Chronique de Concert
Catherine Vincent + Stella Pire + Rich + Les Pas Contents + Farouche Zoé + David Lafore + Sam Karpienia + Novitchok 234 + the Parade (Concert de soutien aux habitants de Kharkiv)
Dès le lendemain j'ai déjà un paquet de réponses positives. On se décide pour le mercredi 30 car le 31 il y a déjà un concert de Jane's Death au Makeda. Un petit mail à quelques talentueux dessinateurs marseillais pour voir s'ils peuvent nous donner un coup de main pour le visuel. Là aussi, réponse immédiate. Entre temps on a essayé de me dire que 11 groupes pour une mercredi soir sur la petite scène de l'inter c'est peut-être un peu tout much. Trop tard.
Samedi nous voilà en train de tirer cette magnifique affiche aux couleurs de l'Ukraine signée Marion Mousse (croquis) et Domas (dessin) et finalement Richard Di Martino (corrections) qui annonce fièrement "Phocea Rocks présente : Catherine Vincent, Sam Karpienia, David Lafore, Stella Pire, Novitchok 234, Mr Thousand, Parade, Jules Henriel, Farouche Zoé, les Pas Contents, Rich". On commence à en afficher... On rencontre rapidement Anaelle de l'Inter et Alexis l'ingé du son. Tout parait simple, Cooki filera un coup de main au son avec Emma et c'est parti.
Pas de chance mercredi sera le premier jour de pluie à Marseille depuis des mois. Cela nous oblige à annuler la mini scène extérieure qui nous aurait permis de tenir le timing ambitieux. Du coup Mr Thousand passera son tour, tout comme Jules qui ne fera pas non plus son set solo. A 18h, les premiers spectateurs arrivent. On tenait à ce que ça commence tôt pour que tout le monde puisse passer : parents et enfants, ceux qui sortent du boulot et habitent peut-être loin ...
C'est donc Catherine Vincent qui ouvrira le bal avec un set 100 % adultes. Je dis cela car à la maison nous les connaissons surtout pour leurs chansons à destination du jeune public (que ce soit Les contes de Malousque, Les 3 cochonnettes ou encore ). Ce soir ils exploitent une bonne partie de leur répertoire écrit notamment à propos de la révolution syrienne ; des textes qui font malheureusement écho à ce qui se passe en ce moment à Kharkiv* et dans le reste de l'Ukraine.
Des chansons sur l'exil (mais pas que) en français, en espagnol sud américain, an anglais ("you've got to fight for life girl"), en arabe il me semble aussi. J'avoue ne pas avoir beaucoup suivi, légèrement occupé à m'assurer que tout se passait bien à la caisse (tenue par Valérie et Gina à ce moment-là). Guitare, tambourin, harmonium, la soirée commencera en douceur pour le plaisir des petits comme des grands, dans un Intermédiaire qui se remplir lentement mais surement.
Changement d'ambiance radical (à l'image de la diversité de la scène marseillaise) avec Stella Pire, son synthé, ses sabots et sa coiffe de bigoudène. Hommage non caché au groupe Sttellla mais en "pire", notre Stella fait elle aussi de la chanson à textes truffée de jeux de mots. Si je ne dis pas de bêtises elle commencera par le morceau Let's Goa où elle ne parle que de Taj Mahal et autres indienneries ("hindou trois ...").
Des jeux de mots, mais pas uniquement comme dans son culte et toujours aussi efficace La Ménopause qui fera mouche, tout comme la très crue visite chez la gynéco (Donne moi tes lèvres), toujours avec cette accompagnement musical cheap à souhait et en même temps parfait. Gros succès aussi pour le morceau sur les ingés sons les sonorisateurs) comme nous avons pu en juger au stand merchandising ("c'est lequel le disque avec la chansons sur les ingés sons ?") lui aussi au profit des habitants de Kharkiv*.
Les suivants à fouler la scène seront le seul groupe que je n'avais encore jamais vu, à savoir Les Pas contents un quartet membre de la grandissante communauté de ukulélistes marseillais. Ukulélé, ukulélé, ukulélé et ukulélé et/ou basse, les Pas Contents font des (reprises de) chansons plus ou moins contestataires sinon en tout cas à textes, avec visiblement un goût prononcé pour ceux de Yves Jamait dont ils joueront Salauds et Y'en a qui .
Viendra ensuite le tour de Rich Di Martino aka Rich' du groupe Deus Exx Machina et accessoirement dessinateur de BD pour quelques reprises guitare-voix bien sympathiques. En général je ne suis pas très friand des reprises mais là je dois avouer que le choix des morceaux était plutôt à mon goût. Même si j'ai oublié les titres je sais qu'il y en avait un de Noir Désir (que je n'ai plus écouté depuis 2003), et une reprise des Foo Fighters en hommage au récent décès de leur batteur.
Il y aura aussi une très chouette reprise des Pixies avec sa fille au chant et pour finir, en enlevant la chemise qui révélera un magnifique t-shirt Phocea Rocks, une très belle version en français de Bella Ciao devenu Au revoir ma belle. Une bière plus tard je serai de retour au pied de la scène pour faire quelques clichés de ...
