Chronique de Concert
Scorpions + Electric Ducks
Quand on est déjà allé voir Johnny Hallyday et même Tokio Hotel (ou le contraire) dans cette même salle par simple curiosité, on a déjà subi tant de sarcasmes (en partie mérités...) de la part de l'intelligentsia du rock, qu'on peut très bien aller voir aussi les Scorpions ! Avec une pointe de curiosité, un vague espoir de vibrer et surtout un bon espoir de rigoler, l'on se rend donc ce soir avec un bon camarade voir la tournée d'adieu des mythiques hardrockeurs teutons - tournée d'adieu qui dure, apprendrai-je ensuite de source sûre, depuis 3 ans et demi !
Première partie, devant une salle déjà bien pleine, les Electric Ducks, que je croyais être un tribute band à AC/DC. J'ai déjà vu et revu les originaux mais l'idée d'un ersatz me plaisait bien quand même : je sais que n'importe quel de leurs riffs, bien envoyé, peut déjà me donner du plaisir ! Hélas, ai-je appris de la même source sûre, ce groupe local qui régalait depuis des années un petit cercle de fans dans des bars de la région, à reprendre les australiens chevelus, s'est un jour piqué de composer ses propres chansons et de faire payer les places.
Très, très mauvaise idée les gars. Car le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne brillent pas par leur finesse, ces chansons. Les musiciens non plus, même s'ils sont capables de jouer aussi fort que n'importe quel groupe de hard FM des années 80. Le chanteur paye de sa personne et trimballe son torse nu et sa chevelure abondante en braillant, montrer qu'il est bon batteur aussi, le guitariste paye encore plus cher de sa personne (il finira à poil avec des ailes d'ange !).
...Le show est honnête et manifestement travaillé mais rien n'y fait : ils n'y ont pas de chansons qui marquent, rien qui puisse ressembler à un single qui cartonne, et ne ressemblent plus du tout à leurs idoles. Un programmateur qui passera Back in Black dans l'interlude soulignera cruellement ce fossé. On les a donc déjà à peu près oubliés quand démarre le show à l'américaine des Scorpions (à la mode actuelle : la plus grande surface d'écrans possibles sur la scène !).
Ca part plutôt bien : le public de tous âges est enthousiaste, les membres du groupe sont éminemment sympathiques et souriants : ces braves sexagénaires sans doute à moitié chauves (des couvre-chefs suspects et d'ailleurs chauve, le leader l'était déjà il y a 25 ans !), ils sont heureux, à juste titre, d'être encore sur scène à leur âge et de ne pas être morts dans leur vomi (ou de celui d'un autre) dans les années 80. Je n'ai pas eu particulièrement envie de réviser leur "oeuvre" et j'arrive donc en quasi-touriste, face à leur set-list copieuse.
Mais finalement, pour ce qui concerne la première heure et demi du concert, j'en retiens : juste assez de show pour ne pas s'emmerder... Car les musiciens un peu alourdis par les années, semblent quand même avoir les articulations douloureuses et interpréter leurs chansons proprement mais sans passion excessive, pour certains attifés dans des fringues de djeun's... des années 1983-1984 en République Fédérale d'Allemagne. Les riffs un peu plus puissants qui émergent deci, delà (The Zoo, We burn the Sky) font espérer brièvement des moments un peu plus heavy, mais la voix de canard de leur chanteur les ramène immanquablement à un son hard-FM assez sérieusement daté. Voix qui, par moments, semble un tout petit peu doublée sur les bords (enfin je n'en suis pas sûr). Avouons quand même un petit plaisir sur Send Me An Angel, et des guitares rigolotes : une Gibson Explorer acoustique... fallait oser !
L'un d'entre eux, quand même, affiche encore une belle envie d'en découdre (il faut dire qu'il est bien plus jeune que les autres, avec 50 piges à peine), et fait un tel barouf que c'est un show à lui tout seul : James Kottak, leur batteur tatoué, physiquement mi Mikkey Dee - mi Alain Chabat (si, si). Bien sûr le poum-tchak du hair metal ne nécessite pas de compétences particulièrement extraordinaires. Mais lui y met tant de coeur, y ajoute tant de facéties qu'il en sauve le reste quand il ne se passe rien de notoire ailleurs (la plupart du temps donc !). Comme sa batterie est surélevée (par moments de 5 mètres), on est donc plus souvent le nez en l'air qu'à regarder la scène... A un moment, il fera un show/solo/sketch de dix bonnes minutes sur une projection d'une reconstitution cartoonesque en vidéo de toutes les pochettes du groupe (où il joue également le premier rôle) : plutôt marrant et bien fichu !
