Chronique de Concert
Sleaford Mods
C'est dans ces termes qu'Iggy Pop s'est exprimé à propos du duo de Nottingham, Sleaford Mods. L'iguane a donc attisé notre curiosité et réveiller notre instinct animal. Fort d'un excellent album "English Tapas" sorti en 2017 et toujours en pleine tournée pour défendre ce dernier sur scène, Jason Williamson, le chanteur qui s'occupe aussi d' écrire les textes, et son compère Andrew Fearn, qui gère la musique, sont revenus à Paris au Trianon qui affiche complet ce soir, 4 mois après leur dernier passage parisien le 23 mai dernier à la Gaité Lyrique. Après une insupportable première partie dont on taira le nom (une chanteuse qui ne faisait que crier et des musiciens, enfin si on peut dire, qui dégueulaient un son horrible avec des samples), on a enfin retrouvé le sourire à l'arrivée des Sleafords Sons à 21 heures 05. La salle est comble et le public plutôt âgé est prêt à se lâcher et à retrouver une seconde jeunesse.
La scène ne peut être plus épurée que ce soir. Andrew Fearn est face à ces trois caisses de bières qui supporte son pc portable et il a sa binouze dans sa main gauche. Jason Williamson a de son côté son micro pour seul compagnon. Andrew appuie sur son ordi et il lance le premier morceau, "Flipside". On manque de repère au départ et on est un peu désorienté tant on a pas l'habitude de voir ou d'entendre surtout la musique sortir de cette façon sans instrument. Andrew Fearn se contente seulement d'appuyer sur une touche pour lancer le son à chaque morceau et de bouger gentiment avec un beau sourire qu'il ne perdra jamais. Tous les regards se portent donc naturellement sur Jason Williamson, on y reviendra. L'atmosphère et leur prestation nous séduisent au fil des minutes et au fur et à mesure des tubes post-punk rock electro que nous balance le duo sans aucun répit. On ressent l'odeur et l'ambiance des pubs anglais et on se régale. Le public est déchainé et danse, sautille et les pogos se font de plus en plus intenses. Certains montent sur scène et se jettent dans la fosse pour se faire porter par un public chaud bouillant.
Jason Williamson chante comme si sa vie en dépendait. Il dégueule ses textes qui parle de sa vie et de notre pitoyable société qui génèrent d'innombrables injustices comme par exemple avec leur dernier hit "B.H.S" (British Home Stores). (BHS) était une chaîne de supermarchés britannique dirigée par Sir Philip Green, propriétaire du groupe Arcadia, à la tête entre autres des magasins Topshop, Burton, Dorothy Perkins et Outfit. La chaîne mit la clé sous la porte à l'été 2016 laissant 11 000 personnes sur le carreau et un trou de 571 millions de livres dans le fond de retraite, abandonnant ainsi 22 000 employés sans pension. Avec pas moins de 400 millions de livres de dividendes engrangés sur le dos de sa défunte chaîne, Green profitait d'une croisière en Méditerranée sur son nouveau yacht dernier cri alors que les derniers magasins tiraient définitivement le rideau.
Voilà pourquoi Jason a tant de colère en lui et son interprétation de haut vol durant la totalité du concert nous va droit au coeur. On est captivé par l'homme et le duo nous assène une agressivité prenante et jubilatoire. Après 1h15 de tempête minimaliste et 21 morceaux, le duo nous quitte cette fois-ci pour de bon. Les 1000 personnes présentes ce soir sont aux anges et le font savoir. On ressort pleinement conquis par ce duo et oui, on le confirme, Iggy Pop a bien raison de s'enflammer pour Sleaford Mod !
Remerciements à Radical et à Sébastien du label Beggars
Set list :
Flipside
Subtraction
Stick In A Five And Go
Moptop
Just Like We Do
Giddy on the Ciggies
TCR
Joke Shop
Bang someone out
From Rags to Richards
Routine Dean
Jolly Fucker
You're Brave
BHS
Dregs
Gallows Hill
Fizzy
Jobseeker
Tied Up in Nottz
Tarantula Deadly Cargo
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Critique écrite le 30 septembre 2018 par Lebonair
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