Chronique de Concert
Stiff Richards, Beige Banquet, DER, Mr Quintron & Miss Pussycat, Willie Weird aka Kelley Stotz, Chocolat Billy (Super Cathédrale de Binic 2022)
Ça fait deux jours qu'on est à pied d'uvre en Bretagne et qu'on fréquente assidument la Super Cathédrale de Binic (où on a pu communier avec Tramhaus, Reptiles, Crack Cloud, Lumer et The Bobby Lees le 21 juillet puis Warmduscher, Kelley Stoltz, Chocolat Billy et Lumer le 22), et même si l'ambiance a été festive et les groupes plus qu'excellents jusque-là, le très beau et chaud samedi 23 juillet s'annonce comme le point d'orgue du festival... Avec une grosse affluence (2000 personnes !) et une prog de feu permettant de voir se succéder sur scène des groupes de la mort qui tue : Chocolat Billy, Stiff Richards, Willie Weird (aka Kelley Stoltz), Mr Quintron & Miss Pussycat, Beige Banquet et DER !
Afin "d'affronter" tout ça avec le ventre plein et suffisamment de forces, après une revigorante baignade plage du Corps de Garde - on ne s'en lasse pas... -, à midi on s'est fait un resto entre potes où on a pu déguster les meilleures moules marinières/frites de notre vie, accompagné d'un bon cidre et d'un dessert divin. Où peut-on trouver ça ? A "La Maison de Léa", sur le port de Binic ! Ce petit point "bouffe", pour dire à quel point on est bien ici dans cette station balnéaire à taille humaine qui accueille l'un des festivals français les plus excitants.
Chocolat Billy
Dans la droite lignée de sa prestation très stimulante de la veille sous le chapiteau, le groupe français de free rock satellisé Chocolat Billy se charge de lancer le troisième jour de la plus belle des manières : en donnant tout ce qu'il a pour casser la baraque, et ce dès 18h sous un soleil de plomb. En cette fin d'après-midi limite caniculaire, il y a déjà beaucoup de monde devant la grande scène pour assister (et participer) au joyeux bordel provoqué par les quatre acharnés de la jam funky avec rythmes dingos.
Le public commence à se chauffer en enchainant les bières, pendant que sur scène la folle cavalcade des guitare, basse, synthés et percus commence à faire monter la sauce sur fond de vociférations improbables (les textes sont plus des onomatopées ou des phrases surprenantes balancées en boucle qu'autre chose). On en arrive à un point où le batteur finit le ventre à l'air et où le guitariste/chanteur nous propose un très bel exemple de raie du cul apparente ("plumber's crack" in english). En clair, c'est la fête du slip et tout le monde se lâche. Et pour couronner le tout, le morceau en forme de point culminant du set se termine en techno organique totalement jouissive. Pour paraphraser le leader de la troupe lorsqu'il évoquait la température, Chocolat Billy c'est "quand même très, très, très chaud !"
Stiff Richards
Sans transition, direction le chapiteau dès 19h pour le show très attendu des messies australiens du punk rock hystéro, Stiff Richards. On s'attendait à un truc énorme après l'écoute de leur dernier disque, le génialement punk and roll "State Of Mind", mais voir la bête en live fait un effet encore plus monstrueux : au bout d'un morceau, on se demande carrément si on ne serait pas en présence d'un des meilleurs groupes de rock actuels, toutes catégories confondues. Car les cinq mecs, pas très impressionnants au premier abord et pas du tout "rock stars à la con", enchainent comme à la parade les tubes punks tous plus jubilatoires les uns que les autres, ils les jouent le plus fort possible en bourrinant comme des guedins et le chanteur est une bête de scène doublée d'une force de la nature.
Looké comme un touriste en goguette, le gars impose le plus profond respect dès qu'il se saisit du micro : ses hurlements électrisent en un clin d'il et quand il pousse sa voix dans le rouge, ce sont de véritables rugissements évoquant un de ses plus célèbres congénères, le regretté Bon Scott d'AC/DC. Ajoutez à cela une grosse envie de jouer et une bonne humeur communicatives, sans oublier une volonté jamais démentie de se frotter aux premiers rangs dès qu'il le peut, voire de slammer en hurlant comme un goret dès que c'est possible, et vous avez en face de vous le meilleur frontman de 2022. Un fou furieux souriant et insaisissable secondé par un gang de punk rockers de haut vol. Le rêve !
Le point fort de Stiff Richards, c'est de ne jamais lâcher l'affaire, de balancer des riffs et rythmiques ultra frontaux dès le début d'un titre et de continuer à appuyer sur le champignon pendant toute la durée du morceau. Ce qui fait que le public se fait complétement happer par le truc et gueule à tout rompre, pogote salement et organise un mosh pit bien bouillant. Rempli de petits (et grands) agités qui ne demandent qu'à fondre leurs derniers fusibles disponibles en stock, le chapiteau devient donc rapidement un chaudron incontrôlable où le vocaliste barbu Wolfgang Buckley peut se jeter corps et âme. Finissant par se faire porter à bouts de bras par toute la foule en beuglant l'hymne "Go It To Go". Pfiou, c'était gé - nial ! Et le groupe de la banlieue de Melbourne rejoue le lendemain sur la grande scène ! Elle est pas belle la vie ?
