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Chronique de concert Saint-Levant + Lina Makoul
Dimanche 22 décembre 2024 : 6834 concerts, 27253 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Chronique de Concert
Saint-Levant + Lina Makoul
Pour la dernière de ses 3 dates françaises, Saint Levant avait donné rendez-vous à son public à l'Espace Julien. Né à Jérusalem, ayant grandi à Gaza puis en Jordanie avant de rejoindre les Etats-Unis, Marwan Abbdelhamid alias Saint Levant retrouvait Marseille, une ville qui lui est chère et avec laquelle il a un lien familial comme il l'a rappelé depuis la scène.
Avant même que ne retentissent les premières notes, le keffieh et le drapeau palestinien placés autour de la console et de la batterie donnaient le ton. Dans la salle, drapeaux, chants en soutien aux populations de Gaza et du Liban et appels à la liberté pour la Palestine étaient repris en coeur par un public impatient et uni.
Lina Makoul a ouvert la soirée. La chanteuse palestinienne, originaire d'Acre, née et ayant grandi aux Etats-Unis, a habité la scène seule avec une voix puissante et cristalline. Alternant des morceaux aux ondulations propres aux voix de la chanson arabe et des morceaux rappés en arabe, elle a d'emblée conquis un public dont une large partie connaissait ses productions. Sa reprise de l'Hallelujah de Léonard Cohen, titre qui lui avait permis de remporter The Voice Israël en 2013, une première pour une chanteuse arabe, a été un temps fort de sa prestation. Les prises de parole de Lina Makoul ont rappelé que l'art est un moyen puissant de lutte, soulignant le privilège de vivre dans un pays sans la guerre.
Lina Makoul a conclu son concert par un hymne personnel appelant à l'indépendance et à la liberté pour la Palestine avec émotion en communion avec le public.
Saint Levant est ensuite entré en scène, tout de noir vêtu au milieu de ses musiciens habillés de blanc. Arborant un poing levé muni de gants noirs, il s'est d'emblée affirmé par sa présence. Etait inscrit sur l'un de ses gants, le nombre 48 évoquant tout aussi bien 1948, année de la Nakba (catastrophe) pour les Palestiniens, que le projet "2048 Fellowship", pour favoriser l'émergence d'artistes palestiniens, dont il est un des initiateurs.
Le choix d'ouvrir son concert par Sawf nabqa hona (Nous allons rester ici) chant de liberté d'origine libyenne, qui résonne dans l'ensemble du monde arabe comme un appel à résister, a lancé de suite la communion entre la scène et la salle. La fluidité de l'enchainement avec une interprétation vibrante de On this land a soulevé un public dont l'envie de communier avec les habitants et habitantes de Gaza, de Cisjordanie et du Liban, était manifeste. L'urgence et la nécessité de partager des émotions intimes et collectives ont été le fil conducteur de la soirée.
Les titres de l'album Deira ont constitué l'essentiel du concert. Au-delà du contexte politique et géopolitique, les morceaux de Saint Levant nous donnent à voir un jeune artiste aux multiples influences. Des morceaux ou refrains chantés, alternent avec des passages rappés au flow particulier puisqu'il se fait en trois langues (arabe, anglais et français) maniées avec fluidité et aisance. Les mélodies aux accents orientaux amenés par le violon et les percussions côtoient des influences plus traditionnelles palestiniennes ou algériennes (comme le chaâbi) et des thèmes au son plus hip-hop ou électro. Pour Comme c'est beau, le saxo de Saint Levant a su donner à la prestation scénique une âme supplémentaire.
Indéniablement, le live apporte un supplément d'âme par rapport aux enregistrements, du fait de la présence scénique de Saint Levant habité par ses textes, au coeur desquels la Palestine et l'amour occupent une place de choix, et ses arrangements riches de références. En effet, au-delà d'un sourire souvent esquissé à la fois timide et communicatif, Saint Levant a véritablement occupé la scène de l'Espace Julien et a pu jouer de la proximité avec un public enthousiaste qui n'a eu de cesse de reprendre avec lui les refrains notamment sur des titres comme Galbi, 5am in Paris, Face Time ou Deira.
