Chronique de Concert
Sourdure + Faune (festival Nuits d'Hiver NH#12)
Impossible de rater le passage à l'Eolienne de Pauline Croze que je n'avais jamais vu contrairement à l'autre Croze (Anaïs), du coup même si j'avais prévu de passer au temple protestant de la rue Grignan je me doutais bien que je risquais fort de rater interprétation de Four Organs de Steve Reich avec Isabelle Chevalier, Nicolas Debade (Ohmodron, Eastern Committee, ...), Freddy Eichelberger, Frédéric Isoletta pour ce qui est des orgues et Ahmad Compaoré aux maracas. Et en effet lorsque j'arrive après avoir vu la premier (très bon) set de Pauline, ils ont fini et c'est déjà le deuxième groupe qui est sur scène.
En fait Sourdure est le projet d'un seule personne, celui de Ernest Bergez qui se presente donc dans le chur du temple avec pas mal de matériel : deux tables chargés de machines, boutons et câbles en tous genre, un micro pour le chant et un violon. Mais ce n'est pas ça qui surprend en entrant ... c'est plutôt le jour où je ne verrai pas ce genre d'installation en allant au GRIM ou à l'Embobineuse - partenaires sur cette douzième édition des Nuits d'Hiver - que je serai surpris ... non c'est par le chant. En effet il s'agit de chansons traditionnelles auvergnates. A vrai dire je n'aurais pas deviné au premier coup d'oreille qu'il s'agissait de chansons de cette région tellement ça ressemblait aux chansons bretonnes ou provençales.
Après si j'avais pris la peine de lire le descriptif de la soirée je n'aurais pas été surpris : " ... Sourdure injecte des bourdonnements électroniques aux ritournelles traditionnelles de la musique auvergnate. Revisiter les traditions orales et révéler les spectres d'antan par des réminiscences réelles ou fantasmées semblent refléter sa volonté. Les traitements sonores des synthétiseurs modulaires ou électroniques, l'utilisation de thèmes entêtants, les amplifications de drones ou distorsions de sons acoustiques sont alors agencés par des techniques de compositions issues du cut-up et de l'écriture automatique. "
Car en effet le traitement musical qui en effet est assez particulier. Moi qui suis assez fan des Frères Morvan et de la scène occitane je ne pouvais pas être complètement indifférent à la démarche. Habitué aux relectures modernes de la tradition orale à la façon Cor de la Plana ou Mutacion Nacion j'avoue que là j'ai trouvé le grand écart culotté. Étant arrivé sur la fin de son set je n'aurai pas vraiment le temps de dépasser cette impression de surprise. Mais ce que j'ignorais à ce moment là - n'ayant pas lu le programme - c'est que la suite allait être dans la lignée.
En effet le duo Faune composé de Jacques Puech (chant, glass harmonica, cabrette) et Guilhem Lacroux (guitare, lap steel, pédalier basse) vient lui aussi du sud du Massif Central, sinon en tout cas la plupart des morceaux de leur répertoire viennent de là. Ils commenceront d'ailleurs leur set en nous brossant un rapide portrait du coin : des montagnes, des rivières qui passent entre, des vaches et des bergers ... bergers qui ont toujours beaucoup chanté constituant ce fameux répertoire traditionnel dans lequel ils puisent leurs paroles.
Et visiblement plus particulièrement dans le répertoire de Louise Reichert (1896-1985) femme berger possédant un permis de chasse et un permis de conduire (chose plutôt rare à l'époque). Chez eux aussi leur musique " s'inscrit dans la tradition des musiques du Cantal et d'Auvergne. Partis d'enregistrements de terrains ethnomusicologiques de mélodies en français et occitan, Faune construit alors sa musique avec des bourdons électriques et acoustiques, que ce soit au lap steel, à la guitare ou au glass harmonica. "
Entre chaque morceaux les deux changent d'instrument, surtout Jacques Puech qui passe du fameux glass harmonica mouillé à la cornemuse (enfin cabrette), à l'accordéon à soufflet ... , à ses côtés Guilhem Lacroux apportent la touche électrique avec ses différentes guitares. Il joue d'ailleurs assez fort. Comme pour Sourdure certains passages sont d'ailleurs peut être un peu trop fort (certains sont contraints de se boucher les oreilles). Qu'ils sont en langue d'Auvergne ou en français les morceaux parlent (comme ceux que l'on retrouve chez Lo Cor de la Plana) on l'air de parler souvent d'amour(es impossibles).
Jacques s'excusera presque de chanter beaucoup de morceaux où les femmes n'ont pas forcement le rôle le plus vertueux. Après un set d'une bonne quarantaine de minutes ils inviteront Ernest Bergez à les rejoindre pour un final encore plus trituré. Tout le monde ne restera pas jusqu'à la fin mais en tout cas ce qui est sûr c'est que le côté cyclique de leur musique collait bien au thème " Repeat No Repeat " de cette édition des Nuits d'Hiver.
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Bonus video :
et une petite de Sourdure
Critique écrite le 13 décembre 2014 par pirlouiiiit
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