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Chronique de concert Steve Poltz (Moab Folk Festival)
Jeudi 21 novembre 2024 : 6751 concerts, 27229 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Chronique de Concert
Steve Poltz (Moab Folk Festival)
En général quand nous visitons un endroit que nous ne connaissons pas, pendant que Svet regarde les balades à faire et les coins qui ont l'air sympa pour manger, je regarde les éventuels concerts. Arrivés de nuit à Moab jeudi c'est dans le Moab Happenings que j'ai appris l'existence de ce concert le vendedri dans le cadre du Moab Folk Festival. Concert gratuit dans un des parcs de la petite ville ... parfait, même si je ne connais pas l'artiste. L'article qui accompagne la pub dans le journal est assez élogieux, fait référence à son ancien groupe The Rugburns que je ne connais pas et a l'air de dire qu'il est plutôt drôle.
Lorsque nous arrivons dans le bon park, le concert a été déplacé au City Center Ballpark, le concert a déjà commencé. La scène est installée sur la 2ème "base" du terrain de baseball, le public est assis loin de la scène sur la pelouse ... surement plus à la recherche d'un peu d'ombre que pour des raisons sanitaires ou par timidité. Notre premier contact est donc un homme isolé aux longs cheveux argentés, son chapeau et sa guitare devant un public attentif.
Au moment où nous entrons il est en train de parler de son père et nous diffuse alors en guise de chanson un enregistrement de ce dernier racontant sa rencontre "love at first sight" avec celle qui allait devenir sa femme et donc la mère de notre chanteur. Pendant tout le morceau il se tiendra près avec sa guitare (Smokey Joe comme inscrit au dos) comme s'il allait intervenir mais écoutera en fait l'enregistrement (très Johnny Cash) comme nous.
Après un premier morceau de bonne folk américaine, un peu frustré par la distance je me rapprocherai et me calerai à une dizaine de mètres de la scène pour découvrir un chanteur au visage illuminé à qui je trouve un petit côté Woody Harrelson. Ne disposant pas de set list et ayant noté un peu les choses en vrac et fait une dizaine de vidéos la suite de la chronique ne sera pas forcément aussi linéaire que ce que j'aurais aimé.
Parmi les morceaux qu'il jouera ce soir il y aussi ce Don't crash that car co écrite avec son ami Billy Strings dans sa "magic room" à Nashville où il habite désormais avec sa femme Sharon (comme Sharon Osbourne). Né à Halifax au Canada en 1960 il a eu le temps de parcourir du pays. Auteur de déjà 12 albums il piochera allègrement dans son répertoire immense et notamment dans ses 2 derniers albums que nous achèterons à la fin de son show.
Car en effet il s'agit véritablement d'un one-man-show. Entre ses chansons ou parfois même pendant certaines il n'hésite pas à faire le pitre et y prend même un plaisir évident. Ce qui est aussi remarquable avec lui c'est qu'il articule tellement bien qu'on comprend absolument tout ce qu'il raconte, y compris les paroles de ces chansons qu'on entend pourtant pour la première fois.
Il fera allusion quelques fois à une chanteuse du nom de Jule qui s'avèrera en fait Jewel avec qui il collabore visiblement depuis longtemps (il a notamment co-écrit le hit You Were Meant For Me). C'est aussi avec qu'elle qu'il ira faire une excursion en bateau pour voir des baleines en compagnie de policiers, qui se terminera en coup de filet ("drug bust"). Des histoires à dormir debout (ou plutôt à éclater de rire) il en a un paquet.
Comme cette fois où il nous raconte cette visite dans une friperie comme il en existe partout aux états unis dans laquelle il a trouvé cette super chemise avant de se rendre compte qu'il est en fait chez des gens et non dans un magasin et de s'enfuir avec ladite chemise quand ces derniers ont refusé de lui vendre. Ce qui donnera naissance à la chanson the Hand me down dudes qu'il nous fera a capella.
Pour parler de ce morceau joué à Woodstock 99, toujours avec Jewel entre le set de Elvis Costello et celui des Red Hot Chili Peppers où les choses ont commencé à partir en vrille apparemment. Mais aujourd'hui c'est tellement plus cool car son solo est accompagné par une fille qui fait du hula hop dans le public (je cite)
Des interactions avec le public il y en aura, là aussi entre les morceaux ou pendant les chansons auxquelles il n'hésite pas à ajouter de couplet. Ainsi peu avant la fin du premier set il me remerciera en chanson de m'être assis aussi près et invitera les autres à en faire de même après la pause. Pause à laquelle il sera à son stand pour vendre les 2 derniers vinyles de son dernier album, des CD de ces deux derniers et surtout ce t-shirt incroyable où on le voit en train de jouer de la guitare sur un tacos porté par des fourmis !
Après avoir un peu échangé avec lui pendant la pause je retournerai me placer devant pour son deuxième set qu'il attaquera avec la très belle Shine on de cette belle grosse voix chaude. Puis il nous parlera du soir de 2020 où il a été réveillé par les pleurs de sa femme qui venait d'apprendre la mort de John Prine touché par la COVID.