Pour ce dernier, qui donne son nom à l'album, l'émotion était palpable. Deira était le nom de l'hôtel construit par son père à Gaza, et dans lequel il a grandi avant le départ de sa famille pour la Jordanie. Il est aujourd'hui détruit suite aux bombardements israéliens menés depuis octobre 2023. "On a quitté la ville Cet exil est déchirant" : la suite nous dit tout de la douleur de l'exil, la peur pour celles et ceux qui sont restés, celle ne de jamais revenir, celle de ne pas être libre.
Sa prise de parole, en français et en anglais sur la situation à Gaza à quelques morceaux de la fin, a constitué un moment intense dans une salle silencieuse et à l'écoute, rappelant à toutes et tous le fracas de la guerre. Cette soirée a également été l'occasion pour Saint Levant de présenter un morceau inédit composé en collaboration avec une troupe de musique traditionnelle palestinienne, ce qui lui a permis de partager un pan supplémentaire de cette culture à laquelle il est profondément attaché. Ce nouveau titre prometteur, laisse entrevoir de nouveaux arrangements et textes, que l'on espère pouvoir découvrir bientôt et partager à nouveau à l'occasion d'une tournée plus longue en France.
Enfin, l'interprétation de From Gaza with love, titre choisi initialement à l'annonce de sa tournée avant octobre 2023, a réuni Saint Levant et Lina Makoul revenue sur scène. Ce titre qui clame l'Amour tout court et l'amour de la Palestine a résonné, ce soir-là tout particulièrement Ces deux voix ont lancé un cri d'amour comme s'ils voulaient tous deux libérer une énergie vitale face aux violences de la guerre.
Avant de se quitter, Saint Levant avait choisi de conclure la soirée par un instant plus léger et assez inattendu. Hommage vibrant à l'Algérie, qui forge une partie de son identité plurielle, sur scène comme dans la salle, la reprise en version Dj de titres connus et moins connus du patrimoine musical algérien a transporté Saint Levant et son équipe comme le public sous le charme dans une joyeuse et nostalgique communion avant de se quitter.
Après Paris, le public marseillais a eu de la chance d'entendre ces voix et ces sons qui nous renvoient aux richesses des identités plurielles, et de partager un moment fort et sensible. Face aux chaos du monde, cette soirée nous rappelé que la musique pouvait être trait d'union, à la fois source de légèreté, unificatrice, réparatrice et porteuse d'engagements.
Avant même que ne retentissent les premières notes, le keffieh et le drapeau palestinien placés autour de la console et de la batterie donnaient le ton. Dans la salle, drapeaux, chants en soutien aux populations de Gaza et du Liban et appels à la liberté pour la Palestine étaient repris en coeur par un public impatient et uni.
Lina Makoul a ouvert la soirée. La chanteuse palestinienne, originaire d'Acre, née et ayant grandi aux Etats-Unis, a habité la scène seule avec une voix puissante et cristalline. Alternant des morceaux aux ondulations propres aux voix de la chanson arabe et des morceaux rappés en arabe, elle a d'emblée conquis un public dont une large partie connaissait ses productions. Sa reprise de l'Hallelujah de Léonard Cohen, titre qui lui avait permis de remporter The Voice Israël en 2013, une première pour une chanteuse arabe, a été un temps fort de sa prestation. Les prises de parole de Lina Makoul ont rappelé que l'art est un moyen puissant de lutte, soulignant le privilège de vivre dans un pays sans la guerre.
Lina Makoul a conclu son concert par un hymne personnel appelant à l'indépendance et à la liberté pour la Palestine avec émotion en communion avec le public.
Saint Levant est ensuite entré en scène, tout de noir vêtu au milieu de ses musiciens habillés de blanc. Arborant un poing levé muni de gants noirs, il s'est d'emblée affirmé par sa présence. Etait inscrit sur l'un de ses gants, le nombre 48 évoquant tout aussi bien 1948, année de la Nakba (catastrophe) pour les Palestiniens, que le projet "2048 Fellowship", pour favoriser l'émergence d'artistes palestiniens, dont il est un des initiateurs.
