Chronique de Concert
Savage Republic
Vétérans de la scène Post Punk californienne apparu au début des 80's et séparés à la fin de cette même décennie, les membres de Savage Republic se sont reformés au début des années 2000. Qualifiée souvent d' " Art Punk Tribal " cette formation de Los Angeles au croisement du post Punk façon Joy Division, de l'Industriel, du Krautrock et du Noise a acquise au fil des ans un statut véritablement culte.
Mais Savage Republic est malheureusement toujours resté confiné dans l'underground sans jamais trouver une audience plus large (à l'inverse, par exemple, des Sonic Youth qui finalement pratiquaient à leurs débuts une musique assez proche avec des influences similaires). Pour leur tournée européenne, ils jouent quelques rares dates en France mais nous gratifie ce soir d'un concert au Poste à Galène. Le froid glacial n'a pas dissuadé les fans hardcore (il y en a) et les curieux (dont je suis) à venir assister à leur prestation mais la salle n'est pas totalement remplie, dommage...
On peut voir au milieu de la scène un bidon de chantier peint en rouge trôner majestueusement, ce qui laisse présager quelques joyeusetés indus, le groupe ayant toujours intégré les percussions métalliques et autres tubes d'acier dans leur musique. Et ça commence d'emblée très fort avec 1938, titre martial au rythme tribal (une des marques de reconnaissance du groupe) à la ligne de basse obsédante et aux paroles scandées comme des slogans.
Un des membres du groupe, Ethan Port, surgit alors du public une paire de maracas à la main. Le ton est donné tout de suite : les gars de Savage Republic jouent avec une puissance rythmique et une intensité qui ne laissent aucun répit à l'auditeur. Les titres plus anciens succèdent aux plus récents comme c'est le cas avec Next to nothing, sur lequel Ethan Port (qui tient aussi sur quelques titres la six cordes) martèle le bidon avec des tiges de métal, Les plus observateurs auront remarqué que le bonhomme porte un tee-shirt marqué du logo d'Einsturzende Neubauten, tandis que le guitariste chanteur Thom Fuhrmann arbore un tatouage du même logo de ce groupe fondateur de la musique industrielle, une façon sans doute de revendiquer leur lien avec ce genre.
Les titres s'enchaînent sans temps mort. Le public est aux anges, les musiciens sont ravis de l'accueil qui leur est fait et une salle de la taille du Poste à Galène semble parfaitement leur convenir. Les membres du quatuor échangent souvent leurs instruments, sauf le batteur Alan Waddington qui fait littéralement corps avec le sien. Son jeu fin et puissant, tout en roulement est finalement très jazz (il me dira d'ailleurs après le concert être très fan de batteurs comme Max Roach ou Elvin Jones).
La musique de Savage Republic est donc bien plus subtile qu'elle ne le paraît de prime abord : les guitares sont à la fois noise et mélodique, les rythmes savants, et les mélodies arabisantes (comme sur So it is written ou Year of exile) toujours habilement intégrées (et à cent lieues des clichés world).
Les musiciens joueront quelques titres instrumentaux un peu plus calmes aux sonorités et aux ambiances post-rock assez proche d'un Godspeed You ! Black Emperor (il faut quand même préciser que les Savage Republic sont considérés comme étant parmi les précurseurs du genre) mais il y a toujours cette tension omniprésente et cette rythmique implacable qui scotche l'auditeur.
Le concert s'achève de manière aussi intense que ce qu'il avait commencé : Alan Waddington entame un puissant solo de batterie (absolument pas pénible comme ça peut être le cas parfois avec les solos de batterie, il faut bien le dire) tandis que les autres membres du groupe frappe frénétiquement sur le bidon fétiche afin de l'accompagner dans cette transe rythmique. Bref, toute l'assistance semble avoir été impressionnée par ce concert des Savage Republic, qui n'ont pas failli à leur réputation d'être explosifs lorsqu'ils se trouvent sur une scène.
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Critique écrite le 16 février 2013 par Phil2guy
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