Accueil Chronique de concert South Vintage Festival : Rodeo Spaghetti + the Hasbeenders + Cowboys From Outerspace + the Legendary Tiger Man
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Chronique de Concert

South Vintage Festival : Rodeo Spaghetti + the Hasbeenders + Cowboys From Outerspace + the Legendary Tiger Man

South Vintage Festival : Rodeo Spaghetti + the Hasbeenders + Cowboys From Outerspace + the Legendary Tiger Man en concert

Trets 19 mai 2018

Critique écrite le par


En cette belle journée résolument printanière, nous décidons de nous expatrier loin des fumerolles urbaines et du béton poubelle, direction Trets (prononcez "Tresss", prononciation homologuée par la grand-mère de ‘Polollipop' née à Tresss en 1907) aka ‘la Californie Provençale' pour le South Vintage Festival , 4e du nom. Rendez-vous au Domaine du Moulin de l'Arc, un splendide terrain bucolicopagnolesque arboré et vallonné, envahi de combis vintage, d'exposants chics sous toile blanche, de bikers locaux, de gens bien coiffés en train de pique-niquer et de pin-up cow girls. N'ayant pas pris le pass à la journée, nous n'aurons pas le loisir d'admirer les exposeries des exposants, soit une diversité triée sur le volet d'articles vintage, clichés à l'ancienne, objets rétros et déco DIY. Nous nous consolerons donc à base de bière bio et de chiens chauds à l'oignon frit en attendant sagement le début des festivités.


Sur la longue route mi herbeuse mi boueuse qui nous mène à la scène, on se fait doubler par une splendeur de pick-up John Deere que je rajoute à ma collection de véhicules fantasmée. Thomas "EYe Scream" en béret dandy et Raphael "R*A*F*" en casque colonial sur poncho bariolé convolent en justes noces musicales, égrenant des petites perles r'n'r swing à déguster bien frais. Et puis l'équipée sauvage de Rodéo Spaghetti se met en place, featuring Johnny ‘le crooner' Cavalcade à la mandoline, Tony l'Abattoir aka Johnny pelle à tarte aux drums, Christophe Cordial aka JR grenadine à la contrebasse et l'amazone Hélène Coriace au combo chant/ accordéon.


Ils envoient un rockab swing option bal de promo à fond de cale. C'est justement décalé et gin-tonic comme une surprise party sur la nationale. De longues parties instrumentales voire acrobatiques tranchent dans le tas, et on se téléporte depuis les plaines arides d'OK Corral au KO d'un champ de foire, voire pelouse de ring où Hélène nous invite à faire ressortir le boxeur qui est en nous. L'invitation est suivie comme une trainée de poudre _juste ce qu'il faut pour allumer la mèche. Le chant dérape en espagnol pour un slow-rétro à base de wap-waa et de fade out comme la fin nostalgique d'un 45 tours.


Hélène devient Lily Marlene pour une tune cabaret, un rock fifties échevelé avec une voix en lame de couteau, préparant le terrain à Bouchon, l'invité redneck et sa washboard à cuillères. L'hommage à France Gall et son Laisse tomber les filles prend des allures de fête foraine survitaminée, avant le coup de grâce final et les règlements de comptes par drumsticks interposés car le show n'en finit pas de se finir, pour le plus grand enthousiasme du public préchauffé, poings en avant, sourire aux lèvres.


Une discussion à la pink cadillac limo pool plus tard, les hostilités reprennent avec les Cowboys From Outerspace et leur hi-power rock'n roll atmosphérique. Rien que ça. Mais très vite, ça larsène et ça grésille du côté de Michel qui nous annonce la mort prématurée de son ampli, mais oh miracle de l'organisation southvintagienne, un Fender de substitution prend sa place.


Le Saturday night fever reprend de plus belle avec ces instrumentales sur le fil, presque statiques, que vient troubler un accord sporadique, telle une chevauchée en slow motion, basse mise en avant avec Basile "Patibulaire" Gonzalès qui ancre le rythme sous pression de M. Henri à la batterie et le blues crooner de Michel, libérant sa voix litanique en échappée solitaire, d'un coffre clair jusque dans les aigus incantatoires.


