Chronique de Concert
Speech Debelle
Bon tout d'abord la première partie : So?Mash! pour se chauffer. Je choisis par lâcheté de conserver un silence poli sur leur prestation, d'abord c'est pas ma came comme style mais quand bien même....Pourtant le cabaret a fait un effort notable sur le son dont la qualité n'était parfois carrément pas à la hauteur.
Après une petite bière vite obtenue vu l'affluence toujours peu énorme et un changement de plateau bienvenu : une guitare, une batterie et une contrebasse, des micros et vl'à la petite demoiselle. Elle a l'air d'un gamine, n'est pas plus grande que moi mais dès l'entame choppe le public par sa maîtrise de la scène et de sa voix. Elle a une tessiture étrange, aiguë mais chaude et un flow terriblement bluffant.
Elle est expressive, inventive, toute en émotion contenue. Elle délivre sa therapy avec une assurance apaisante et énergisante. Elle sonne super juste malgré ses lyrics tourmentés et introspectifs, un bon règlement de compte avec son père, deux trois vannes à son keum.... Là où d'autres passent en force, pas de pleurs ou de gémissements intempestifs et pénibles, pas de pathos, mais des sentiments forts rappés avec une grande palette de textures et une grande liberté dans le flow. Faut dire qu'elle est backée juste comme il faut, les musicos et son backer sont aussi juste qu'elle. Ils soulignent, l'entraînent et enchaînent les registres rap, reggae, arrangements jazzy, pop et même très rock sur les derniers morceaux pour son prochain album avec un facilité et une grande technique mais l'air de rien, en douceur. J'ai même kiffé le guitariste c'est dire, bon pas autant que le contrebassiste quand même !
C'est vraiment un bon set, un peu court mais ça fait toujours ça quand c'est bien !
C'est frais et léger mais tout en profondeur et en nuance, elle est plantée là, s'amuse, tient la scène juste avec sa présence et sa voix.
Dans le paysage rap mainstream des effets, auto-tune, échos et boucles trop entendues elle se pose là, simple, nature peinture. Elle fait vaciller encore un peu plus les frontières du hiphop, se foutant des codes et des règles avec une authenticité et un légitimité qui contrastent avec son allure de gamine. On sort apaisés, réjouis et étrangement légers pour un dimanche soir...une Speech Therapy ?
Critique écrite le 29 avril 2010 par Camicam
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