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Chronique de Concert

Sigur Ros

Auditorium de Lyon 24 février 2003

Critique écrite le par

Tout commence - déjà - à l'extérieur de cette enceinte impressionnante: l'Auditorium. Une façade toute de bleu éclairée. Un cadre un peu magique, pour un groupe magique.


Première partie poussive : Sylvain Chauveau. 3-4 morceaux au piano... c'est lent, long, minimaliste à l'extrême. Mais au 5ème morceau, le monsieur se lève, prend sa guitare électrique et son archet de violon (tiens donc, comme les gars de Sigur), lance l'instru, puis là on se rend compte qu'il est fort... Il conclue sa prestation sur ce morceau "guitare & archet" de près de 10 minutes : répétitif, obsédant, absorbant, avec une instru rythmée et néanmoins méditative.

Pas loin de 30 minutes d'entracte et de préparation de la scène pour les islandais de Sigur Ros. L'éclairage de la salle s'éteint et les spots violets illuminent la scène, alors que le groupe prend directement ses marques.

Pas un "hello", niet: ils s'installent et s'apprêtent à jouer. Au fond de la scène, 4 demoiselles prennent place avec chacune un violon (en fait, 3 violons et 1 violoncelle). Sur la toile de fond, une image d'un bébé en plein sommeil est projetée - elle rappelle la pochette du premier album "Von". Puis les premières notes sont jouées et raisonnent dans l'Auditorium. Et ça commence fort, très fort. Vaka (1er titre du dernier album). Après quelques minutes d'instru envoûtante et mélancolique, la voix androgyne de Jonsi s'élève, envahit la salle et envahit les âmes. Le son est pur, la voix est pure. La chair de poule, inévitablement. Même l'Auditorium semble l'avoir : les murs tremblent d'émotions (non, ce n'était pas les décibels). Le piano, chaque variations de voix du chanteur, le quatuor à cordes du fond: autant de micro-séismes électrisants...

Après cette mise en bouche plus que réussie, un titre complètement inédit. J'ai eu beau rejouer leurs 3 albums dans ma tête, avec mes amis (eux aussi fans), on n'avait jamais entendu "ça". "ça", c'est un morceau inconnu, mais qui va loin, très loin au-delà de ce que l'on a pu connaître dans ce qui avait été fait précédemment : entre volcans et glace, des élans lyriques qui se répandent à l'infini, alternés avec une mélodie calme et contemplative. Le tout sur un jeu de lumière vert et bleu... En harmonie parfaite avec l'intensité de chaque passage dudit morceau. Difficile d'en parler... Ca relève de l'expérience "humaine", plus que musicale.

3ème titre, "Samskeytti" (3ème piste du dernier album) où la précision d'orfèvre de chaque musicien est bluffante... Notamment sur les rythmiques au xylophone: éblouissant. Incroyable jeu de lumière également, avec deux "boules de verre" suspendues au-dessus de la scène, éclairée par le bas, et projetant dans la salle des milliers d'étoiles dans un mouvement rotatif scotchant.

Le groupe emboîte avec (de mémoire) le 6ème titre de leur dernier album. Pas vraiment le meilleur. Alors qu'un Njosnavellin aurait été le bienvenu (piste n°4 du dernier album) : ce sera le seul regret de la soirée dans la setlist. E-Bow part donc et la version "live" reste exaltante. J'ai redécouvert ce titre...

Comme enchaînement, les titres 5 et 6 de ce concert à l'Auditorium m'auront marqué. Deux autres titres inédits, tous les deux magnifiques, faisant oublier la noirceur lancinante d'E-Bow. Comme un retour aux sources, à un Agaetis Byrjun plus lumineux. Deux interprétations rares, dont je ne garde plus vraiment de souvenirs mélodiques, mais je sais juste que j'étais bouche-bée... et un peu dans une autre dimension.