Willie Weird (aka Kelley Stoltz)
Après la tornade Stiff Richards, un peu d'indie pop rock sur la grande scène pour éviter le claquage d'entrée de jeu et se remettre de ses émotions ? C'est le dénommé Willie Weird qui s'en charge selon le programme, sans préciser que c'est un autre projet de Kelley Stoltz déjà présent hier ici-même pour offrir une très belle prestation. Même si le nom est différent, on a droit à une nouvelle généreuse session de pop songs teintées de rock garage avec gros riffs de guitare ou de pop sixties à la Byrds. C'est classieux, parfait pour un début de soirée face à la mer en profitant du coucher de soleil. Cerise sur le gâteau, le set se termine, comme la veille, avec des morceaux teintés de disco funk soul, une invitation assez claire à l'ondulation du bassin...
Mr Quintron & Miss Pussycat
Après la traditionnelle pause déjeuner/bière à la plage située en dessous du site du festival, c'est le groupe américain bien foutraque Mr Quintron & Miss Pussycat qui a pour mission de réveiller les ardeurs "garage vaudou" de l'assistance. Ce combo emmené par Mr Quintron, à l'orgue déjanté et au chant en prise directe avec le Bayou, et Miss Pussycat, aux churs et aux percussions, comporte également un batteur, ce qui est classique, et un choriste/claviériste coiffé d'une cotte de mailles et utilisant le vocoder comme sur des disques de rap futuristes, ce qui est moins classique pour un combo de garage. Bref, c'est la grosse déconne, le grand n'importe quoi, et ça donne envie de twerker en tout bien tout honneur, ou carrément à poil.
Beige Banquet
Il est 22h40, les personnes présentes sur le site sont désormais à température idéale pour encaisser le choc post punk made in Great Britain du groupe Beige Banquet, qui se produit sous un chapiteau rapidement en état d'ébullition. Il faut dire que ces mecs ne sont pas là pour faire de la figuration, ils ont pour projet de bombarder la foule de hits post punk truffés de chant hystérique, de riff anguleux, de lignes de basse énormes et de... cloche ("cowbell" in english). C'est du très lourd, du super violent, du brutal comme on aime.
C'est le genre de truc idéal pour organiser des séances de yoga pour se reconnecter à son moi profond, heu non, pardon, plutôt des séances de pogos et de slams (on voit même passer au dessus des têtes le bassiste de Frustration, Pat) pour se défouler comme un gentil taré. Ce qui fait que le public, à fond, est très, très énervé (positivement). Déjà bien chaud, il est galvanisé de surcroit par un mec qui a l'air de faire partie de l'entourage du groupe et qui monte sur scène, harangue la foule et se jette partout. Voilà, c'est le souk, et chaque titre est plus excitant et joué serré (ces gars sont des sauvages qui doivent répéter tous les jours) que le précédent.
Outre l'infernal chanteur/guitariste/ leader, particulièrement remonté et en forme, le secret du succès scénique de Beige Banquet réside dans la présence du sculptural bassiste chauve et torse nu au look de hooligan. Ce type assez effrayant de prime abord bénéficie d'une arme fatale, une sorte charisme par la terreur : en plus de défoncer ses pauvres quatre cordes comme un dieu, il toise le public avec un air très vénère, et semble toujours à deux doigts de descendre de scène pour mettre des bourre pifs à l'aide de sa basse. Et ce qui devait arriver arriva, il se jette dans la fosse et continue à jouer comme un psychopathe entouré par des amateurs de punk, en liesse et déchainés. Attention, ce spectacle à réserver à un public averti des risques encourus peut être choquant pour les fans de folk neurasthénique peine à jouir.
DER
On commence à être sévèrement attaqué quand le groupe français DER déboule sur la grande scène pour clôturer la soirée. Il s'agit du nouveau projet du songwriter blues folk rock Red (vu ici en 2019 et en 1ère partie de Bertrand Belin en 2020), qui s'est récemment acoquiné avec un guitariste et un batteur pas nés de la dernière pluie. Olivier Lambin est passé à la basse et fait désormais un genre de punk blues noise à la fois extrémiste, puissant et bien branlé. On n'est clairement pas là dans un truc consensuel, c'est plutôt quelque chose de violent et de viscéral, avec des passages un peu plus calmes évoquant le passé de Red. On reverra avec plaisir le trio gonflé à bloc le lendemain pour la dernière soirée de cette Super Cathédrale de Binic qui redonne foi en le rock and roll (au cas où, par hasard, on l'aurait perdue). Au programme du dimanche 24 juillet, outre DER, donc : une deuxième couche de Stiff Richards et Beige Banquet (yeah, yeah !), plus Vintage Crop, Jackson Reid Briggs ou encore Destination Lonely. Ça va chauffer grave !
Photos : Titouan Massé titouanmassephoto.com, www.instagram.com/tmphotograph, www.facebook.com/titouanmassephoto, twitter.com/titouanbzh...
Liens : lanefdfous.fr/binic-folks-blues, www.facebook.com/BinicFolksBluesFestival, www.facebook.com/LaNefDFous, www.instagram.com/binicfolksbluescathedrale, www.instagram.com/la_nef_d_fous
Critique écrite le 05 août 2022 par Pierre Andrieu
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