Chronique de Concert
Steve Hackett & Genesis Revisited
Splendide concert de Steve Hackett mardi soir dans le cadre de la vénérable Salle Pleyel. Le guitariste anglais y reprenait l'intégrale du double live "Seconds Out", dernier album de Genesis auquel il ait participé, en plus de quelques extraits de sa carrière solo.
Alors, mieux vaut e pas être allergique à un peu de grandiloquence. Genesis, et le rock dit progressif en général, provoquent souvent chez les amateurs de musique binaire des convulsions de douleur et/ou d'hilarité, et il est vrai que certaines atrocités prétentieuses commises par les chantres de ce genre dans les années soixante-dix ont pu décourager même les plus audacieux.
Que les ayatollahs du rock continuent à se gausser. Qu'ils aillent dormir sous les ponts ! C'est vrai que Genesis n'a jamais été "cool". C'est vrai qu'ils n'ont jamais été "à la mode". Mais les premiers albums du groupe, ceux enregistrés avec Peter Gabriel et Steve Hackett, avant que le groupe ne se transforme, sous la férule de Phil Collins, en une implacable machine à hits pour les stades, restent de magnifiques disques de musique étrange, fascinante, virtuose, lettrée, déroutante, et éminemment anglaise.
Et c'est donc sur ce répertoire que ce concentre Hackett ce soir. Son groupe, astucieusement baptisé Genesis Revisited, est impressionnant : le chanteur Nad Sylvain campe un Peter Gabriel très convaincant, et le batteur Craig Blundell reproduit les parties de Phil Collins avec puissance et finesse. Les autres musiciens ne sont pas en reste, mais c'est évidemment pour le jeu de guitare de Steve Hackett que la salle est pleine.
À 71 ans, il reste ahurissant de dextérité, de fluidité, de subtilité et d'inventivité. Sans esbroufe, sans ostentation, juste un grand musicien au service d'une musique parfois complexe et exigeante mais toujours généreuse. Quel plaisir que d'entendre le guitariste reproduire ses leads de "Firth of Fifth", "Supper's Ready" ou "The Cinema Show" ! Accompagné d'un light-show époustouflant, le groupe a donné une performance épique qui a duré près de cent-cinquante minutes.
Ce qui reste Genesis a depuis longtemps tourné cette page de sa carrière, même si Phil Collins, Mike Rutherford et Tony Banks jouent encore quelques extraits de cette période sur scène. Peter Gabriel est lui aussi passé à autre chose, avec le succès que l'on sait. Mais ces morceaux méritent d'être joués et méritent d'être entendus. Évidemment, il y a des cover-bands à succès comme l'excellent The Musical Box, mais aucun n'a la caution, la légitimité qu'Hackett confère à Genesis Revisited. Alors qu'un retour du groupe original semble hors de question, c'est désormais à Steve Hackett qu'il incombe de porter bien haut l'étendard du Genesis progressif, le seul, le vrai.
Plus (beaucoup plus !) de photos et chronique en anglais ici : www.ElectricEyeRock.com
Critique écrite le 02 décembre 2021 par Electric Eye
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