Un retour aux sources qui se confirme dans les deux morceaux suivants. Les islandais reviennent à l'interprétation de l'album "Agaetis Byrjun". D'abord avec le somptueux Olsen Olsen (8ème titre), où la voix de Jonsi accompagnée principalement de la batterie d'Orri, met tout le monde d'accord. Puis avec l'Envolée lyrique et majestueuse de cet opus : Vidrar Vel Til Loftarasa (7ème titre)... en version live. Ce qui n'a rien à voir. J'ai failli manger mon siège tellement le live de ce morceau est tout simplement "fou" et démentiel.

Derrière cette démonstration de force poétique... l'éclairage rougit beaucoup... et il commence à faire chaud : on ressent la fournaise des volcans. Et des sortes de castagnettes (?? Je suis incapable de dire ce que c'était) commencent à s'emballer dans un rythme effréné. C'est un nouvel inédit, nerveux, sans faire dans la saturation. Léger et féroce.
Après la tempête, le calme... un nouveau titre exclusif. Principalement de l'instru... la voix de Jonsi raisonne avec parcimonie, mais elle psalmodie toujours ce langage inconnu. Alors que la troupe s'efface progressivement, seul kjarri reste. Les 4 musiciennes du fond s'éclipsent également... mais la musique continue. Kjarri s'efface aussi... puis peu à peu, la scène se vide, la musique prend fin.

Jonsi revient... le reste du groupe aussi. Il souffle quelques mots d'Islandais à ses compagnons qui s'installent. L'éclairage devient bleu et très lumineux. C'est Staralfùr : le 3ème titre d'Agaetis Byrjun. L'un des plus beaux. En live, il prend tout son sens... La magie ré-opère. Un peu d'amertume, car on devine la fin du concert proche. Une amertume grandissante servie par cette interprétation, où - du coup - chaque note compte. Où - du coup - la mélodie prend une dimension de plus en plus magique.

Et le final... Hjartad Hammast. 6ème titre d'Agaetis Byrjun. Sombre, très sombre. Peut-être trop pour finir sur une telle note... La fin du morceau, justement, est jouée de manière inédite. La nervosité est à son paroxysme, saturation de guitares, le batteur Orri est déchaîné, la voix de Jonsi fend l'air et l'espace, les archets s'emballent, les murs tremblent... Et la musique s'éteint brutalement faisant place à un nouveau tonnerre... d'applaudissement cette fois. Avec une telle clôture, le parallèle est inévitable : ce concert de Sigur Ros était de l'ordre de l'orgasmique.

La salle est debout, ovationne. Toute la troupe Sigur Ros s'efface, puis revient rapidement. Elle s'aligne devant nous et se penche (se prosterne presque) à la manière d'une troupe de théâtre. Sur l'écran du fond, on peut lire "Takk" ("merci" en Islandais ?). C'est à nous de les remercier... la salle ne peut plus s'arrêter de le faire... Les applaudissements ne cesseront pas, même quand le groupe s'efface une nouvelle fois. Ils reviendront encore deux fois pour nous saluer de la même manière. Devant nous, ils restent penchés, les mains jointes. Comme une prière... Ce n'est pas étonnant qu'ils aient la Foi... en leur public et en leur musique : ils sont touchés par la Grâce, inspirés par les anges.

Difficile de les quitter... de quitter ces lieux... avec mes amis, on n'est pas sorti d'une salle de concert mais bel et bien d'une autre planète.


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Setlist (de mémoire) :


01) Vaka - () (track 1)
02) - - Next Album
03) Samsketti - () (track 3)
04) E-Bow - () (track 6)
05) - - Next Album
06) - - Next Album
07) Olsen Olsen - Agaetis Byrjun (track 8)
08) Vidrar (...) - Agaetis Byrjun (track 7)
09) - - Next Album
10) - - Next Album
11) Staralfùr - Agaetis Byrjun (track 3)
12) Hjartad Hammast - Agaetis Byrjun (track 6)
+ chute inédite

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A vivre, et même à revivre... ça va au-delà d'un simple concert.

 Critique écrite le 01 mars 2003 par iraf


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