Accueil Chronique de concert Sons de plateaux : Gaston & Brigitte Sylvestre + Bérangère Maximin
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Chronique de Concert

Sons de plateaux : Gaston & Brigitte Sylvestre + Bérangère Maximin

Sons de plateaux : Gaston & Brigitte Sylvestre + Bérangère Maximin en concert

Montevideo - Marseille 9 avril 2009

Critique écrite le par

Duo de harpe et harmonium pour Gaston et Brigitte Sylvestre qui interprètent la pièce musicale Bel Canto de 13 minutes, écrite et composée par Carlos Roque Alsina. Après un faux départ causé par une corde de la harpe qui décide de se faire la malle, quelques acrobaties, lampe torche et pinces coupantes à la main (on n'aurait pas tant savouré s'il s'agissait d'un ukulélé), la pièce démarre. L'entrée en matière se veut en douceur; deux prestigieux instruments qui dialoguent, quelques vagues de notes se rencontrent et s'entremêlent. Le niveau sonore augmente peu à peu et après quelques minutes, la mélodie laisse entrer les voix des deux personnages.



Pas de chansons, pas de mots, juste des sons. Des onomatopées, comme des notes qui viendraient s'ajouter depuis deux niveaux instruments, graves. On ne comprend pas très bien, mais on n'a même pas le temps d'essayer. Tout va très vite, les voix prennent de plus en plus de place et les deux musiciens se mettent à hurler les notes. Les yeux rivés chacun sur sa partition, ils entament une lutte entre la mélodie et la voix. Ce n'est plus l'harmonium à côté de la harpe, mais les voix contre la musique, comme s'il n'y avait pas assez d'espace pour les deux. La pression monte très vite et retombe délicatement. La pièce s'achève comme elle avait commencé, tout en douceur, et les deux instruments regagnent leur place de protagonistes.



13 minutes sont passées, juste assez pour nous emporter.
Accueillie dans le cadre du festival Sons de plateaux, Bel Canto interprété Gaston et Brigitte est présentée par l'auteur après la représentation. Carlos Roque Alsina, compositeur italien, prend un quart d'heure pour nous exposer son questionnement sur la place du son sur une scène. J'ai retenu son envie de laisser plus de place à la mélodie qu'au chant de cette explication qui nous permet une nouvelle interprétation de la seconde représentation. Alors que le maître nous termine la présentation de sa démarche, les deux musiciens qui s'impatientaient au coin de la scène rejoignent le plateau est remette le couvert. La deuxième représentation nous paraît alors d'autant plus intense, et nous permet d'accorder davantage d'attention aux moments qui nous avaient échappés.



Une petite pause et c'est au tour de Bérangère Maximim. La salle toute entière est plongée dans le noir, seul son visage est éclairé. Assise sur sa chaise, Bérangère reste quasi figée derrière sa table, à bidouiller son ordinateur. Les sons nous plongent dans une atmosphère assez sombre et très vite oppressante. Les sons semblent tout droit sortie d'un jeu vidéo obscure, comme si l'on explorait un univers parallèle.



La recherche sur les sons devient d'autant plus intéressante lorsqu'elle prend son micro pour murmurer quelques phrases. Chuchotements, distorsion de mots, la salle est assez vite emportée par la tempête électronique. Le public est assis, les yeux fermés, et semble parti déjà très loin. L'évasion dure une heure, (et pour reprendre les termes de notre Pingouin phocéen) c'est viscéral.
Je n'ai pas beaucoup de mots pour décrire cette expérience tellement le voyage est particulier. Bérangère Maximim est troublante par son immobilité.



Elle semble maîtriser parfaitement ses machines alors que ce qu'on l'on entend fait vraiment écho à un exploration. Une exploration sonore dans l'espace restreint de cette petite salle. On voyage à l'aveugle dans une pièce, en rebondissant sur les murs, sur les obstacles. On regagne la réalité lorsque les lumières se rallument. Quelques minutes sont quand même nécessaires pour atterrir et reconnecter nos cerveaux.


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