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Chronique de Concert

Steve Hackett

Steve Hackett en concert

Le Trianon - Paris 26 Mars 2017

Critique écrite le par

Un concert de rock progressif un dimanche soir à Paris, tout seul, après une nuit blanche (pour cause de boulot le samedi soir) et en venant de Marseille? Bah allez pourquoi pas ? Me voilà donc parti pour assister à une représentation de Steve Hackett, seul membre historique de Genesis que je n'avais encore jamais vu sur scène. Petit rappel des faits, Hackett est entré dans le groupe en 1971 en même temps que Phil Collins, il fut le premier membre du groupe à sortir un album solo ("Voyage of the Acolyte") et quitta le groupe en 77, deux ans après Peter Gabriel. Son influence dans le groupe se fit de plus en plus importante au fil de sa participation, et à mon humble avis, son départ marqua une rupture plus importante dans le son et le style du groupe que celui de Peter Gabriel.

Ayant pris ses distances avec le groupe durant des années, il fait un come back dans cet univers depuis quelques années, en publiant deux albums de reprises : "Genesis Revisited (Volume 1 et 2)" puis en enchaînant carrément des tournées sur ce thème. En effet, le groupe étant plus ou moins dissous depuis de longues années, son répertoire est laissé en friche depuis longtemps, encore plus si l'on se limite à la période 71-77 (puisque les versions les plus récentes du groupe mettaient quand même l'accent sur les années 80, période plus marquante commercialement parlant).



C'était donc pour moi, en vieux fan de Genesis, un pur trip nostalgique que n'assister à ce concert. Après avoir débarqué dans l'après midi pour assister à une séance de dédicace (payante), je rejoins ma place dans cette superbe salle du Trianon. Je m'attendais à un public un peu coincé, mais au contraire, c'est avec beaucoup de bienveillance et de chaleur que le groupe est accueilli sur scène. Le show est partagé en deux parties (avec une entracte) : une première basée sur la carrière solo de Steve Hackett (26 album quand même !) et en particulier son nouvel opus, "The Night Siren", puis une deuxième partie, totalement centré sur le répertoire de Genesis, avec un fort avec un fort accent mis sur l'album "Wind And Wuthering", son dernier avec le groupe, qui fête ses 40 ans cette année.

La première partie passe bien mieux pour moi que ce que je pensais, étant donné que je ne suis pas spécialiste de sa carrière solo. Huit morceaux de rock progressif quasiment totalement instrumentaux, excepté quelques choeurs, joué par un groupe de cinq musiciens, Steve Hackett à la guitare, un clavier, un bassiste, un batteur et un tuba (qui apporte une vrai couleur à l'ensemble). Je trouve même que, vu le style assez particulier, voire un peu austère de ce genre musical, il y a une très bonne ambiance dans la salle, un magnifique light-show, et un Steve Hackett, au premier plan sur scène qui échange pas mal avec le public entre les morceaux. Seul bémol pour moi (mais qui m'a un peu sorti de l'ambiance sur le moment), quand j'ai cru me rendre compte que sur deux passages chantés du dernier album, Hackett était en play-back sur la voix. C'était pas grand chose, juste quatre phrases en tout, mais c'était suffisamment marquant pour que je le remarque (visiblement mes voisins n'y ont vu que du feu). Et dans ce style musical, qui demande quand même une certaine virtuosité des musiciens, j'ai trouvé que ça faisait tache.



Mais pour moi le plat de résistance était la deuxième partie, centrée sur Genesis. Le groupe revient alors sur scène accompagné du chanteur Nad Sylvan, espèce de créature étrange, entre le vampire échappé d'un bouquin d'Ann Rice, et l'elfe des Terres du Milieu, mais parfait dans le cadre d'un groupe de rock progressif 70's. Le groupe déroule alors comme prévu l'essentiel de l'album "Wind and Wuthering", et c'est un pur délice pour moi. Tant de morceaux qui me sont si chers, que je peux entendre pour la première fois sur scène, dans des versions très proches des originales, avec le son de guitare si caractéristique de Steve H. et le petit truc en plus apporté par le tuba (qui ajoute aussi un peu de flûte ou un discret saxophone sur certains morceaux). L'ambiance, qui était déjà très bonne, monte encore, et c'est un vrai moment de plaisir collectif que vit le public. Le groupe enchaine ensuite sur "Inside & Out" (une perle rare issue des sessions 77 mais juste sortie sur un maxi single), puis sur les classiques de l'époque Gabriel "Firth of Fifth" et "The Musical Box". Un dernier morceau en rappel avec Los Endos, et le groupe peut quitter la scène devant un public extatique...

Genesis est un groupe qui ne fait pas l'unanimité, mais c'est aussi un groupe qui n'a jamais vraiment su se vendre, n'a jamais défrayé les chroniques ou trimbalé une aura sulfureuse autour de lui. Genesis, c'est un groupe de musiciens sans histoires, qui ont toujours respecté des fans qui le leur rendaient bien. C'est un tronc commun qui a permis à presque chacun de ses membre de s'épanouir au sein du groupe et en dehors. Beaucoup ont fantasmé sur une éventuelle reformation du line up "historique" à 5. Mais je pense sincèrement qu'une telle reformation n'aurait jamais pu voir réellement le jour. Commercialement parlant cette reformation aurait été un paradoxe total, une équation insoluble. Le grand public, qui aurait été attiré par le groupe qui a pondu de tels tubes et les noms de superstars telles Phil Collins et Peter Gabriel, se serait senti floué par un groupe qui n'aurait joué que les perles des 70's inconnues du grand public. Et un tel répertoire n'aurait pas eu de sens dans une tournée des stades. C'est pourquoi, je pense aujourd'hui que cette formule trouvée par Steve Hackett représente la meilleure façon possible de rendre hommage à cette musique. J'ai pris, avec quelques centaines de privilégiés un plaisir fou, et j'espère avoir l'occasion de le revoir dès que possible !


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