Chronique de Concert
Streets Of Laredo + Jolie Holland + Hell's Kitchen (Les Nuits de l'Alligator 2015)
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 26 février 2015
Critique écrite le 28 février 2015 par Pierre Andrieu
Après la revigorante claque administrée par Jon Spencer, Matt Verta-Ray et Heavy Trash la veille lors de la première soirée des Nuits de l'Alligator à la Coopé, le plateau réunissant Streets of Laredo, Jolie Holland et Hell's Kitchen en a remis une bonne couche dans une veine country folk blues rock 'n roll...
Streets of Laredo
Les Néo-Zélandais relocalisés à Brooklyn de Streets of Laredo se chargent des préliminaires du soir avec un set enlevé, car intelligemment truffé de morceaux de country folk rock boostés par l'ajout de percussions et autres arrangements amples tout en étant sobres (trompette, guitare électrique, chœurs... ). Cette volonté de moderniser le truc country est plus que louable, part d'un bon sentiment conduisant à dépoussiérer le genre, et aboutit à la création d'effluves country rock 'n roll du meilleur effet.
Le leader du combo, qui peut se targuer de posséder un voix et un flow à la Bob Dylan jeune, a en plus la particularité d'avoir une belle gueule et un charisme certain, sans oublier de savoir faire partager son enthousiasme au public. Streets of Laredo a donc pas mal d'atouts dans ses valises de tournée...
Jolie Holland
Malgré une attitude hautaine, boudeuse et quasi mutique de diva country américaine s'attachant à accorder sa guitare dans son coin pendant des heures et à trafiquer son ampli des plombes durant, Jolie Holland donne un excellent concert, ses superbes compositions hantées de country folk rock et sa bouleversante voix d'ange déchu étant envoyées au paradis du rock 'n roll noise de velours par un groupe de classe internationale.
Le fluet guitariste à bonnet qui officie avec Jolie H. et ses acolytes disciplinés (sinon c'est la porte direct, visiblement) ayant en particulier l'excellente idée de savoir sonner "Velvet Underground", tout en n'omettant pas de s'y connaître admirablement pour salir une country pop song avec des stries de distorsion imprévisibles. Tout cela donne un show hanté et très marquant, relevé par une envoûtante aura de mystère. Du très, très haut niveau assurément...
Hell's Kitchen
Fatigué par la soirée de la veille, on lutte assez héroïquement pour rester au concert des Suisses de Hell's Kitchen qui se profile à l'horizon. Une très brillante idée, ce combo-là étant bâti pour faire sauvagement grimper aux rideaux les amoureux de trash blues rock 'n roll (dont nous faisons partie... ). Dès le premier morceau joué en live par ce putain de groupe de scène, on n'a plus du tout envie d'aller se coucher, enfin d'aller se coucher pour dormir. Avec une voix rocailleuse à la Tom Waits, une guitare salace à souhait et des rythmes appelant à onduler le bassin, Hell's Kitchen met en éveil tous les sens, donnant d'inavouables envies de petit caprice à deux, caprice des dieux (ou pas). Trêve de connerie, ce trio a l'art et la manière de faire bouger avec son rock 'n roll blues rehaussé par un bric-à-brac de percussions zarb (tambour de machine à laver etc). Ce qui ne gâche rien, et contrairement à la glaciale Miss Holland, le leader d'Hell's Kichen sait se monter immédiatement convivial et sympathique, ce qui rajoute une belle petite touche d'humanité à ce roboratif blues super électrique. Merci aux Nuits de l'Alligator 2015 pour le trip ! Ce festival itinérant a encore une fois réussi à réchauffer l'hiver, ce qui n'est pas une mince affaire à Clermont-Ferrand...
Photos live Yann Cabello www.profocus63.com
Critique écrite le 28 février 2015 par Pierre Andrieu
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