Chronique de Concert
La Secte du Futur + Night Beats (Festival B-Side)
Dernière chance pour cette année d'assister au copieux festival B-Side : comme son nom l'indique, le festival se concentre sur des groupes moins connus mais parfois/souvent aussi intéressants que les stars de la A-Side, et il est en outre organisé par des activistes vaillantEs, les déjà historiques In the Garage ! Pas pu venir les autres soirs (j'ai même raté l'inratable Cheveu/Feeling of Love, j'en rougis de honte), alors là on se sort les doigts !
Une Machine à Coudre agréablement peuplée (sans être bondée ni vide, quoi) attend en effet deux groupes de rock psyché et bruyant. Ca va décrasser ! Premiers du soir, La Secte du Futur, qui part avec un excellent a priori (en plus d'un nom super, contiendrait des ex-Dolipranes et des ex-Catholic Spray !). A 5 sur scène donc une fille, ils me font d'abord penser à JC Satàn avec une touche de surf en plus : celle-ci est dûe à un bel orgue Moog, à l'honneur dans le mix. Pas un brin de mysticisme (ou alors dans les paroles ?) mais des intentions mélodiques clairement perceptibles (et souvent inspirées), des voix reverbées en duo sympa. Pas de looks très marqués à l'exception du batteur qui propose un riche combo moustache-rouflaquette-short bariolé : la plupart des groupes psyché qui cartonnent actuellement misent assez peu sur leur look...
Le son qui oscille de folk ou pop tendance surf, à psychédélique noise, est saturé mais pas douloureux, ça sonne bien même si les voix ne sont pas toujours très assurées ni très mises en avant. Autrement dit on tend souvent l'oreille pour essayer de les distinguer. Un peu flippés, ou un peu introvertis (ou fatigués ?), les membres du groupe font leur truc sans trop nous calculer, la fille semble même un peu se cacher derrière ses cheveux... Mais l'effet de la musique marquée 60's finit par fonctionner sur le public, un peu amorphe en début de soirée, en alternant passages lents, balades comme sous acide et cavalcades garage trippantes. Le groupe qui a certainement encore une marge de progression, finit néanmoins par remporter la victoire aux points, particulièrement grâce à la qualité de ses compositions. A revoir à l'occasion !
Le concert étant situé entre deux grosses journées pour moi, je voulais initialement fuir mais outre les bons copains toujours nombreux dans ce type de concerts (ce qui appelle nécessairement à en boire encore une), les Night Beats (from Seattle) ont ce soir un petit truc scénique qui va nous rendre tous dingues, enfin moi en tout cas : ils jouent dans le noir ! Fait exprès (cf leur nom) ou pas ? M'en fous, je veux pas le savoir ! Car leur musique qui ne serait "que" du rock garage psyché plaisant mais quand même assez référencé (mettons entre les Sonics et 13th Floor Elevator - ils ont déjà ouvert pour Roky Erickson d'ailleurs), en devient tout à fait fascinante, dans la touffeur d'une salle à 120 % d'humidité et 45 °C de température : une vraie expérience sensorielle !
Par la suite, le groupe se diversifie : passage ballade soul presque a capella (le chanteur a une belle voix et il est bon guitariste en plus), trips garage furax, ambiances maladives par moments (on pense aussi aux Amazing Snakeheads), mais surtout de grosses chambres d'échos et de la guitare twang furibarde a gogo. Dans cet enfer tropical, le public finit par faire la seule chose censée : danser ! Dommage, quand la porte des chiottes s'ouvre, on aperçoit un peu le chanteur... Je préfère ne pas essayer de le distinguer et m'interdis une photo au flash, qui gacherait tout l'effet de ce soir et serait une honte intersidérale ! Un spot latéral sur un ampli et une LED rouge sur la guitare seront donc le seul horizon de tout le concert, et c'est très bien comme ça.
Quand les trois Night Beats sortent après un set vibrant (fini par un rappel d'un titre rejoué), et dans l'ensemble assez jouissif, j'ai l'impression qu'ils ont tenu moins de 30 minutes, alors qu'ils en auraient fait plus de 45 ! Décidément l'effet "noir" est plein de surprises... Pas de set-list à récupérer non plus, évidemment, crétin que je suis, personne n'aurait pu la lire. Bref, le noir si c'est fait exprès c'est une idée mortelle, ça fonctionne du tonnerre. Si c'était un accident, faudrait y réfléchir... Merci en tout cas à In The Garage / B Side Festival #7 pour ce super concert, conclu autour d'un rafraichissement en s'éventant avec leur beau vinyle en vente à la sortie.
PS 1 : Quoi comment ça mes photos sont horribles ? ici pour moi c'est déjà impossible avec des lights, alors dans le noir...
PS 2 : oui je sais y'avait un DJ aussi, et alors, c'était bien ?
PS 3 : une vidéo "un peu sombre" de Night Beats ici !
Critique écrite le 13 juin 2014 par Philippe
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