Et de revenir sur cet épisode surréaliste (raconté comme un sketch avec imitation des voix et tout) où on lui avait demandé d'aller chercher John Prine pour l'amener au Disney Store pour acheter des cadeaux pour ses enfants. Qu'il avait débarqué dans sa camionnette crade directement après être allé surfé, l'avait emmené presque jusqu'au Mexique plutôt que de lui faire traverser la rue (le magasin étant en fait en face de l'hôtel). L'histoire s'étant terminée pour Steve par un bon moment en compagnie d'une de ses idoles et 2 places au premier rang de son concert complet et pour nous par une reprise de Fish & Whistle si je ne dis pas de bêtise.
Il nous racontera aussi pourquoi il aime les concerts en 2 sets. Car autant le premier set c'est un peu comme tremper son doigt de pied dans l'eau pour prendre la température aucun pour le deuxième on peut se lâcher et aller beaucoup plus loin. Et effectivement ce sera le cas ... il descendra plusieurs fois pour jouer dans le public notamment pour interpréter cet instrumental Chinese checkers composé pour 2 joueurs d'échec chinois à Battery Park, NY qui n'en avaient visiblement rien à cirer.
En vrac il nous parlera des leçons d'écriture qu'il lui arrive de donner (écrivez une chanson comme si elle ne devait être écoutée par personne pour être sûr de faire ce que vous avez vraiment envie de faire), de ce nouveau festival qu'il va lancer début octobre du côté de Joshua Tree qu'il a décidé du mot inventé par son père dont il était question dans une des chansons de son premier set : BaHOOTenzie FolkFest
En plus des multiples références à sa vie et se rencontre ses chansons ou interventions seront aussi émaillés de références à des livres comme Misery de Stephen King dans son histoire de John Prine ou Skinny Legs and all de Tom Robbins dans lequel une boite de haricots tombe amoureuse d'une cuillère ... je crois que ce sera au moment où il décide de dédier sa chanson au tabouret
Il nous fera aussi un impro I took a cab to Moab à base de beatbox, pédale loop et d'effets bizarres sur sa voix. On est alors très loin de ses morceaux folks. Comme ce magnifique You remind me écrit au Mexique encore ce qui sonne comme un credo Folksinger (et son motherfolker) dans lequel beaucoup d'artistes qui tournent se reconnaitront et qui illustre parfaitement sa capacité à faire des chansons au contenu moderne qui sonnent pourtant déjà comme des classiques du genre.
Très belle intro aussi, touchante et/car vécu pour rendre hommage à son oncle Louis qui lui a appris à chanter, à qui il a amené un cheesburger sur son lit de mort et devant lequel il avait l'impression de retrouver ses 7 ans (en tout cas sa voix de 7 ans - dont il nous donnera à entendre un échantillon). Là encore une très belle chanson au titre explicite I want all my friends to be happy don't il nous invite a reprendre le refrain avec lui (sinon cela voudra dire qu'on est pour le Cancer)
Une petite blague sur Steve Poltz / Steel Pulse lui permettra de nous montrer que ses chansons passent très bien en reggae aussi. Il fait désormais nuit, la fin du concert approche on le sent. Steve nous annonce qu'il va attaquer la "penultimate song" avec Quarantine Blues une chanson où il raconte tout ce qu'il a fait pendant le confinement. Et de nous prévenir que pour la prochaine il descendra dans le public et qu'il compte sur nous pour faire une grande ronde autour de lui sinon il sera le plus malheureux du monde.
Pendant tout le concert il n'a pas arrêté de dire que c'est son meilleur concert jamais fait. C'est ironique bien sûr mais pour ma part ça commence à devenir un concert qui grimpe dans le top de mes concerts mémorables. Il nous promet aussi des "free shrugs" (haussement d'épaules) sur le modèle des "free hugs", COVID oblige.
Et alors qu'il se lançait dans une nouvelle impro en l'honneur de Cassie qui l'avait invité ce soir, il nous parlera du fait qu'il souffre non seulement d'ADHD (attention deficit hyperactivity disorder) mais aussi d'OD (opposition disorder) pour justifier qu'il ne s'obéit même pas et donc a rajouté cette chanson avant la dernière.
Et la dernière se déroulera exactement comme il l'avait prévu / demandé / espéré. Dès qu'il mettra un pied à terre tout le public se lèvera comme un seul homme et viendra former une grande ronde autour de lui pour chanter Forever Young de Bob Dylan. Un pur moment de magie / partage à vous filer des frissons pendant lequel il chantera sans micro en nous donnant les paroles à chanter au fur et à mesure.
Fin de concert en forme de communion avec le public ... splendide. Evidemment après je retournerai lui dire, acheter ses deux CD dont le dernier pour Tasha qui a bien aimé le concert aussi, ayant bien l'intention de le commander en gros pour nous. Encore un doux dingue comme David Lafore (ce sont les enfants qui feront le rapprochement) dont les concerts sont de véritables moments de partage et d'étonnement. J'espère le voir un de ces 4 en France où il n'a pas encore beaucoup joué sous son nom il me semble ...
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Critique écrite le 05 août 2021 par Pirlouiiiit
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