Chronique de Concert
Splash Macadam
Pour moi qui les ai découverts sur le tard l'enjeu est d'autant plus important que les Splash Macadam jouent ce soir pour la dernière fois. Oui, la nouvelle est tombée il y a peu, vous avez bien lu : le dernier concert avant séparation ! Au même endroit que leur premier ! Le dernier alors même que le groupe diffuse gratuitement sur Soundcloud un album mille fois repoussé et dont on ne sait toujours pas s'il sortira un jour en vinyle. Bref, un joyeux bordel comme seuls les Splash Macadam en ont le secret.
Faut-il donc préciser que j'attends ce 5 septembre avec impatience ? Et fébrilité. Bordel, 7 mois sans concerts et je me débrouille d'être à la bourre... J'arrive trop tard pour le set du Jim Younger's Spirit. Il ne me reste que deux morceaux. Juste assez pour constater que l'ambiance est détendue et revoir avec plaisir des visages plus croisés depuis trop longtemps..
La " scène " ce soir consiste en un triangle de trottoir sur le coin d'une Plaine toujours en travaux. Les grilles de chantier sur fond de préfabriqués tiennent lieu de décor. Voitures, scooters et vélos slaloment à proximité dans le chaos urbain habituel. C'est ça le rock coûte que coûte. Pas de lights ni de fosse, c'est du rough city live, brut, sauvage et sans filet. Mais attention, ce n'est pas la fête de la musique non plus. Le son est super propre, ce qui me surprend très agréablement étant donné ces conditions particulières.
Les SM démarrent tranquillement, comme s'ils prenaient le temps de savourer cette dernière gorgée. Il ne faut pas oublier que, comme le rappelle Vincent, il y a 7 mois qu'ils attendent ce moment, 7 mois sans concerts. " Ça s'entend " crie une (fausse) mauvaise langue. C'est drôle, mais pas tout à fait exact. En fait tout le monde semble impatient, surexcité. C'est dans l'atmosphère. Ce soir on sent que le public zapperait bien les préliminaires si ça ne tenait qu'à lui. Comme une première sortie après 10 ans de taule. Sauf que les préliminaires, même un couple ceinture blanche de tantra vous le dira, c'est I.M.P.O.R.T.A.N.T., ça vous pose une ambiance, ça fait monter la température. Et avec les Splash Macadam, quand c'est à la bonne température, pas besoin d'attendre le 1er samedi du mois sur Canal.
Mais ça, les 4 garçons le savent et montent doucement en pression, jusqu'à devenir bouillants. Quand c'est à point, servez ! La recette prend les tripes (à la mode de Caen) comme à l'accoutumée. Une alternance de montées, de tensions retenues qui finissent par lâcher quand on ne s'y attend plus, qui tiennent en haleine et font tout exploser jusqu'à t'étouffer en criant comme un con dans un masque qu'en plus tu dois être le seul à porter ce soir.
La nuit tombe petit à petit, les gamins qui couraient devant la " scène " n'ont plus la place vu que la foule s'est agglutinée jusqu'à toucher les idoles d'un dernier soir. Mais on n'est pas là pour assister à un enterrement et la joie se dessine sur tous les visages, devant comme derrière les instruments.
Bien sûr, comme d'habitude, il se passe un truc (mais y a-t-il eu un seul concert des Sm sans qu'il se passe quelque chose ?) et Vincent doit changer une corde à la lumière d'un téléphone portable pendant que la section rythmique assure la transition comme si de rien n'était. La corde est enfin changée, le riff déchire les tympans. C'est un peu le signal, le moment où tout se débride et part en vrille. A la basse et à la batterie on est déchaînés, aux claviers imperturbable. As usual.
Ça pogote pas mal dans une ambiance bon enfant. Tout le monde est à fond, ça applaudit jusqu'aux terrasses des bars voisins. Il faut avouer qu'il est difficile de résister. Et puis " Je serre " arrive en final, le tube incontournable, orgasmique, et son refrain qui pénètre le cerveau jusqu'à te faire chanter des " ohohoh " jusqu'au bout de la nuit. Enfin, toi tout seul jusqu'au bout de la nuit parce que, malgré la demande du public (il faudra l'intervention de l'organisatrice pour s'expliquer), le concert doit s'arrêter comme prévu à 21h30. Plus de jus, pas de rab ni de rappel pour ce dernier concert. Il faudra se contenter de ce concentré d'énergie. Plus c'est long, plus c'est bon ? Bullshit. 1h15 de concert, préliminaires et orgasme compris. Mieux que Tinder le sex rock des Splash !
Et maintenant ? On a du mal à croire au coup d'un soir " pas la peine qu'on se rappelle-merci-au-revoir ". Sans que l'on en sache encore beaucoup plus, c'est à Claque que va désormais revenir la lourde tâche de reprendre le flambeau. Une claque sur les fesses ? Une claque dans la gueule ? De belles soirées en perspective...This is pas vraiment the end donc. Mais les questions existentielles, elles, demeurent : les Splash Macadam se reformeront-ils un jour ? Sortiront-ils un vinyle de leur vivant ? Le nouveau monde va-t-il enfin crever ? A suivre...
Bonus video :
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Critique écrite le 08 septembre 2020 par Lb Photographie
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