Interview de Selim alias Joseph Chédid à propos de l'album Maison Rock
Brun, grand, sensible, rockeur, amoureux, gentleman, artiste, éclectique, bosseur, père, musicien, compositeur, auteur, interprète. Si son identité est multiple et marquée par sa culture, ses envies et sa famille, Selim est surtout libre. Libre d'inventer, de créer, de jouer, d'être. Pour son premier album, "Maison rock", tiré modestement à 500 exemplaires, Selim a dessiné toutes les pochettes à la main. Talentueux et touche à tout, il nous livre, en plein préparatifs de son deuxième album, les secrets du premier.
Quelle est l'histoire de "Maison rock" ?
"Maison Rock" a eu plusieurs sorties. La première fois en 2014, en version "Pirate" où j'avais dessiné les 500 exemplaires à la main. Je les ai tous numérotés. Puis je l'ai réédité en 2015, avec pour photo de pochette d'album, une image issue de l'un des clips, "Paranoïa" réalisé par ma soeur, Emilie.
Combien de temps as-tu pris pour écrire cet album ?
Les premiers albums, tu les écris un peu toute ta vie avant de les sortir. Certains titres datent d'il y a huit ans. Je crois que cet opus est une photographie dans le temps de ma vingtaine. Cette période de doutes, d'envies, d'ouvertures, d'émancipation, de découvertes, de désillusion aussi avec une folle envie d'une vision positive de demain. C'est ce qui m'anime je crois.
De quelle façon cette vision des choses motive tes projets ?
L'optimisme fait avancer. C'est ce qui nous pousse vers l'avant, ce qui motive nos actions. Je veux que ma musique soit empreinte de ça. Je sais que ça peut paraître un peu utopiste mais je crois en cette énergie. Qu'on peut aller au delà de nos a priori. C'est cela l'enjeu.
Pourquoi avoir choisi "Selim" comme nom de scène ?
J'aurais pu prendre Joseph parce que je suis vraiment moi-même sur scène mais dans "Selim", il y a aussi l'univers que l'on s'est créé avec les gens avec qui je travaille et j'avais envie de mettre cela en avant. Selim est aussi mon deuxième prénom. Il est en plus, aujourd'hui, le nom d'un projet que je porte.
Parle-nous de quelques titres marquants de l'album...
"Paranoïa"
C'est une chanson que j'ai écrite vers mes 21 ans. J'étais dans un grand moment de tristesse parce que je vivais une histoire d'amour douloureuse. Je me sentais seul au milieu du monde. C'était une manière de dire "je ne suis pas que joyeux", d'exprimer que l'on ne peut pas toujours faire bonne figure à tout prix et en tout temps.
"Les sirènes"
Je l'ai écrite avec ma compagne. (Chat ndlr). C'était à l'époque de Sarkozy, on habitait dans le Xème. Des voitures de flics non balisées passaient souvent, un peu camouflées. Je n'en avais jamais vu autant avant. "Les voitures de flics suivent les âmes passantes, scrutent les arrêts des gens, je n'entends plus les sirènes." C'est un morceau qui parle de la liberté et aussi de la mort de la vie privée. Toute cette surveillance, cette méfiance m'ont inspiré une scène de film un peu fantastique, hors du temps et des codes. Je voulais reproduire ce sentiment de tension avec cette trame cinématographique. Globalement, le thème qui s'y rapporte est cette nostalgie des choses simples à une époque où nous étions plus connectés à la terre et où il y avait moins de méfiance.
Peux tu évoquer ces deux chansons : "Comme des chats" et "Marianne" ?
"Comme des chats", c'était un poème que j'avais écris à ma compagne au début de notre relation. J'ai fini par le mettre en musique. C'était au départ un morceau très doux. Puis il est devenu très rock. J'aime bien ce côté "à fond" parce que c'est aussi cela l'amour parfois : la passion et la folie. La phrase que je préfère dans la chanson est : "sauvage et seule c'est la crise on existe". Lorsque tu rencontres l'amour, tu ne fais plus qu'un avec ton autre. Cette strophe dit qu'en même temps c'est aussi savoir que l'on existera toujours l'un sans l'autre. C'est une manière de dire que l'on reste indépendants malgré notre dépendance.
"Marianne"
C'est une chanson pour ma mère. Elle a toujours été très présente.
Elle m'a beaucoup porté, soutenu affectivement et artistiquement.
C'était très important pour moi de lui rendre hommage et de la remercier pour toute la confiance qu'elle a en moi, qu'elle m'a donnée. Pour tout son amour.
Au-delà de son style, comment définirais-tu ce premier album ?
C'est un album bilan, mon point d'ancrage. J'ai mis les 29 ans de ma vie dans cet album. Il est un point de départ pour avancer. Il me fait dire que c'est bon, j'y suis. Je peux continuer. J'irais au bout de qui je veux être, de ce que je veux faire.
www.facebook.com/josephchedidmusic/
www.maisonrock.com
Interview réalisée le 03 novembre 2016 par Lily Rosana
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