Chronique de Concert
Soom T, Lorenzo, lAnimalerie, Columbine, ManuDigital, Panda Dub, Les Nuits Courtes
Je ne suis pas déçu de la programmation du Dimanche, avec une alternance Reggae dub et rap actuel. L'occasion pour moi de voir enfin des artistes tant écoutés dans le style que j'affectionne (Soom T & Panda Dub), et d'en découvrir qui font un carton auprès des plus jeunes.
Le site de l'espace René Cassin a été modifié car le bâtiment adjacent est en plein travaux. Pour l'occasion, les stands bars et les food-trucks sont placés à l'entrée, le chapiteau ré-orienté et les gradins de la grande salle enlevés afin d'accueillir plus de festivaliers en mode dancefloor.
J'arrive juste à temps vers 16h pour voir Soom T, toasteuse écossaise, à la croisée d'un ragga et du hiphop,habituée des sound systems. Elle sillonne la scène dub depuis les années 2000 au moins, enchaîne les tubes revendicatifs, les feats avec des pointures de producteurs et de mcs. C'est seulement en 2015 qu'elle sort son 1er album Free as a bird.
Cet après midi, elle évolue sur scène avec un backing band.
Talowa prod s'occupe de la tournée de l'artiste, célèbres tourneurs qui propose une grande partie des gros événements reggae en France.
La formation est réduite au minimum pour un reggae qui puise dans son essence. Un duo basse batterie complice pour les bases, et une alliance guitare claviers pour voyager autour d'influences variées.
Son univers musical s'élargit avec Born Again dernier opus avec des titres plus lents, plus folk parfois, oriental dans les sonorités et dans la voix révélant ses origines indiennes (Life Story). Au détour d'une chanson alternant les rythmes et les tempos, j'apprécie les similitudes avec Nneka dans le paradoxe fragilité / force avec des refrains rock planant (Stand my sister).
Cette configuration sans dj met en valeur ses capacités vocales, et me régale personnellement sur du live. Les musiciens, discrets mais présents balancent une qualité de riddims interprétés, fidèles à la réputations du label ...
Soom T prend possession du chapiteau avec son expérience, dialoguant avec le public en français, de manière touchante et fédératrice.
La chanteuse nous offrira son flow supersonique (Politic man) et la fusée se posera même au dessus de son public.
Sur la grande scène, c'est une autre navette qui a atterri. Sur scène une capsule spatiale est l'habitacle du Dj, Rico. Lorenzo alias " l'empereur du sale ", du collectif Columbine et ses compères gesticulent devant avec une énergie comme s'ils avaient été enfermé au cachot, et libérés à l'instant.
Et ils ont besoin de se lâcher... Et de lâcher toutes leurs frustrations ! Les retardataires courent pour ne pas en louper une miette...
Connu par le net en postant ses titres sur youtube, il a vite fait mouche auprès des adolescents avec : Freestyle du sale, Fume à fond, et Le Son qui fait plaiz. Il a sorti Rien à branler en 2018, tout un programme !
Ca y est, c'est désormais officiel, je fais désormais partie de la catégorie des vieux cons...
Cela faisait quelques festivals où je ne me retrouvais plus trop dans la vague " rap electro " actuelle (cf Bagarre cet été à la Fête du Bruit), mais là, j'ai vraiment eu beaucoup de mal, mais je reste curieux.
Autant j'apprécie des groupes jouant sur un côté décadent (genre Svinkels, TTC) avec second, voir troisième degré, et même si le fond est parfois ras les pâquerettes, au moins la forme est présente, surtout mûrement travaillée.
Mais là, avec mon regard, et mes oreilles de trentenaire, je n'ai pas tout compris au message que ces jeunes veulent véhiculer.
Entre les textes insultants, les clichés sexistes et communautaires, et les références aux trafics, je n'y vois personnellement qu'une ébauche faite sur un coin de table de fast-food.
Et pour moi, leur but est de recréer le rendu du hiphop ricain des années 90 /2000.
J'y retrouve pas mal de références au live du Up in smoke tour de 2001 un style Las Vegas Parano, mais je n'arrive pas à graviter autour de leur planète.
Par contre, Lorenzo satellise son public avec une énergie solaire. Les jeunes sont hypnotisés et martèlent leurs lyrics en sans faute.
Le dj est particulièrement surexcité et va régulièrement se dégourdir les jambes (et calmer ses hormones) en sortant de sa navette.
Le groupe semble avoir trouvé la formule magique ! C'est bouillonnant et explosif dans la grande salle.
J'irai prendre un peu l'air et aller voir l'Animalerie finir ses balances sous le chapiteau.
Gros mouvement de foule sortant de la grande salle à la fin du set de Lorenzo, et le collectif joue ses premières notes.
L'animalerie, c'est un collectif d'une dizaine de rappeurs originaires de Lyon, orchestré par le beatmaker, producteur Oster Lapwass, avec Dj et guitare électrique.
