Accueil Chronique de concert Stanley Brinks + The Wave Pictures
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Chronique de Concert

Stanley Brinks + The Wave Pictures

Stanley Brinks + The Wave Pictures en concert

Poste à Galène - Marseille 22 Janvier 2009

Critique écrite le par

The Wave Pictures. Bien que ça n'ait aucun rapport, le nom de ce groupe me fait immanquablement penser aux nombreuses estampes d'Hokusai avec une vague au premier plan, volant la vedette au mont Fuji que l'on apperçoit généralement au fond.
The Wave Pictures existe depuis une dizaine d'années. Ils ont sorti leur "deuxième" album officiel (Instant Coffee Baby) à la fin de l'année dernière, le "premier" (Sophia) étant paru en 2005. Aucun rapport ? Pas si sûr.



Le point commun entre The Wave Pictures et Hokusai, entre Sophia et Instant Coffee Baby d'une part et Le mont Fuji vue de la mer et La grande vague de Kanagawa de l'autre, c'est la multitude d'ébauches qu'il y a eu entre, avant et après ces deux œuvres. Les membres de The Wave Pictures (David Tattersall, Franic Rozycki et Jonny Helm) ont en effet enregistré pas moins d'une dizaine d'albums entre 2003 et 2008, albums qui n'ont en réalité rien d'ébauches, et parmi lesquels on trouve de vrais bijoux comme le fabuleux The Airplanes At Brescia.

Mais leur production ne se réduit pas "seulement" à ces dix albums produits pendant ces cinq dernières années. Ils sont également présents, en tant que musiciens, sur de nombreux albums d'autres groupes, notamment ceux de la famille Herman Düne au complet, que ce soit avec Lisa-Li Lund, le duo David-Ivar/Neman (désormais connu sous le nom d'Herman Düne), ou avec le grand frère André (a.k.a. Stanley Brinks). En dix ans (ils jouent ensemble depuis 1998), à travers ces collaborations et leurs albums vendus par correspondance ou lors de leurs concerts, The Wave Pictures est devenu un groupe culte dans le microcosme de l'indie-folk-pop, se forgeant une réputation de groupe de scène virtuose au grand cœur.



Autant dire que leur passage dans une salle de la région était un rendez-vous obligatoire, pour les adeptes des Dünes ou ceux qui comme eux ont été bercés par l'unique et merveilleux album des Moldy Peaches. Le set des Wave Pictures commence, comme à l'habitude dans cette bonne ville de Marseille, avec près d'une heure de retard. Une heure pendant laquelle la salle du poste à Galène a le temps de se remplir. Chemises à carreaux et têtes d'enfants posés sur des corps d'adolescents... Tout porte à croire que les Wave Pictures ont commencé à faire de la musique à l'âge où nos jeunes babins s'abîment les yeux sur des consoles portables... C'est d'ailleurs sans doute ce qui explique leur virtuosité tant musicale que dans l'écriture des paroles. Les Wave Pictures, c'est un groupe de jeunes avec une expérience de vieux routards. Des compositions originales et énergiques, accompagnées de textes à la poésie absurde qui parlent du quotidien : la recette miracle qui fait la réussite et la gloire de la pop anglaise depuis plus de 50 ans.



Même si leur origine anglaise est incontestable, les influences principales de ces trois gars de Wymeswold (à mis chemin entre la triplette Liverpool/Manchester/Leeds et Londres) sont pourtant sans aucun doute à chercher de l'autre côté de l'atlantique. Juste de l'autre côté, vers Boston (les Modern Lovers), New-York (les Moldy Peaches ou même Lou Reed), ou dans le Mississipi (Robert Johnson, Otis Rush, etc.).

Des influences qui pourraient être lourdes à porter, mais qu'ils brandissent fièrement et majestueusement avec des riffs et des solos de guitare intemporels, une basse entêtante et une batterie sèche mais jamais brutale. La voix de David Tattersall, toujours sur le fil, évoque parfois celle de Ian Curtis, mais plus souvent celle de Jonathan Richman (période Modern Lovers) qui plane encore ce soir dans cette salle six mois après son passage. Leurs chansons, d'une simplicité apparente, captivent la salle. Les anglophones sourient à l'évocation d'une cafetière volée qui se venge en brûlant les doigts (Instant Coffee Baby), ou frisonnent sur Red Wine Teeth... Mais tout le monde danse (en souriant) sur Strange Fruit for David : "A sculpture is a sculpture, marmalade is marmalde, and a sculpture of marmalade is a sculpture, but it's not marmalade...". Les Wave Pictures méritent leur réputation de groupe de scène. Leurs compositions sont réjouissantes et leur bonheur apparent à jouer, contagieux. Le set se termine, après un "tell us what song you want to ear", par une chanson choisie par le public, ajoutant à la fraîcheur et à la spontanéité de leur concert.



