Chronique de Concert
Skip The Use + Drenge
Grande, la salle du Zénith l'est indéniablement, et vraisemblablement un peu trop pour Skip The Use : bien que le concert ait été annoncé complet, la fosse et les gradins sont des plus clairsemés. On y retrouve un public plutôt hétéroclite, quoique majoritairement jeune et féminin.
L'intro un brin mégalo du show ouvre sur une scénographie elle aussi prétentieuse, qui dessert le groupe en éloignant exagérément les musiciens les uns des autres, avec un Mat Bastard bien seul en trublion intenable pour faire le show au milieu de ses compères, transformés en potiches décoratives. C'est aussi le sort qui est réservé aux danseuses qu'on voit apparaître sur She's My Lady et Unbreakable au milieu du spectacle.
Dans l'ensemble, le concert est plutôt frais et sympathique, bien qu'un peu trop dans la démonstration. On sait que le groupe est très proche de Shaka Ponk, il en a hélas pris quelques travers agaçants, dont cette permanente esbroufe tout juste bonne à épater la galerie de jeunes filles en fleur (il y en a beaucoup dans le public) et ces saillies rock caricaturales, beaucoup dans le discours et trop peu dans les actes. A l'image de ce solo de batterie qui intervient après une heure de concert et qui n'a pas du impressionner beaucoup de batteurs professionnels, le talent ne se mesurant pas proportionnellement au rayon des moulinets de bras. Fort heureusement, les Lillois sont encore assez loin du niveau exaspérant de prétention de leurs aînés et le comble de l'ironie, c'est que c'est leur morceau joué, selon leurs propres termes, "à la Shaka Ponk", qui est un des plus spontanés et des plus débridés, alors que la spontanéité a été reléguée au rang de relique depuis des années par la bande de Frah.
Il faut toutefois le reconnaitre, si l'on peut être souvent agacé, on ne s'ennuie jamais et on ne voit pas arriver la première heure de show. Elle est ponctuée par un Off Me électrique et efficace, enchaîné à Enemy, plus électro et très fort également. Avec Darkness Paradise, le public a enfin droit à un morceau un peu crade qui fait du bien et qui prolonge encore cette bonne série. On ne peut alors s'empêcher de regretter que tout le concert ne soit pas de cet acabit.
Il fait en effet un nouveau faux-pas avec Saint-Mark's Place, vrai titre punk pour pucelle, heureusement vite effacé par la reprise de Don't Want To Be A Star, issu du répertoire de leur ancien groupe, Carving, et pour lequel on a droit à de belles boules de feu sur scène. C'est enfin l'inévitable tube Ghost qui vient clore le set, assez énorme et théâtre d'une débauche d'énergie inouïe.
On est à 1h20 de concert et le rappel est étonnamment mou de la part du public. Heureusement, il n'en est pas de même du bis concocté par Skip The Use, qui commence en fanfare avec Hell Parade, presque metal, avec un très surprenant passage ragga au milieu, mais qui fait bien le job. Dans l'ensemble, ce chapitre conclusif du concert est bien plus musclé : les riffs sont plus lourds, la batterie est martelée plus fort et ce n'est pas pour nous déplaire.
Hélas, la bande retombe vite dans la facilité avec sa reprise habituelle de Song 2, certes toujours efficace, mais dénuée de toute originalité. Dans la continuité, Bullet offre une transition énergique vers une nouvelle reprise, cette fois du Smells Like Teen Spirit de Nirvana, qui met tous les pré-ados de la salle en transe. OK, c'est toujours cool, mais là on est vraiment au degré zéro de la prise de risques et c'en est quand-même un peu risible.
Après les remerciements d'usage, les musiciens donnent tout ce qu'il leur reste sur un explosif Bastard Song qui clôt plutôt bien le concert.
Au final, si cette chronique peut sembler un peu dure, c'est parce qu'on attendait bien plus de Skip The Use, que sa réputation scénique précède. Malheureusement, le groupe semble jouer presque tout le temps en mode automatique, sans vraie conviction, et en feignant sa spontanéité. Perdus dans une scénographie trop grande pour eux, les Lillois ont le plus grand mal à convaincre les spectateurs un peu plus avertis que les collégiens qui peuplent les premiers rangs. Tout le show repose alors sur un Mat Bastard auquel il sera difficile de faire des reproches, tant il tient la baraque à lui tout seul, même si c'est aussi par son intermédiaire que passent quelques-uns des défauts les plus agaçants du groupe.
Critique écrite le 18 mai 2013 par Fredc
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