Chronique de Concert
Statonnells + Tonnerre Mécanique + David Merlo + Motto + ... (festival noise)
De retour de l'Archange où nous avons vu Fifi Rubato nous arrivons au No! pensant que la fête bat son plein. En effet une grosse vingtaine de groupes étaient annoncé pour une série de concerts commençant à 16h. Lorsque nous arrivons à 18h30 pas le moindre son lorsque nous entrons dans la cour de cet ancien théâtre marseillais à l'abandon. Adhésion 1 euro (prix conseillé minimum) + participation libre pour la soirée.
Il y a déjà pas mal de monde, mais en effet pas de live pour le moment. Nous en profitons pour visiter ce qui était le théâtre Nau (si j'ai bien compris l'un si ce n'est le plus vieux théâtre de Marseille) jusqu'à son abandon il y a quelques mois. Idéalement placé dans le centre (à 200 mètres de la Plaine) dans une rue relativement calme, doté d'une cour et d'un immeuble entier, l'endroit a vite trouvé de nouveaux utilisateurs.
Je dis volontairement utilisateurs et non squateurs comme j'ai pu lire ça et là parce que les gens qui occupent ce lieu de façon ponctuelle, continuent à lui donner vie en organisant des spectacles ou soirée comme le "festival noise" de ce soir qui réunira beaucoup de monde (vers minuit ils ne laisseront plus rentrer personne). D'ailleurs je les ai trouvé sous des airs décontracte / punk / cool / fumeurs extrêmement professionnels (si ce n'était pas le cas cela ferait longtemps que l'aventure No! serait terminée).
Bref nous visitons donc le lieu en famille. Le théâtre proprement au sous sol, la salle de concert principale ce soir au rez de chaussée, et puis au premier de part et d'autre d'un long et très étroit couloir une pièce de relaxation lecture (les gens sont allongés sous une toile tendu à haute de poitrine pendant que des lecteurs lisent debout donc au dessus), deux pièces avec DJ (dont une friperie décorée dans un style "pour enfant" mais qui aura plutôt effet de faire fuire Lucie) et quelques autres portes fermées.
Comprenant que même le planning annoncé ne sera pas vraiemnt respecté nous allons manger un bout et c'est finalement seil que je reviens (vu que la suite sera moins family friendly). Lorsque je reviens les Statonnells sont en train de s'installer. Plus nombreux que la fois où je les avais découverts à l'Enthropy ils rentrent à peine sur la petite scène. Un violoniste / chanteur, une trompettiste qui joue dans un saladier plein d'eau, deux percussionnistes dont un aux yeux peints et un guitariste (plein de patafix).
Au fur et à mesure de leur set calme mais hypnotique la salle se remplira jusqu'à ce qu'il devienne difficile de circuler (il faut dire le bar se situer aussi ici). Mélange d'instruments traditionnels et d'expérimentations avec comme fil conducteur la transe. Les morceaux sont donc longs et répétitifs (mais différents les uns des autres) et ça marche ! Chacun est à sa place et au service de ce même objectif : nous emporter avec eux.
Sur la fin de leur set j'irai faire un tour en bas ... où le tandem de La Force Molle a commencé son uvre. Ils peignent à deux sur une immense toile sur lequel un homme projeté danse, guidant les 2 peintres. ... je continue à errer ... direction l'étage ... je passe devant l'écran de télé près des toilettes qui passez des bouts de films porno et autres performances sexuelles tordues ... je rentre dans la première pièce à droite.
Si je me fie au programme affiche il doit s'agir de Opetit + Bug (merci de me corriger !). Un gars aux machines (que je ne connais pas) et un autre à la guitare. Lui je le connais il s'agit de Hervé Boghossian aka Harvey Digger dans certaines de ses performances solos. Cette fois c'est très expérimental. Une guitare électrique plaquée contre un des ampli, l'un qui trifouille derrière un labyrinthe de câbles, pendant qu'une fille (un peu à l'ouest) colle son nez à la guitare de Hervé, pendant que celui ci continue imperturbable. Le tout avec une chien assis devant. Vision assez surréaliste, mais il y a un peu trop de monde pour moi et je ne veux pas rater ceux qui devraient commencer au sous sol.