Quelques minutes plus tard, Stanley Brinks entre seul sur scène, attrape sa guitare électrique, une Hofner 180 qui réduit à son minimum vital ce que peut être cet instrument : un manche, un micro, et un corps lilliputien. Il chante quelques calypso (deux de ses récents album enregistrés en compagnie de Clémence Freschard sont composés de reprises de ces chansons originaires de Trinidad et Tobago), emplissant la salle de sa voix si touchante. Il invite ensuite les Wave Pictures à le rejoindre sur scène. Le ton monte instantanément d'un cran avec Things Ain't What They Used To Be, puis End of the World, chansons toutes deux présentes sur l'excellent Stanley Brinks and The Wave Pictures enregistré l'été dernier. Logiquement, la plupart des chansons de cet album seront jouées ce jeudi soir, mais aussi de plus anciennes comme la troublante Home in the Water qu'André/Stanley a joué seul.



Clémence Freschard qui a fait tous ses albums avec André/Stanley les rejoint pour un It Must Be Looney enflammé et enjoué. Ce sera une des occasions d'entendre le saxophone de Stanley, une autre étant quand il descendra en jouer au milieu du public.



Il est impossible de parler de ce concert sans insister sur la voix de Stanley Brinks, voix qui sans être puissante (loin de là), impose le silence dans la salle entière de par sa présence, même lorsqu'il chante hors micro, sur la scène, ou juste en bas de celle ci. Un tel silence quand le bar est dans la salle, comme c'est le cas au Poste à Galène, est de plus en plus rare... Mais c'était le cas à chaque fois où on aurait pu entendre des conversations parasites : quand Stanley Brinks chante, on l'écoute religieusement, on se tait pour parfaitement sentir les frissons glisser dans notre dos. Certaines de ses chansons comme Hi, Jane parlent de choses très personnelles, alors que d'autres comme Why The Martians Are Gone évoquent des martiens qui, débarquant en Norvège, réalisent que ce n'est pas un "bon pays pour faire la guerre". Dans tous les cas, ses textes, emprunts d'une grande poésie, sont extrêmement touchants.




Il est également impossible d'évoquer cette soirée sans parler du groupe Herman Düne, ni de la façon dont André/Stanley "gère" sa "carrière". Il a quitté le groupe au moment où celui ci signait sur une major. Ne voulant sans doute pas entrer dans le jeux des promos à outrance, voulant sûrement garder la totale maîtrise sur sa production, prenant le risque de l'auto-production pour continuer à être totalement libre dans ses choix. A voir et écouter Stanley Brinks and The Wave Pictures ce soir là, je me dit que la musique qu'ils font est exactement celle que j'attendais après les admirables Mash Concrete Metal Mushroom et Mas Cambios que le trio Herman Düne (avec André, donc) avait fait en 2002. Qu'André, droit dans son pantalon baggy, a eu raison de ne faire aucune concession. Et que, même si il est maintenant plus difficile de se procurer ses albums (puisque ceux-ci ne sont quasiment plus distribués), le retrouver que ce soit dans cette formule en groupe, en duo avec Clémence Freschard (sur les séries Kreuzberg par exemple) , ou seul sur le récent BIT, provoque un plaisir rarement égalé dans la musique actuelle. Que l'entendre en concert et le voir prendre autant de plaisir à jouer fait partie des moments les plus magiques que l'on puisse vivre dans le public.






In the summer of 1973 / The boy was born and the boy was me / Born with blue eyes and blond hair / And relatives and origins everywhere / The boy was born and the boy was me / In the summer of 1973 / ... / On the day that you are born, you know who you are / ... / I played in a band, we toured the all world / The shows were exiting fun and unheard / ... / In the fall of 2006, I changed my name to Stanley Brinks / I moved away form my friends and familly / And became an ennemy of society...
(paroles de la chanson Stanley Brinks sur l'album Dank U)



(Pendant l'été 1973 / Le garçon est né, et le garçon c'était moi / Né avec les yeux bleux et les cheveux blonds / Et de la famille et des origines partout / ce garçon est né, et ce garçon c'était moi / ... / Le jour où vous naissez, vous savez qui vous êtes / ... / J'ai joué dans un groupe, nous avns tourné dans le monde entier / Les shows étaient excitants, amusants et inédits / ... / A l'automne 2006, j'ai changé mon nom en Stanley Brinks / J'ai quitté mes amis et ma famille / Et je suis devenu un ennemi de la société...)



Stanley Brinks :
https://www.myspace.com/therealstanleybrinks
The Wave Pictures :
https://www.thewavepictures.com/
https://www.myspace.com/thewavepictures
Freschard :
https://www.myspace.com/freschard

Plus de photos par Pirlouiiiit en cliquant ici

Bonus vidéo :


et une petite de the Wave Pictures :

> Réponse le 28 janvier 2009, par Chlorophil

Petite correction : il est extrêmement facile de se procurer les CD de Stanley Brinks, par correspondance, chez BY-RECORDS : https://www.byrecords.com   Réagir

> Réponse le 28 janvier 2009, par Tigrrr

N'oublions pas à quel point The Wave Pictures avaient été énormes l'an dernier à l'Intermédiaire, deux soirs de suite devant quinze ivrognes (dont moi-même), les Modern Lovers sur la Plaine, on y croyait, on y croit toujours....  Réagir


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