Les morceaux s'enchainent tout en vélocité et nervosité, balayés par un crescendo parfaitement exécuté. Le jeu est serré ; les solos basse-guitare à la limite de l'apoplexie laissent la part belle au vibrato, quand ce n'est pas la batterie qui couture la carte postale sonore, cymbales en avant, swing feutré et arrêt net.


Les Hasbeenders au DJ set font raisonner un Standells prémonitoire, qui nous confirme que l'homme tigre légendaire , tout de blanc vêtu, n'est pas forcément un "good guy", certes un peu versé dans l'égo-trip avec ses documentaires et notamment son image projetée en boucle en arrière scène, mais vu le talent, on veut bien tout pardonner et en prime tuer père et mère sur un malentendu. Le set démarre par un long sifflement, comme un lonesome cowboy qui attend des journées-lumière que son périple débute.


Derrière ses lunettes de soleil, il toise la foule avant d'envoyer le signal de sa ballade poussière en cinémascope. Avec lui, un saxophoniste baryton avec qui Paulo rentre en duel ou en fusion tout au long du set, une basse et une batterie qui cisèlent l'atmosphère. Avec ses deux micros dont un condensateur façon vintage, Legendary Tiger Man coule une voix chuchotée, frôlant le silence des instruments en attente ; et dès le second morceau, il change de guitare et la tension monte d'un cran. Tandis que sur l'écran, se déploient, lascives, une myriade de femmes dénudées, le tigre débride sa voix sur un blues frénétique, main glissée sur les frettes ; le "fuck" a le "f" amplifié ; sax et instruments à cordes orchestrent les coups de butoir et la batterie rythme le tout avec élégance.


Derrière, Lisbonne s'affiche comme un point de départ, un retour aux sources avant de s'enfoncer dans le désert Mojave aux odeurs de cambouis et longues séquences instrumentales comme la bande-son d'un travelling contemplatif. Un clapclap frénétique réveille les Motorcycle Boy(s) qui se tournent les pouces sur le bord de la route avant d'accueillir virtuellement la somptueuse Lisa Kekaula des Bellrays dont l'image apparaît à l'écran, souvenir de l'album Femina composé de 100% de duos féminins.


Maria de Medeiros prend la suite, se dédoublant à cheval et à l'infini dans une cover plutôt heavy et saccadée de Nancy Sinatra , le classic These boots are made for walking . Tout irait pour le mieux si je n'étais pas auréolée à ma gauche par Jean-Michel Pénible, 100kg de viande soule qui hurle en continu dans mes oreilles et à contre temps, m'aspergeant des miasmes de sa bière et de sa transpiration à l'ail.


Pour compléter la parenthèse enchantée, j'ai aussi Jean-Jacques Relou sur la droite, sifflant comme un dératé et pogotant à tout va sur la musique club qui résonne dans sa tête. Je tente une exfiltration, mais je me retrouve coincée en pleine montée de caféine (cimer le Club Maté) avec la bonne tremblote de compète. Je reste donc souple, en mode œillères, et parviens à me replonger dans le show en technicolor du Tigre qui, justement module son son de guitare pour une dernière tune sans filtre et sans filet, pied au plancher. (Fix of) Rock'n Roll est scandé ad libitum, dans une débauche d'effets acrobatiques et de brouillages d'ondes. Le morceau est en roue libre, repris de volée par la foule, monté aux nues par Paulo Furtado , jusqu'au climax final.


La fin est brutale ; aucune place à un éventuel rappel. Je reste un peu sur ma faim, devant la démonstration magistrale, brute et parfaitement maitrisée du Tigre et de ses acolytes. Avec son sixième album Misfit , Legendary Tiger Man nous transpose dans sa vision distordue d'un mi-rêve mi-cauchemar peuplé de succubes et d'ombres démultipliées comme une psychanalytique inquiétante étrangeté.


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