Accueil Chronique de concert Sixtyniners + H-Burns + La Maison Tellier + Mark Olson
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Chronique de Concert

Sixtyniners + H-Burns + La Maison Tellier + Mark Olson

Sixtyniners + H-Burns + La Maison Tellier + Mark Olson en concert

Festival Goud'acoustic 2010 3 Juillet 2010

Critique écrite le par

COUNTRY SIDE & SMILE

Aller au Festival Goud'Acoustic est une aventure. Cette aventure peut être météorologique comme il y a deux ans, quand un orage avait transformé une soirée de festival annulée en moment magique et inoubliable. Elle peut être champêtre et donner envie de revenir à Goudargues de jour pour goûter à la fraicheur de la Cèze et à la douceur du village. Aller à Goudargues est dans tous les cas une aventure épique, puisque ce village niché dans la vallée de la Cèze est perdu au fin fond du Gard Provençal. Mais aller au Festival Goud'Acoustic est à coup sûr une aventure dans laquelle musique et chaleur humaine se rejoignent.

Contrairement à la torpeur à laquelle on pourrait s'attendre (du fait de l'isolement et de la chaleur), ce qui marque quand on arrive à Goudargues en fin d'après-midi ce 3 Juillet, c'est la vie et la douceur qui y règnent. Inversement à ce à quoi on pourrait également s'attendre en arrivant dans un "petit" festival perdu dans la campagne, la première impression qu'on a en entrant sur le lieu est le professionnalisme de l'organisation. Ce professionnalisme pourrait presque tout gâcher si il n'était accompagné par les sourires, la gentillesse et la décontraction de tous les organisateurs et bénévoles de ce festival. Ce bien-être est tellement communicatif que même les membres du service d'ordre, souriant, paraissent sympathiques (chose que je ne pensais plus jamais dire ou écrire au retour d'un concert !!!). Bref aller à Goud'Acoustic, c'est avoir l'assurance d'une aventure
humaine heureuse ! Pour finir avec les détails "annexes", et avant d'oublier, je tiens à souligner la qualité du son (et la diligence des équipes qui s'occupent des changements de scène entre les quatre groupes qui ont joué ce soir là)... Et puisqu'on n'est pas là que pour la musique, il faut aussi que je mentionne la délicieuse paëlla, servie également avec le sourire !!!

Bref... Revenons à nos moutons... Car question musique, l'affiche était aussi plutôt alléchante avec H-Burns, La Maison Tellier et surtout le mythique et trop rare Mark Olson (ex Jayhawks).

ORANJE



Le début de la soirée est assurée par The Sixtyniners, un groupe totalement inconnu à mes oreilles. D'où je fini ma paëlla, c'est-à-dire de trop loin, ce groupe sonne beaucoup trop country pour moi (c'est le moment où je me souviens que je suis dans un festival dédié à l'Americana et qu'on est pas à l'abris d'une country avec violon et danseurs folkloriques)... Je prends sur moi, je me rapproche, et m'assois juste devant la scène. Le batteur est en fait une batteuse, le chanteur est un solide gaillard, le bassiste est un contrebassiste, les trois sont hyper tatoués, bataves et aussi souriant que nos hôtes (ça doit être contagieux) ! Une fois dans l'ambiance du public de devant, le côté country ne me gène plus du tout, le plaisir que prennent les membres de The Sixtyniners à jouer est communicatif, et les rythmes se fond de plus en plus endiablés. Une chanson chantée par Claudia Hek (la batteuse) fini de me mettre dans l'ambiance de ce folk gras du sud de la Louisiane, ou plutôt de celui de l'extrême nord des Pays-Bas. Le ton est de plus en plus rock, et les Sixtyniners finissent par l'emporter. Même si ils ne gagnent pas la coupe du monde, 2010 sera assurément l'année de l'Oranje !



HALF A MAN / HALF A
FREAK


Le second concert est celui de H-Burns, découvert en live ici même il y a deux ans, dans la salle des fêtes de Goudargues, juste derrière la scène du Festival, alors que le prés dans lequel je pose mes fesses était transformé en lac artificiel... Ceux qui avaient affronté l'orage à l'époque avaient eu la joie de voir H-Burns et les autres groupe de l'édition 2008 du festival (dont un certain Zak Laughed) jouer "comme à la maison" leurs chansons, et/ou des reprises mémorables. Mais ce soir de juillet 2010, les dieux de la météo sont avec nous, et H-Burns joue sur la scène, devant un public de plus en plus abondant à mesure que la soirée avance. Après un départ difficile sur les deux premières chansons (apparemment dû à des problèmes techniques de retour sur scène), Renaud Brustlein (chant et guitare), Antoine Pinet (guitare et basse) et Patrice Coeytaux (batterie) se lâchent et nous offrent leur folk sombre et déjanté.



Le ton monte, la voix de Renaud s'envole, et ses deux acolytes l'accompagnent de la façon la plus impeccable possible. Une batterie carré, des guitares virtuoses, et une basse qui semble venu de nulle part... Il faut dire qu'il n'y a pas de bassiste, et que du coup, ce son de basse paraît bien étrange. L'explication viendra d'une discussion post concert avec le groupe : non content de jouer de la guitare et de faire les cœurs, Antoine Pinet joue (en même temps) d'une pédale/synthé dédié à la basse (une sorte de clavier à pied, quoi !). L'ensemble est beaucoup plus rock que la dernière fois que je les ai vus. Le fait que Renaud joue principalement de la guitare électrique (en lieu et place de son acoustique) est certainement lié, et certains titres me font penser aux Feelies période Time for a Witness (sur Fires in Empty Building en particulier) ou à un Richard Buckner qui aurait bouffé du lion ! Le set s'arrête (à mon goût) trop vite (comme à chaque fois que je vois H-Burns)...


