Chronique de Concert
Sam Karpienia (vernissage expo Live in Marseille - rétrospective 2012)
Depuis la fermeture du Tournez la Page, c'est sur les murs du Lollipop Music Store que chaque année (cf en 2007, en 2008, en 2009, en 2010, en 2011 et en 2012) Live in Marseille organise une expo rétrospective de l'année précédente pour célébrer, n'en déplaise à ceux qui clament - depuis le canapé devant leur télé - à qui veut bien les entendre qu'il ne se passe rien à Marseille, l'hyperactivité musicale de cette ville qui présente une telle offre de concerts chaque semaine qu'il est dur de faire des choix (personnellement cette année j'ai vu et chroniqué, comme chaque année depuis plus de 10 ans, près de 300 groupes). Cette année, capitale de la culture oblige, sur les murs du Lollipop un focus sur les groupes de PACA. "La Capitale de la Culture faisant un peu trop l'impasse à notre goût sur les artistes locaux, nous rétablissons, modestement, l'équilibre." comme le dit très bien le Pinguin. Et puis comme ça rameute quand même un peu de monde chaque année, Live in Marseille en profite pour faire venir un de ses coups de cur en showcase ...
Ainsi après Blah Blah (chanson réaliste), Ich Bin Dead (punk), Anything Maria (rock), Popo Chanel (hip hop), Méandres (jazz), Monsieur MA & Monsieur GO (chanson synthétique) c'est au tour de Samuel Karpienia en solo. Pas franchement un inconnu, Sam fait en effet partie de ces artistes que l'on suit depuis longtemps... depuis Gacha Empega en fait, puis au sein de Dupain, sous son nom enfin assumé, au sein de divers projets ponctuels en duo (avec Nicolas Dick, avec Ahmad Compaoré, ..) ou plus récemment au sein de Forabandit (bref tout est plus ou moins par là)... autant de projets pour autant de variations franco-occitanes folklo-rock autour de cette voix écorchée au service d'une plume poético-politique.
Et même lorsqu'il se produit en solo, on ne sait pas à quoi s'attendre. Ayant raté ses deux derniers concerts j'ai donc été assez surpris par le côté très instrumental et plein de boucles de son set. Devant un public attentif massé devant lui il attaquera en douceur, construisant la base de ses morceaux à coup de boucles... avant finalement de poser un chant dont on aura bien du mal à dire s'il est en français ou occitan. Surement un peu des deux. Cela m'a fait penser une nouvelle fois à ce passage dans un documentaire sur les troubadours occitans où un bout de concert de Dupain était sous-titré traduit en français. J'avais été bluffé par la puissance et la poésie de ses textes. Du coup maintenant ça me manque un peu en concert, même si l'interprétation est déjà poignante en tant que telle.
Les yeux fermés, les lèvres pincées alors qu'il maltraite les cordes de son luth/oud, ou qu'il bidouille soigneusement les boutons de ses pédales ... il donne l'impression d'être loin sinon en tout cas en pleine méditation. Même dans le cadre très éclairé d'un magasin de disques comme Lollipop il arrive à poser une ambiance qui tire vers la transe par son côté cyclique et crescendo... une fois que tout est construit il peu lâcher son instrument et donner de la voix accompagné de mouvements de main qui trahissent la précision de son chant éraillé. Pas de blagues entre les morceaux cette fois, juste un grand sourire derrière des yeux fatigués à la fin d'un set court mais intense. Merci pour ce beau moment et assurément à très bientôt !
Ce week-end Marseille 2013 capitale de la culture commence en fanfare... j'espère que passé cet onéreux feu d'artifice cela permettra aux touristes attendus, à tous ces rédacteurs de guides touristiques, étudiants, de sortie, et autres marseillais qui ne semblent pas décoller de leurs télés pendant toute l'année de découvrir en marge des événements officiels la richesse de leur ville et plus particulièrement l'existence de tous ces lieux de musique et artistes qui enchantent nos soirées et nos nuits de façon tellement plus humaine que des écrans plats !
Plus de photos par Pirlouiiiit en cliquant ici et pour une visite virtuelle de l'expo par là
Critique écrite le 11 janvier 2013 par Pirlouiiiit
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> Réponse le 11 janvier 2013, par Philippe
Apéro super sympa comme toujours, où pour se venger d'avoir écumé les salles toute l'année, chroniqueurs et photographes de LiveinMarseille ne foutent rien (à part Pirlouiiiit, notre extraterrestre maison) et, trop occupés à blaguer, n'écoutent que d'une petite oreille l'artiste qui se produit... Enfin on a suffisamment suivi l'ami Karpienia sous ses identités multiples pour qu'il ne doute pas de notre fidélité. Et puis une bonne partie des conversations relevaient du debriefing avec tous les artistes qu'on a chroniqués ou shootés, venus très gentiment nous féliciter (ou nous occire) pour nos photos d'eux, et/ou pour nos propos à leur sujet... Au fait, avec cette expo, LiveinMarseille crame la politesse au OFF de 2 jours et au IN, de 3 jours ! A jamais les premiers en 2013 ! ;-) La suite | Réagir
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