Le choix d'ouvrir son concert par Sawf nabqa hona (Nous allons rester ici) chant de liberté d'origine libyenne, qui résonne dans l'ensemble du monde arabe comme un appel à résister, a lancé de suite la communion entre la scène et la salle. La fluidité de l'enchainement avec une interprétation vibrante de On this land a soulevé un public dont l'envie de communier avec les habitants et habitantes de Gaza, de Cisjordanie et du Liban, était manifeste. L'urgence et la nécessité de partager des émotions intimes et collectives ont été le fil conducteur de la soirée.
Les titres de l'album Deira ont constitué l'essentiel du concert. Au-delà du contexte politique et géopolitique, les morceaux de Saint Levant nous donnent à voir un jeune artiste aux multiples influences. Des morceaux ou refrains chantés, alternent avec des passages rappés au flow particulier puisqu'il se fait en trois langues (arabe, anglais et français) maniées avec fluidité et aisance. Les mélodies aux accents orientaux amenés par le violon et les percussions côtoient des influences plus traditionnelles palestiniennes ou algériennes (comme le chaâbi) et des thèmes au son plus hip-hop ou électro. Pour Comme c'est beau, le saxo de Saint Levant a su donner à la prestation scénique une âme supplémentaire.
Indéniablement, le live apporte un supplément d'âme par rapport aux enregistrements, du fait de la présence scénique de Saint Levant habité par ses textes, au coeur desquels la Palestine et l'amour occupent une place de choix, et ses arrangements riches de références. En effet, au-delà d'un sourire souvent esquissé à la fois timide et communicatif, Saint Levant a véritablement occupé la scène de l'Espace Julien et a pu jouer de la proximité avec un public enthousiaste qui n'a eu de cesse de reprendre avec lui les refrains notamment sur des titres comme Galbi, 5am in Paris, Face Time ou Deira.
Pour ce dernier, qui donne son nom à l'album, l'émotion était palpable. Deira était le nom de l'hôtel construit par son père à Gaza, et dans lequel il a grandi avant le départ de sa famille pour la Jordanie. Il est aujourd'hui détruit suite aux bombardements israéliens menés depuis octobre 2023. "On a quitté la ville Cet exil est déchirant" : la suite nous dit tout de la douleur de l'exil, la peur pour celles et ceux qui sont restés, celle ne de jamais revenir, celle de ne pas être libre.
Sa prise de parole, en français et en anglais sur la situation à Gaza à quelques morceaux de la fin, a constitué un moment intense dans une salle silencieuse et à l'écoute, rappelant à toutes et tous le fracas de la guerre. Cette soirée a également été l'occasion pour Saint Levant de présenter un morceau inédit composé en collaboration avec une troupe de musique traditionnelle palestinienne, ce qui lui a permis de partager un pan supplémentaire de cette culture à laquelle il est profondément attaché. Ce nouveau titre prometteur, laisse entrevoir de nouveaux arrangements et textes, que l'on espère pouvoir découvrir bientôt et partager à nouveau à l'occasion d'une tournée plus longue en France.
Enfin, l'interprétation de From Gaza with love, titre choisi initialement à l'annonce de sa tournée avant octobre 2023, a réuni Saint Levant et Lina Makoul revenue sur scène. Ce titre qui clame l'Amour tout court et l'amour de la Palestine a résonné, ce soir-là tout particulièrement Ces deux voix ont lancé un cri d'amour comme s'ils voulaient tous deux libérer une énergie vitale face aux violences de la guerre.
Avant de se quitter, Saint Levant avait choisi de conclure la soirée par un instant plus léger et assez inattendu. Hommage vibrant à l'Algérie, qui forge une partie de son identité plurielle, sur scène comme dans la salle, la reprise en version Dj de titres connus et moins connus du patrimoine musical algérien a transporté Saint Levant et son équipe comme le public sous le charme dans une joyeuse et nostalgique communion avant de se quitter.
Après Paris, le public marseillais a eu de la chance d'entendre ces voix et ces sons qui nous renvoient aux richesses des identités plurielles, et de partager un moment fort et sensible. Face aux chaos du monde, cette soirée nous rappelé que la musique pouvait être trait d'union, à la fois source de légèreté, unificatrice, réparatrice et porteuse d'engagements.
Critique écrite le 08 novembre 2024 par Laure