Dj et mcs en mode mic session nous proposent un show qui fait assez improvisé, mais mûrement assez travaillé, dans l'esprit de leurs nombreux freestyles sur le net.
Les mcs s'enchaînent, le plus souvent en solo sur une instru, et prennent donc le temps de développer leur style d'écriture et d'interprétation respectifs.
Des styles différents, des générations aussi, qui nous font faire le tour des branches du hiphop.
C'est très souvent bien vu, avec des références qui me parlent plus que le groupe précédent...
L'humour est présent, les clins d'il subtils.
Un projet intéressant, sur un chemin de traverse, qui dévoile des facettes différentes de cette bête rageuse et attachante à la fois.
Les instrus envoyés par le Dj sont relativement sombres, voir mélancoliques, un terrain de jeux idéal pour chacun de tricoter avec les mots, de sortir ses réflexions à travers le micro.
Deuxième retour en adolescence avec Columbine sur la grande scène. A une petite vingtaine, le collectif rennais nous envoient du son rap pop, tinté de ballade folk avec des beats où la charley est très présente.
Il y a deux chanteurs principaux, un qui est le sosie en plus jeune de Frah (Shaka ponk) et un autre portant le maillot de la Juventus.
Puis 3 autres viennent poser les backs et parfois lâcher quelques couplets.
Ça met plus d'apport au niveau visuel et pêche que musical. Je discerne une recherche, notamment dans les textes (qui ne me parle plus trop) et pousse la jeunesse sur les refrains intemporels (du style je me fais chier, pas compris, insurrection...)
Ça prend direct, et Columbine met le feu aux poudres.
La référence du nom du groupe vient du massacre dans l'école avec des ailes de colombe à en voir le logo sur les tee shirt et sur les structures sur scène.
Columbine n'est pas dans la violence, par contre, plus dans un besoin qu'on l'écoute lui et la jeunesse qu'il porte.
Lorenzo et ses excités viendront en fin de set faire monter la sauce avec leurs potes, et rassasier les festivaliers qui n'auraient pas assez transpiré !
Pour bien faire redescendre le tout sur terre, un alchimiste du son opère ensuite sous le chapiteau.
Intro façon Star Wars, et mix rub a dub.
ManuDigital, producteur de talent, compose pour lui et pour des artistes reggae ragga.
Compositeur, mixeur, il travaille chez lui, ou sillonne les routes avec quelques machines et claviers sous le bras. Il vient de sortir Bass attack.
Il nous lâche ce soir quelque unes de ses collaborations avec des pointures avec sa patte bien digitale, il ne ment pas sur son nom de scène...
Entre autres les Toots, Raggasonic, Buju, Soom T (dommage qu'elle ne soit pas passé sur scène)...
Mais il n'est pas venu seul, Deemas J l'accompagne pour poser sur les riddims.
ManuDigital nous offre une prod avec Snoop Dog en exclu !
Et une performance live de folie avec un flow de dingue de General levy.
Il balaie à peu près tout le spectre des styles voisins du reggae. Roots, dub, ragga jungle, dancehall.
Il remplira la mission haut la main de faire bouger toutes les générations, et à la fois de remémorer des vieux tubes revisités pour l'occasion, et d'éduquer les plus jeunes avec des rythmes electro bien festifs (Ruff it up avec General Degree).
Car ManuDigital est en live la preuve concrète que le reggae n'est pas mou et peut faire sauter les foules. Un plaisir de le voir sous le chapiteau en configuration intimiste, un privilège que je savoure.
On aura aussi droit à une collaboration avec Panda Dub, transition toute faite pour la suite de la soirée !
Et c'est donc Panda Dub qui assure la clôture de la soirée et des 3 jours de festival.
Perché sur la grande scène, agrippé à ses machines comme à des branchages, il pousse les basses à en faire vibrer les entrailles !
Des cercles sont disposés de part et d'autres, illustrant visuellement le son dub planant qu'il sert sans modération...
Il fait décoller avec une progression vers du dubstep, qui percute en cette fin de soirée, et fédère toute l'assemblée.
Il envoie aussi des titres avec des artistes comme Flavia Coelho, preuve que les ponts peuvent se faire tant que le langage musical opère.
Son univers est cosmique, mais aussi tribal, oriental, ethnique. En bref, on prend le large !
Les Nuits Courtes ont bien amorcé leur virage pour cette seconde édition, conservant sa touche avec quelques nouvelles initiatives comme un concours de photo, une amélioration du camping...
Fontenay le Comte peut se réjouir d'accueillir ce festival tout en chaleur humaine, orienté vers la jeunesse, et fort d'une équipe de bénévoles dynamique et volontaire.
J'espère bien rempiler pour 2019 !
Critique écrite le 30 octobre 2018 par Berclic
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