Chronique de Concert
Sébastien Tellier
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand 7 septembre 2021
Critique écrite le 22 septembre 2021 par Pierre Andrieu
Malgré un dernier album ("Domesticated") que l'on qualifiera d'assez anecdotique, Sébastien Tellier donne toujours des concerts qui interpellent au plus haut point les fans énamourés de son mélange maison entre Christophe (pas Willem, hein !), Daft Punk, Serge Gainsbourg et "touche française", sa prestation à La Coopérative de mai l'a une fois de plus prouvé.
Pas mal de monde dans la grande salle (en version réduite toutefois) pour assister au retour de celui qui nous avait bien fait marrer (et tripper) en 2008 dans le club. Et si l'homme s'est un peu empâté - il arbore d'ailleurs une sorte de blouson en strass assez ample (et moche) pour le dissimuler -, on peut aisément retrouver son personnage de dandy décadent ultra doué pour trousser des morceaux aussi borderline que touchants. Outre celles de fumer comme un pompier et d'enchaîner les verres de vin rouge, il a toujours cette manie de cacher son regard derrière ses énormes lunettes de soleil (en 2008, il les avait même gardées lors d'une interview réalisée après le concert pour Radio Campus Clermont), ce qui le fait de plus en plus ressembler à un troisième membre fantôme des défunts Daft Punk. Car, en plus, il ajoute à sa panoplie une énorme casquette clinquante siglée " ST ", tout en dansant parfois de manière robotique comme un ours bourré, ce qui rappelle des clips de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo. Voilà, c'est fini pour le point fashion week...
Dès le début de son set, Tellier attaque par deux de ses titres emblématiques, deux extraits de son très bon album électro pop "Sexuality", les magistraux, dansants et planants "Sexual Sportswear" et "Fingers of Steel". Bien calé derrière ses claviers et admirablement aidé par son groupe (deux autres claviers multi-instrumentistes et un batteur), l'énigmatique et mutique, pour le moment, musicien rappelle à ceux qui ne retiennent que ses sorties médiatiques façon pitre qu'il est un compositeur hors pair, un pianiste doué et un artiste sachant créer des ambiances ultra prenantes. Après un petit discours introductif bien gratiné ("Ici, au cur de la Terre, nous jouons au petit jeu du plaisir... Alors... bisous !"), celui qui semble oublier son dernier album parlant de... taches ménagères, enchaîne avec l'incroyable "Ricky l'adolescent", au texte aussi surréaliste que débile mais à la musique évoquant joliment un film de boules mâtiné de blaxploitation, puis avec "L'amour naissant" subtil mélange entre Gainsbourg (ce piano élégiaque... ) et Christophe (texte barré chanté haut).
Le premier titre de "Domesticated" joué lors de cette soirée s'intitule "Stuck in a Summer Love", c'est une sorte de ballade électronique au piano avec synthés Daft Punk et voix vocoderisée et/ou autotunée : surprenant, un peu sirupeux et à écouter uniquement en concert, comme le deuxième nouveau titre joué en fin de show, le dispensable "Domestic Tasks"... Puisqu'on parle de live ici, il faut mentionner que le son est très bon et ne dépasse quasiment jamais les 100db, avec beaucoup de passages à 90db, ce qui déçoit un peu ceux qui veulent se faire défoncer les cages à miel. Mais réjouit ceux qui ont les oreilles sensibles... Qui peuvent ainsi apprécier à leur juste valeur la déferlante de tubes qui s'apprête à s'abattre sur La Coopé : le très funky et très Cerronesque "Cochon ville", les sexy "Kilometer" (servi avec éclairage flashy et solo de guitare) et "Roche" ("Je rêve de Biarritz en été"... Heu, nous aussi !), et, last but not least, les totalement géniaux et déjà cultes "La ritournelle" (sur lequel le batteur tutoie le grand Tony Allen) et "L'amour et la violence". Commentaire du maestro à la fin de cette dernière : "Voilà, c'est une chanson que j'aime jouer... devant les gens."
Devant tant de beauté, on en oublierait presque la longue pause clope avec discours moyennement drôle (le stand up, ce sera pour plus tard) et les paroles dignes du Club Dorothée de "Comment revoir Oursinet ?". Ce que l'on retient plutôt, outre les imparables hits cités à l'instant, c'est le final en majesté sur un joli clin d'il à Mr. Oizo via le très technoide titre "Stunt", puis un salut confraternel au regretté Christophe, avec "La Dolce Vita" en deuxième et dernier rappel. Conclusion idéale pour une soirée french touch de fort bon aloi. Voilà, bisous.
Photos : Yann Cabello www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...
Critique écrite le 22 septembre 2021 par Pierre Andrieu
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