THE TELLIER
HOUSE


Pour le troisième groupe de la soirée, La Maison Tellier, j'arrive avec un a priori mitigé : leur dernier album me laisse avec d'étranges sentiments partagés. Les chansons de L'art de la fugue me touchent de façon très inégales. La voix d'Helmut Tellier me rappelle toujours trop celle de Bertrand Cantat sur les chanson en français... Le style des chansons et la présence quasi permanente des cuivres me fait penser à Calexico... Deux excellents références, certes, mais j'ai parfois envie d'écouter les originaux plutôt que de remettre le disque de La Maison Tellier... Malgré tout ça, je n'ai jamais entendu que du bien de ce groupe en concert, alors oublions ces banalités (certainement écrites des centaines de fois à propos d'eux), et voyons ce que ça donne en live !



Les cinq Tellier s'installent sur scène et entament avec une chanson quasi a capella, puis font petit à petit monter la sauce. Le début du concert ranime les doutes qui m'assaillent à l'écoute de leurs albums... Alternance entre de belles chansons qui me rappellent trop d'autres groupes, et d'autres qui sont potentiellement des hits irréprochable.



Mais l'énergie qu'ils dégagent ainsi que leur attitude, et les mots d'Helmut Tellier entre ces chansons, prennent peu à peu le dessus, effacent les doutes, et me font comprendre pourquoi ils ne laissent pas indifférents ceux qui les voient en concert. Et puis La Maison Tellier a vraiment d'excellentes chansons (Babouin / Five Years Blues ou La Chambre Rose entre autres). Et les cinq gars savent jouer ! Je pense que ce n'est qu'à la toute fin, quand ils se sont vraiment lâchés, quand ils ont joué Five Years Blues qu'ils l'ont vraiment montré : on ne peut pas reprocher au reste de leur set un manque d'engagement, mais l'interprétation de ce titre, avec un Helmut (Elvis barbu) crooner blues sans guitare était vraiment exceptionnelle... Tout comme celle, dans un style tout à fait différent (Helmut en solo à la guitare acoustique) de La Chambre Rose. C'est ça en fait le truc de La Maison Tellier : ils ne cessent de nous balader entre folk, blues et chanson française... C'est ce qui fait leur charme, mais c'est sans doute ça aussi qui me déstabilise... Quoiqu'il en soit, ce concert était réussi, preuve étant, il m'a vraiment donné envie de réécouter les deux albums que j'ai d'eux, et de découvrir celui qui me manque avec moins de préjugés "idiots" dans les oreilles.



HERE COMES THE NATIONAL EXPRESS

Pour finir la soirée, et clore cette édition du festival, les organisateurs ont invité un grand monsieur de l'americana : Mark Olson. Au milieu des années 80, Mark Olson a fondé, avec Gary Louris le groupe The Jayhawks, groupe de country rock qui atteindra son apogée (critique et commerciale) avec l'album Hollywood Town Hall en 1992. 1992, c'est un an tout juste après l'explosion de Nevermind de Nirvana, c'est à dire en pleine explosion grunge. Il fallait certainement être deux fêlés passionnés pour sortir un album de country à cette époque, fût-il rock et alternatif. Mais il fallait surtout être deux fêlés hyper talentueux pour que cet album soit un succès remarqué et encensé par la critique comme il l'a été. Près de vingt ans plus tard, une vingtaines d'années de carrière "solo" plus folk que rock, en compagnie des Creekdippers, Mark Olson revient dans le sud de la France (sa première date dans le coin, c'était il y a moins de deux ans à Marseille) avec sa guitare et ses mélodies touchantes.



Les Creekdippers ne sont plus là, Mark Olson est simplement (et idéalement) accompagné de Ingunn Ringvold (a.k.a. Sailorine) qui joue du djembe, de petites percussions, de l'harmonium, et nous enchante de ses harmonies vocales.



Un mec à la guitare sèche, une fille au djembe... On pouvait s'attendre à un truc plus remuant pour la fin de cette soirée. On pouvait penser que ce n'était certainement pas comme ça que la nuit allait s'enflammer... Et pourtant, elle s'enflamme cette nuit là, dans le ciel et sur notre peau. Certes, on ne danse plus, mais le cœur de Mark Olson qui est en entier dans sa voix et ses doigts peut sans aucun doute faire pleurer un géant hollandais ou une jeune fille gardoise. L'écoute des textes de Mark Olson devrait être interdite aux gens ultra sensibles. La musique qu'il offre pour accompagner ses textes (que ce soit à la guitare, ou avec son étrange et rythmique dulcimer) n'offre aucune protection contre l'émotion qui s'en dégage. Sur scène, Mark Olson se met à nu de la façon la plus modeste qu'il soit, et touche implacablement en plein cœur tous ceux qui sont encore attentif à cette heure tardive. Les notes de No Time To Live Without Her, Many Colored Kite, Clifton Bridge, National Express ou Little Bird Of Freedom n'ont pas fini de résonner dans ma tête... Les textes de Mark Olson sont vraisemblablement à jamais présents dans le ciel de Goudargues, gravés dans les galets de la Cèze... Comment aurait-on pu clore de plus belle manière ce festival exceptionnel dédié à l'Americana ?



Un fois de plus, une association arrive à faire venir des artistes dans un lieu a priori improbable, et nous offre la preuve que quand cette association est conduite par de vrais passionnés, la qualité est au rendez-vous. Bravo Goud'Acoustic, et vivement début juillet 2011 !

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