Chronique de Concert
Shame
C'est sur la foi de la video d'un extrait d'une prestation live volcanique sur Youtube et de plusieurs chroniques issues de ce site vantant les mérites de ce tout jeune groupe venu de Brixton après des concerts à la Maroquinerie et dans quelques festivals, que j'avais investi, il y a quelques mois, dans un billet pour aller vérifier si les prestations de Shame tenaient bien toutes leurs promesses. Entretemps, j'avais pu me pencher sur leur premier album, "Songs of praise", qui ne m'emballa guère... J'y trouvais, malgré une belle énergie et quelques promesses, tous les défauts d'un premier album : fouillis, production approximative, manque d'équilibre, pas de tube évident... L'annonce d'un concert de New Model Army, l'un de mes groupes de scène préférés et que je suis depuis plus de 25 ans, le 14 décembre faillit me convaincre de renoncer à ce concert de Shame à l'Elysée Montmartre. Bien mal m'en aurait pris...
La première des bonnes surprises de la soirée fut de rentrer dans un Elysée Montmartre bourré à craquer alors que je m'attendais, comme pour nombre de concerts de jeunes groupes vus dans cette même enceinte, à une affluence bien plus modeste. De plus, le public, malgré la présence d'une poignée de trentenaires et de quarantenaires grisonnants typique du public rock des années années 2010, est très majoritairement composé de jeunes, particulièrement motivés et enthousiastes. Les lumières s'éteignent, les musiciens du groupe rentrent sur scène et attaquent d'emblée avec une énergie contagieuse de bons vieux riffs de guitares punk. Une clameur s'élève du public quand une poignée de secondes plus tard, Charlie Steen, le frontman du groupe, entre en scène vêtu d'une combinaison de garagiste. Petit, blond un poil peroxydé, il ne ressemble à rien si ce n'est un jeune branleur bristish de 20 ans. Pourtant, en moins d'une minute, l'affaire est entendue. Il dégage une présence et une énergie sur scène comme on en voit peu. Il saute partout, avec une gestuelle saccadée qui emporte directement le public, dans lequel il se jette dès la première chanson.
Sa voix grave est tout bonnement phénoménale. Elle donne une sacrée personnalité à un punk rock somme toute assez classique. Dès qu'il hurle, il sonne comme un hooligan qui dégueulerait des jets de gravier, un peu à la manière du chanteur des Ruts sur "Babylone's burning". Les 3 premiers titres "Dust on trial", "Concrete" et "Human for a minute" font monter direct une pression qui ne descendra jamais. Le public est emporté. Devant, ça slamme et ça pogote ferme. On a clairement affaire à un vrai groupe de scène car, derrière, les musiciens, et le bassiste particulièrement, sautent dans tous les sens tout en faisant monter la pression et l'intensité quand il le faut dans une osmose totale et totalement contagieuse. Tous les morceaux sont courts et intenses et ne dépassent jamais les trois ou quatre minutes, s'enchainant, en plus, sans le moindre temps mort. S'ils n'ont rien inventé musicalement, ils jouent avec une telle générosité qu'ils s'imposent à mes yeux comme l'un des tous meilleurs groupes de scène apparus ces 15 dernières années.
Indiscutablement le groupe est en pleine ascension, porté par une vague qui peut les installer comme l'un des groupes anglais majeurs de la décennie à venir. Il leur faudra pour cela un deuxième album un peu plus mature, mais au vu des quelques chansons inédites chantées ce soir, il semble que ce soit le chemin emprunté. Shame n'est donc pas à l'abri d'un ou de plusieurs tubes mondiaux qui lui permettraient de conquérir le grand public et de devenir rapidement l'une des principales têtes d'affiche des festivals de l'été. Avec un seul album et trois inédits, le concert touche à sa fin en près d'une heure. On se délectera de "The Lick" et de l'excellent "Gold Hole" qui verra Charlie Steen, porté en triomphe par le public, finir son morceau dans une apothéose bien rock and roll. Ils reviendront pour un court rappel en reprenant notamment une chanson de Noël gonflée aux hormones avant de quitter la scène en promettant de revenir vite. Au vu du spectacle proposé, on a hâte !
Une interview du groupe Shame à propos de l'album Songs Of Praise est à lire ici...
Liens : www.facebook.com/shamebanduk, twitter.com/shamebanduk, shame.world, www.instagram.com/shame...
Photos : Cédric Oberlin www.facebook.com/cedoberlin www.instagram.com/cedoberlin
Critique écrite le 17 décembre 2018 par lol
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