparait enfin au centre d'un halo lumineux, dans un magnifique jeu d'ombre et de lumière... Le public retient son souffle, et moi aussi... Voici donc la célèbre Rubia , qui arpente les scènes du monde entier...
Les yeux se mettent enfin à briller, l'atmosphère est plus pesante, LA star est là, bien présente dans une éblouissante démonstration, magnifiquement servie par 2 chanteurs, Matilde Gomez et El Niño de la Fragua , ainsi qu' un guitariste de grand talent, Juan del Clemente . Le public est immédiatement cueilli, cela se voit, cela se sent.
Le trio reprend alors le devant de la scène pour 20 bonnes minutes. Le novice que je suis se demande alors pourquoi cette absence de La Rubia est si longue. Mais je comprends très rapidement que c'est ainsi que cela de passe, le flamenco est une discipline très codée qui demande un réel apprentissage. Le mien ne fait que commencer !
Mon impatience prend fin avec le retour de La Rubia , qui a changé de tenue entre temps, pour une nouvelle prestation de haut vol. Je suis particulièrement impressionné par deux choses. Tout d'abord, son regard. Cette façon de vous toiser, d'un air fier, qui vous capte en une fraction de seconde. Mais je suis aussi estomaqué par l'énergie qu'elle dégage, une énergie assez torride qui la rend à la fois sensuelle et presque brutale.
Je dois reconnaitre que la danse de La Rubia a le don de m'hypnotiser. Et que sa présence sur scène est trop rare à mon goût, ce qui n'enlève rien au talent des chanteurs et du guitariste qui l'accompagnent, bien évidemment. Mais 3 ou 4 minutes de danse toutes les 20 minutes, c'est trop peu pour moi et plutôt frustrant au final. On aimerait qu'elle demeure sur scène beaucoup plus longtemps. De longues minutes s'écoulent, donc, avant le retour de la danseuse dans une somptueuse tenue blanche à volants. Après avoir été cueilli, le public est définitivement conquis !
La soirée touche à sa fin et la danseuse et ses musiciens se rapprochent enfin pour esquisser ensemble des pas de danse, dans une joyeuse improvisation ! La gravité laisse place aux rires, La Rubia impose même quelques pas à son guitariste qui feint la surprise, même si on imagine que cet épisode fait partie du spectacle, et cette proximité affichée rend cette formation soudainement plus humaine.
Au moment précis ou les lumières se sont rallumées, je me suis remémoré la fameuse phrase : "elle le vit et en donne le frisson..." Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'y a pas tromperie sur la manchandise... Lorsque l'on sait que son adolescence fut rythmée par les fêtes gitanes auxquelles elle assista à Jerez de la Frontera, on sait d'où viennent cette énergie et cette passion. Pour moi, pas de doute, La Rubia est une grande artiste qui donne le frisson lorsqu'elle transmet son art... Ses maitres, la Tati , El Guito , Antonio Canales , La Farruquita , Manuel Reyes , et Alejandro Granados notamment, peuvent être fiers d'elle...
La Rubia donne des concerts au Japon, en Pologne, en Belgique, en Hollande, au Maroc, etc. mais n'oublie pas ses longues années passées à Marseille, et c'est tant mieux pour nous.
Plus de photos sur www.myspace.com/bighelliphoto
Critique écrite le 16 février 2009 par Emmanuel Bighelli
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