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Chronique de Concert

Stephan Eicher

Stephan Eicher en concert

Usine - Istres 05 Février 2013

Critique écrite le par

Un véritable mur de vielles enceintes au milieu desquelles, si l'on regarde bien, se trouve une petite maison d'oiseaux. Des lampes tempête suspendues. Des instruments de partout. Une ambiance à la fois chaude et impressionnante. Des consignes photos draconiennes et une Usine bien remplie ... Voilà ce qui nous attendait ce soir pour ce concert de Stephan Eicher. Seconde fois que je le vois sur scène. Mais la première était plus que particulière, puisqu'il la partageait avec Philippe Djian ... Juste mon écrivain préféré ! J'avais aimé. Beaucoup aimé même et là j'attends d'en apprendre plus sur cet artiste qui m'a toujours semblé atypique : Drôle de voix. Drôle d'homme. Drôle de répertoire ... Je suis prête à en découvrir plus.



Petit message anti Smartphone très humoristique, façon annonce TGV (j'ai trouvé ça plutôt drôle). Puis les lumières qui baissent tout doucement, ce qui attise l'envie du public. Avec même un "Aller Stephan ... Booouuuge !!" Le choc des cultures sans doute :P !!

Il arrive enfin sur scène, dans un costume hyper classe, comme d'habitude, avec ses faux airs de D'Artagnan et sa cravate à poids juste ce qu'il faut de décalée. Envoie un disque sur la vielle platine en place. Puis il s'installe au piano, simplement accompagné de quelques cordes. je ne vois pas son visage d'où je suis. Juste l'ombre de ses cheveux. Je suis un peu impressionnée par cette drôle d'atmosphère, cette immense scène si bien "habillée" et le seul son du piano. Viennent ensuite les autres instruments, qui entre dans la danse de manière discrète et presque insaisissable. Violon, guitare, cor et batterie ... Ça tournoie. C'en est même entêtant ... Ça y est, on y est !! Et cette intro est juste une véritable démonstration musicale qui laisse présager du reste ...



Les musiciens commencent alors une ronde des instruments qui durera tout le long de ce concert. Stephan Eicher se retrouve dos à nous. Les garçons entonnent les chœurs de la douce ritournelle de Morge ... Et à chaque fois, ils vont nous la jouer comme ça. On commence l'air de rien et puis les instruments se mettent à envoyer de plus en plus fort, le tout devant un public qui se met peu à peu à chanter. Un enchaînement sans le moindre mot de sa part et ce jusqu'au 5ème morceau. Pas grave. De toute façon, nous sommes comme en apesanteur ...

Et lorsqu'il prend enfin la parole, après cette chanson mi-parlée et mi-chantée qu'est L'Exception, entre Rock et musique tzigane, c'est pour nous rassurer en riant quant au fait qu'il va aussi faire d'anciens morceaux. Ça, plus une digression sur les religions qui n'a juste rien à voir ;) ! Démarre alors Hope, avec son violon très "champêtre" et son parfum cow-boy qui tire quelques "Hi How !!" du public. Et même lui s'y met d'ailleurs, nous demandant au passage si nous désirons qu'en soit changée la tonalité ! Alors pourquoi pas ... "Allez !! On change !"



Il continue de souffler le chaud et le froid. Nous offrant de véritables moments de félicité et faisant l'andouille avec les autres l'instant suivant, à coup de ... "Beaucoup moins fort la guitare !" Et de ... "Il faut pas que tout le monde sache que c'est le premier concert de la tournée ! Jusque là tout allait bien !!"

On continue avec Confetti (n'y aurait-il pas du Djian là-dessous encore une fois ?!! Evidemment que si ...) C'est comme un road movie. Comme si on traversait des contrées différentes, d'incroyables inspirations, pour un rendu très intense et une utilisation des instruments dans toute l'étendue de leurs possibilités. Les lumières sont elles aussi très belles, avec toutes ces enceintes qui s'habillent de drôles de couleurs ... Et du western, on passe à un univers Rock au parfum de Blues ... Le public reprend le refrain de Papa Was A Rolling Stone en anglais, avec des lumières flash qui partent et renforcent encore cette sensation de voir défiler les fenêtres d'un train fou. Les riffs de guitare s'emballent et se mêlent aux violons. C'est à la fois tonitruant et subtil.



Retour au piano et petit dialogue privé avec un expansif dans la salle ... "Tu veux bouger? Marche un peu. On a une musique pour marcher. Monsieur, c'est à vous !! Non, il ne sort pas d'un bar, il est dans la nature claire. Non, on est à Vienne ! Monsieur, je crois qu'il vaut mieux rester calme ! Il faut apprendre d'attendre ..." La poésie amenée par le violon à la Rivière est juste magique et elle se mêle à celle des paroles. Elles ne font bientôt plus qu'un. Je suis transportée.

