Chronique de Concert
Sam Karpienia & Nicolas Dick (Carte Blanche à Sam Karpienia - soir 1)
Quand la Meson annoncé la programmation d'une carte blanche à Sam Karpienia, j'avais gravé la première date comme immanquable (finalement je ferais ces trois magnifiques soirées). A savoir deux des artistes marseillais qui sont plus proches de magiciens, qui transforment tous les projets qu'ils abordent en or, au casting Sam Karpienia donc, l'homme qui te bouleverse de sa voix écorchée et de sa mandole onirique, et Nicolas Dick, de Kill the Thrill, qui navigue de névroses urbaines à un mysticisme obsessionnel. Ou pour résumer, deux putains de zicos.
Mais trop d'attente sur un projet peu risque de mener à la déception. Car l'addition de talents, en dehors du fantasme, peut être incompatible. Ces appréhensions avait été balayé dans le cadre de la rencontre D'Aqui Dub et Nicolas Dick (déjà) dans le cadre de Chhhhhhut, ou l'intuition s'était transformé en évidence. Ayant discuté un peu avec les lascars avant leur montée sur scène, ils m'ont avoué tous les deux qu'"il s'était passé quelque chose" pendant les répets.
Ils prennent place tous deux en configuration assise. Les deux ont leur set de pédales. Nico porte sa guitare sur les genoux. Pour en jouer avec vibreur électrique et divers toucher. En ce début de concert, la plupart du temps, il va introduire divers nappes sur le jeu de Sam. Depuis pas mal de temps, je répète que le Karpienia, il navigue du côté du label Constellations de Godspeed you Black Emperor et autres Silver Mt Zion. Cela n'aura jamais été aussi évident que ce soir avec l'apport de Dick l'Enchanteur.
La complicité est évidente. Un regard, et les instrus se répondent, s'entremêlent. Sam a cette capacité, rare, de laisser la place à l'autre, voire de s'en nourrir. Pour le non musicien que je suis, pas mal de moments semblent reposer sur l'improvisation, l'écoute et l'enrichissement mutuel entre les deux. Et, n'ayons pas peur des mots, de la transcendance que cela apporte à leur musique. Car Karpienia + Dick n'est pas égal à à du Sam avec des nappes ambiant ou indus, ou du Occitanise The Thrill. Nan, c'est autre choses. Au delà, ailleurs.
D'ailleurs d'occitan, il n'en sera pas forcement question ce soir, les mélopées de Sam ne sont pas forcément dans un dialecte autre que l'universelle langue des chamans qui t'ouvrent la porte des rêves. Moment magique quand celle gutturale, torturée et mystique, de Nico rejoint la cérémonie en cours. Toutes les religions s'appuient sur les voix et la musique. L'expression bateau "musique de l'âme" prend ce soir tout son sens. Même quand la violence s'empare de leurs instruments, et que les cordes hurlent. L'héritage indus et new wave de Nico affleurent parfois, soulignant le côté viscéral et obsessionnel ((c) Pinguin Inc) de leurs échanges.
Dommage que l'assistance ait été décimé par la grippe. On a assisté ce soir à une musique en état de grâce (tiens encore une expression à la con qui pourtant me parait évidente). David Guetta, 250.000 euros de cachet, celle de Sam Karpienia et Nicolas Dick n'a pas de prix.
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Critique écrite le 24 février 2013 par Mystic Punk Pinguin
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