... Farouche Zoé en formule duo (la violoniste Blandine n'étant pas là), avec Hugo au chant et el Maestro Philippi à la mandoline électrique. Ils nous feront quelques uns de leur standards comme Paul, O Saracine (un peu d'italien donc!) ou encore Cindy. Léger, speed, festif, entraînant ... Exactement ce qu'il nous fallait pour la soirée. Mine de rien Farouche Zoé fait partie des groupes que je suis (avec toujours autant de plaisir) depuis maintenant plus de 20 ans (puisque la première chronique remonte à 2001)
Après les Farouche ce sera un autre "ancien". En effet lui, la première fois que je l'ai vu c'était carrément en 1999. Bref David, descendu d'Avignon exprès pour ce set d'une quarantaine de minutes a une nouvelle fois enchanté le public avec une de ses prestations hors normes qui fait immanquablement dire à mes potes qui le découvrent enfin : "ah oui je comprends mieux maintenant, je vais re-écouter le disque que tu m'as offert il y a longtemps".
Plus complètement sûr de ce qu'il jouera ce soir, mais il me semble qu'il commencera par Heartbeats des Knife, et qu'il y aura Caché, Lèche, Incompréhensible, en boucle, in the car et pour finir sa Petite Culotte a capela. Je suis toujours impressionné par le fait qu'il ne choisit jamais la facilité qui consisterait à enchaîner ses tubes les uns après les autres (et il commence à avoir l'embarras du choix) plutôt que de faire des morceaux moins évidents à la première écoute. Bref comme à chaque fois et comme récemment lors de son passage à la Meson tout le monde finira avec la banane.
Ensuite, ce sera au tour de Sam Karpienia échappé du MUCEM qui nous offrira un court (ce qui nous permettra de rattraper un peu le retard pris au fur et à mesure) mais intense set comme lui seul en a le secret. Entre transe occitane et post doc habité. Assis les yeux fermés, il enchantera le public d'habitués ou celui médusé qui le découvrait peut être ce soir pour la première fois.
Lui aussi ça fait un baille que je le suis ... il est d'ailleurs sur ce qui doit être ma première photo officielle de concert - dans Gacha Empega. Depuis je l'ai suivi dans la plupart de ses projets jusqu'à l'extraordinaire trio De la Crau avec lequel il vient de sortir un premier album. En tout cas ce soir il aura montré que même seul avec quelques bandes il est capable de faire un sacré barouf et d'emporter tout le monde avec lui.
Après ce instant magique beaucoup (dont moi qui ai vu Novitchok tout récemment) auront envie de se rafraîchir un peu devant l'Intermédiaire. Ceux qui en voulaient encore en prendront encore plein les oreilles (ça jouait encore très fort) avec le punk rock en français des Novitchok 234. Novitchok, Legion, Barricade, Lucifer ... Le groupe enchaîne ses morceaux Ramonenesques sans un temps mort.
666pack, Punk de prolo, Parmi les étoiles, ... Comme lors de leur précédent passage au Leda Atomica Musique je ne peux m'empêcher de penser à Raymonde & les Blancs Becs (sans le côté déconnade) en les écoutant. Eux aussi seront obligés d'écourter un peu leur set (n'oublions pas que nous sommes mercredi).
Lorsque Nicolas, Jules, Mathieu et Marine, montent sur scène à minuit moins le quart nous n'avons donc qu'une demi heure de retard. C'est en effet à Parade (qui re-foule la scène de l'Inter pour la première fois depuis 2 ans) de clore cette magnifique soirée. Et ils le feront avec classe avec un set des grands soirs, intense et habité.
Mine de rien cela faisait presque 2 ans que je ne les avais pas vus en concert. Un set que je suivrai un peu de loin, commençant à rassembler mes affaires, ranger un peu à l'étage, mais un set parfait pour redescendre en douceur après avoir passé une très belle soirée (au risque de me répéter).
Soirée doublement réussie car outre le fait d'avoir revu plein de potes et de nous être régalés, elle aura permis de récolter une belle somme. Merci aux groupes d'avoir joué bénévolement, merci à Alexis qui a choisi de ne pas être payé non plus, merci à l'Intermédiaire pour son enveloppe à la fin - qui venait s'ajouter à l'accueil royal des musiciens -, merci à l'ensemble des membres de l'asso Phocea Rocks et leurs sympathisants, et enfin merci au public qui est venu nombreux et à l'heure malgré la pluie pour apporter son soutien aux habitants de Kharkiv*
* Et pourquoi Kharkiv me direz vous ? Pour des raisons personnelles ; en effet Svet (mon épouse) qui a grandi là bas jusqu'à ses 18 ans a encore pas mal de copains de lycée. Du coup ce sont eux qui nous ont aiguillé sur le groupe Volunteer Kitchen "Juicy Strudel" qui a depuis le début du conflit cuisiné et livré plus de 7 tonnes de nourriture chaude aux hôpitaux de la ville et à ceux qui ne peuvent pas cuisiner eux-mêmes et à Наталья Чернявская qui coordonne une centaine de personnes qui referment les fenêtres détruites d'une centaine de foyers par jours (l'hiver n'est pas fini là-bas).
Vu le succès de cette première soirée et les besoins toujours importants là bas, vu que les bombes continuent à tomber même si ça ne fait plus la une des journaux, il y a de fortes chances qu'on organise une deuxième soirée dans le genre ! Stay tuned...
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Critique écrite le 03 avril 2022 par Pirlouiiiit
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