Le chanteur Klaus Meine (en français, Claude Mien, ah ça c'est rock !), est lui particulièrement peu charismatique, malgré un discours bien démago comme il se doit ("Marseille rocks !" ah oui mec, mais pas forcément ici et maintenant... "Vive la France !", jawohl kamarade, tu veux pas aller dire à Angela qu'elle arrête de nous embêter alors ?!). Et si le solo déconnant de batterie était drôle, celui de guitare qui suit nous donne juste un haut-le-coeur. Arpèges en mode parkinsoniennes et vibration gratuite de la corde grave. Mais... il enchaîne sur Big City lights qui marque le début de la fin du set, autrement appelé "la partie sympa du concert". Après ce titre bien punchy (et où le son a été monté par quelqu'un), ils saluent (loooonguement) et sortent. Personne n'est dupe évidemment : on est venu pour voir nos tubes du camping de Palavas-les-Flots, nous, pas pour vendre des cravates !
Parce que le rappel, au final, comporte leurs trois plus grands hits et donc (pour les non puristes - mais peut-on vraiment être "puriste des Scorpions" ?) leurs meilleurs... D'abord Still Loving You bien sûr, la scie dégoulinante sur laquelle j'ai, comme tous les jeunes nés dans les années 70, connu mes premiers émois en surboum. Le solo est pour une fois confié au Schenker restant du groupe (pas très technique par ailleurs, un demi-milliard de guitaristes amateurs, moi y compris, savent le jouer !). Rha merde, là le snobisme est impossible : que c'est bon et régressif ! Presque aussi plaisante (avec des images de la chute du Mur en 1989), The Wind of Change : plus grand tube du groupe, seul et unique titre reconnu par mon accompagnant ! Mais avec une orchestration un peu chelou, genre pop. Bon... dernier hit en date, et de 1990 : il est peut-être temps d'arrêter les frais, ou bien ?
Et bien sûr pour finir, Rock You Like a Hurricane, riff le plus jouissif du groupe (enfin c'est pas tout à fait Ace of Spades ou Let There Be Rock non plus, hein !) : on se surprend quand même à headbanguer comme de joyeux crétins boutonneux sorti de la série Les Années Collège, contemporaine du titre (1984...) Au final, allez, on a vibré environ 10 minutes de temps cumulé, on a bien senti le reste passer - mais pas souffert le martyre non plus (grace au batteur surtout). Et le groupe, à l'issue d'un concert généreux par la durée (plus que par l'engagement physique), a relevé ses compteurs et remercié son tourneur Gérard Drouot pour contribuer à lui payer ses futures piscines en forme de guitare à L.A... Bref, on a vu les Scorpions. Bonne chose de faite.
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Critique écrite le 02 décembre 2012 par Philippe
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> Réponse le 03 décembre 2012, par Gandalf
Bon. Les Scorpions ils font une tournée d'adieu de trois ans. Soit. Ils changent peu leur setlist, soit. Ils remplissent aux trois quarts le Dome. Tres bien pour un groupe de hard. Apparement les gens "lambdas" etaient contents pour la plupart. Tres bien pour eux. Mais pour le fan (pas ultime mais fan quand meme) de Scorpions que je suis: qu'est ce que je me suis fait chier !!! Le plus decevant de tous les lives que j'ai pu voir d'eux, une premiere heure creuse, avec des titres dispensables à part "We'll burn the sky" et "Raised on rock", un solo de batterie de 10 minutes dont 5 minutes sans taper sur les futs (!), un "Blackout" qui bouge enfin, hop on croit qu'on est reparti... Mais c'est pour mieux se taper un solo de gratte ridicule dans la foulée, avoir un "Big city nights"... La suite | Réagir
> Réponse le 04 décembre 2012, par dOMAS
Mais quel commentaire de merde : pauvre type ... c'est ça ton talent à toi tes pseudos-critiques de débile ? F........f (NdPh : a qui s'adresse ce commentaire ... vivifiant ?) Réagir
> Réponse le 04 décembre 2012, par Gandalf
Aaaaah en voilà une critique constructive comme je les aime ! Pleine d'arguments, de détails sur les chansons jouées, l'ambiance, le son, la forme du groupe tout ça tout ça... Plus sérieusement, j'avoue que ce n'est pas ma critique la plus détaillée non plus, mais ça ne méritait pas plus ce soir là. Si tu veux, cher amateur de musique cultivé, tu peux aller voir mon compte rendu de ce même groupe il y a un an à Toulon, il devrait mieux te convenir. Je peux aussi t'envoyer mes reviews de l'Olympia 2005, ou celui du fabuleux show allemand à Wacken en 2006 (3h de bonheur avec plein de vieux titres dont je suis sur qu'ils te manquaient tant vendredi, o grand fan ultime), ou celui du Arrow Rock 2008, etc etc.... Bref tous ces bons concerts où tu étais aussi, je n'en doute pas un seul... La suite | Réagir
Electric Ducks : les dernières chroniques concerts
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Les Electric Ducks sont maintenant des stars ! Ben oui ils ont sorti un album et font payer l'entrée maintenant, pffff ! ;)
Ce groupe, qui a débuté en tant que Tribute band à AC/DC, je le voyais en allant dans les pubs y a deux ans, genre le O'Bells à Plan de Campagne. Et ils étaient bluffant avec leur deux heures de covers d'AC/DC ! Pas seulement... La suite
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