Finalement, ayant décidé qu'il y avait trop de monde pour moi au 1er je ferai le yoyo entre le rez de chaussée et le sous sol (où je pourrai apprécié la progression de l'uvre de La Force Molle) passant à l'occasion devant une autre télé où sont filmées des femmes en train de se malaxer les seins (elles sont habillées pour le reste) menée par une qui à l'air de réciter des prières / incantations (en russe).
C'est finalement Tonnerre Mécanique qui attaquera au Rez de chaussée. Trio guitare basse batterie. Que dire pour décrire leur musique assez bruyante ? Que le bassiste joue dans le/ dos au public (en bord de scène) la plupart du temps, que son son et jeu de base me fait penser à Ulan Bator à quelques reprises. Que le guitariste chante / hurle même si il n'a pas de micro (ce qui est peur être dommage).
Que le batteur comme souvent dans ces groupes a une importance capitale puisque c'est souvent uniquement son instrument qui surnage du bouillon sonore des deux autres. Les morceaux sont plutôt courts et vite enchainés. Même si certaines fins sont un peu abruptes, au moins on n'a pas le temps de se lasser. Leur sourire fait plaisir à voir.
Me revoilà dans la salle Antoine Maurel (le théâtre) où David Merlo a enlevé le grand manteau noir dans lequel je n'ai pas arrêté de le croiser ce soir et est en train de s'installer. Il attaquera dans le noir complet avec dans le fond la peinture toujours en court ... avant que quelqu'un n'appariasse sur la mezzanine pour l'éclairé. Pas de vidéaste collé devant lui ce soir et un set expérimental qui passait carrément bien dans un tel cadre (en tout cas beaucoup mieux qu'au Poste à Galène par exemple.
Devant un par terre de gens assis ou passant il fera appel à ses différentes façons de martyrisé son instrument, assurant pour moi l'intermède entre Tonnerre Mécanique et Motto que j'avais très envie de voir depuis que j'avais réalisé que le duo était composé de François Rossi à la batterie. Lorsque je remonte du set de David (pas encore fini) je découvre que Motto a déjà attaqué.
Bonne surprise par contre je vois que l'acolyte de François n'est autre que Jules Bernable à la basse. Bref la section rythmique de Punjab qui m'avait tant impressionné au Leda Atomica Musique en 2008 ! La suite c'est trois quart d'heure de plaisir avec un musique particulièrement touchante et prenante (en tout cas pour moi), et impossible à capter correctement en photo ce soir (surtout avec une carte mémoire pleine).
Ca joue incroyablement bien et parfois vite. Si Jules ne laisse rien paraitre, en revanche François a parfois l'air de souffrir. Mais on imagine assez bien le plaisir qu'ils éprouve à produire une telle musique. En plus de la puissance et de la technique je suis aussi impressionné par le fait que les morceaux ne se ressemble pas (comme c'est souvent le cas dans les duos basse batterie).
Jules notamment sort parfois des sons limite guitare de sa basse. Le public à fond se met à pogoter. La grosse caisse de la batterie n'arrête pas de glisser, si bien que la batteur de Méandres passera finalement tout le concert en la tenant avec son pied. Lorsqu'ils ont fini leur set ils ont tout donné et moi j'en ai vraiment pris plein les oreilles.
Il est minuit, je pars sur cette très bonne impression. Un dernier petit tour dans la cour bien peuplée maintenant. Je constate en partant le professionnalisme et l'amabilité des gens à l'entrée (pas facile de trouver le juste équilibre sécurité / anarchie). Je fais à peine quelques pas et me revoilà dans la rue où je passe régulièrement depuis plus de 20 ans ... je me suis toujours demandé ce qu'il y avait derrière ce mur.
Maintenant je sais. La soirée est loin d'être fini. C'est même complet et pourtant on n'entend presque rien de la rue ... à se demander si je n'ai pas rêvé tout cela !
Longue vie au théâtre Nau et au No !
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Critique écrite le 26 février 2012 par Pirlouiiiit
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