Il demande l'accord à son violon ... "Ben on reprend. C'est pour ça que je veux pas qu'on me filme !" Petit pont. Passage à la guitare, accompagnée d'une percu presque salsa. Le noir. La fumée. Des rayons bleus. Une imagerie totalement irréelle pour Donne moi une seconde. J'en garde même le stylo en l'air (et ce n'est pas peu dire pour qui me connait !!) Piano, trompette, on est submergé par cette vague de musique.



Retour au monde réel (quoi que ...) et à un peu plus de calme. Ça commence comme une musique douce, avec même un petit parfum Yéyé. "The same sad song ..." comme un Rock complètement désossé et remonté à sa manière. C'est très bon et ça ne ressemble juste à absolument rien d'autre. Il se met à sauter genoux pliés face à face avec son guitariste ... Il s'éclate quoi !! Puis il remplit les blancs avec des papotages sur le temps et annonce le moment à filmer (ça tourne quand même un peu à l'obsession ces histoires de filmage) : Il sort son mouchoir ! "T'es trop beau quand tu te mouches !!" lance une voix féminine. "C'est ma cousine ... Merci ! Cette chanson est pour toi" répond-il en riant.

On retrouve comme l'inspiration du début de set. Ça tourne à la folie, à la les voir ainsi tous en cercle. Et puis viennent les premières notes de Déjeuner En Paix, accompagnées d'une clappe unanime et de cris. Le public ne fait plus qu'un seul chœur pour cette version carrément Rock, juste superbe, avec un de ces solos de guitare électrique, suivi d'un autre de violon tout aussi faramineux ... Je ne vous dis que ça ! Sincèrement, je suis scotchée. Jamais je n'aurais pensé trouver une puissance pareille ici ce soir. Ce sont de putain de musiciens quand même !!



Le public est définitivement parti. Il n'a plus besoin de personne pour chanter et Eicher s'en arrête même pour l'écouter sur Pas D'Amie Comme Toi. "C'était super bien ! Beaucoup mieux qu'avant hier !!" C'est comme un rappel en plein concert ! Mais la fin commence à poindre le bout de son nez (on en est à 16 morceaux tout de même ...) Les lumières descendent. Poème sur les hommes qui se pressent dans Tous Les Bars. Quand une femme est dans un bar, tous les hommes se pressent, se pressent ... Ils crient presque tous ensemble et balancent les lampes tempêtes. La musique comme un défouloir. Leurs cris comme des onomatopées. C'est assez bluffant.

Vient la dernière, à nouveau au piano. "Tout doit Disparaitre". On passe de la folie de tout à l'heure, à ça ... Décidément, jusqu'au bout il ne se lassera pas de nous surprendre. Et d'une manière ou d'une autre, je peux vous assurer que ça vous prend là. Ils partent un par un. Lui reste le dernier ... "Merci beaucoup ..." Et nous on reste comme ça, attendant qu'il se passe encore quelque chose.



Il va revenir seul, sur des applaudissements qui ont du mal à prendre fin. Tu Ne Me Dois Rien. Lui. La Guitare. Les voix du public. Envie de fermer les yeux ...

Puis tout le monde revient sur scène. Il repasse une dernière fois à la guitare électrique pour Combien De Temps qui va s'avérer plutôt rigolote, toute hachée juste avant de totalement exploser. Son rythme est complètement brisé, tout détricoté. C'est impressionnant comme il aura su nous faire cela tout au long de la soirée.

La dernière excursion de notre voyage extraordinaire sera Tzigane et Flamenca. Et cette fois, c'est à tour de rôle qu'ils vont se faire plaisir. Tambour en bandoulière pour le batteur, tout devant. On a un véritable Jazz Band rien que pour nous. Les quatre musiciens viennent nous faire la nique ... Guitare, trompette, cors et tambour ... C'est festif et tourbillonnant, pour une dernière danse dans sa langue natale. Plein les yeux. Plein la tête. Plein le cœur ... Je repartirais sur un petit nuage.



Stephan Eicher : Chant, Piano & Guitare
Hank Schizzoe : Guitare
Baptiste Germser : Basse & Contrebasse
Johan Renard : Violon, Piano & Trompette
Simon Baumann : Batterie

Setlist
1 - La Relève
2 - Morge
3 - Le Sourire
4 - L'Exception
5 - Hope
6 - Confetti
7 - Dans Ton Dos
8 - Les Hauts, des bas / Papa Was A Rolling Stone
9 - Rivière
10 - Donne moi une seconde
11 - Envolées
12 - 2P 1R
13 - Ce Peu D'Amour
14 - Déjeuner En Paix
15 - Pas D'Amie (Comme Toi)
16 - Tous Les Bars
17 - Disparaitre
--------------------------------------------
18 - Tu Ne Me Dois Rien
19 - Combien De Temps
20 - Hemmige

Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte

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