Chronique de Concert
Stupeflip
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 15 novembre 2005
Critique écrite le 17 novembre 2005 par Pierre Andrieu
Deuxième ère du stup orchestrée de main de maître par ce petit enc... de King Ju
"Allez vous faire foutre bande de petits enculés de Parisiens !" Voilà ce qu'on a très envie de gueuler - très fort - dans les oreilles de ces gros cons de Stupeflip après à peine un quart d'heure de présence sur la scène du club de la Coopérative de Mai. Et oui, ça énerve passablement de se faire insulter pendant tout un concert dans les mêmes termes que ceux employés par votre grossier serviteur (qui ne manquera pas de se faire réprimander par les traditionnels "Tu peux le dire, mais pas l'écrire !")... Il est en effet assez difficilement supportable d'être pris pour des ploucs de Clermontois trop gentils pendant la quasi totalité de la prestation scénique du Stupeflip Crou, et cela même si on aime les morceaux paranoïaques et drôles de ces guignols de service déguisés en membres du Ku Klux Klan. La moutarde monte progressivement au nez donc. On sent que ça vient... Et quand le guitariste et le bassiste enlèvent leurs masques terrifiants pour mieux faire des bras et autres doigts d'honneur en traitant les public d'"enculés" (sic), c'en est trop ; on réagit - de manière assez puérile c'est vrai, la provocation étant vraiment énorme - en les couvrant d'insultes à notre tour... Mais vu le volume sonore et l'enchaînement frénétique des morceaux (pas de blanc), c'est un peu peine perdue, malheureusement. Qu'importe, comme le groupe avait balancé moult projectiles dans la fosse lors de ses dernières prestations (il récidivera cette fois-ci en envoyant "généreusement" des bouteilles d'eau, pleines), on a également bien envie de leur jeter quelque chose en travers de leurs tronches de bâtards masqués. Et on le fait, d'ailleurs. Mais par manque d'entraînement, on les loupe avec nos gobelets en plastique préalablement empilés avec soin. Il y a bien une canette de bière en verre qui traîne, mais ce serait abuser : quand on était petit, on nous répétait souvent de ne pas être aussi cons que ceux qui provoquent de manière éhontée. Et puis on n'a pas très envie d'envoyer un Stupeflip à l'hôpital puis d'avoir à s'excuser après comme King Ju, avec une jolie pancarte "Pardon d'avoir été méchant" !
Le pitoyable King Ju se rendit compte qu'il ne pourrait jamais totalement assouvir son besoin de vengeance
On enrage donc, tout en testant la nouvelle grand messe métalo rap variétoche concoctée par la troupe dirigée par un ex adolescent ayant eu de graves problèmes avec ses petits camardes de classe : brimades en tous genres, moqueries répétées, coups dans la gueule, cartable irrémédiablement détérioré... Ceci explique cela : un désir de vengeance contre la Terre entière qui est la source de toutes ces provocations de garnements ayant basculé du côté obscur de la force. Masqué, avec d'horribles accoutrements de moines, se prosternant devant un totem qu'ils semblent adorer, les Stupeflip font peur, voire très très peur au début de leur set. La Stup religion, ça fout carrément la trouille, putain ! Et ce, tout simplement pour se venger, c'est horrible ! C'est donc dans une atmosphère délétère que les titres se succèdent, tantôt atmosphériques et inquiétants, tantôt hystériquement punk, comme les tubesques Krou Kontre Attak et Stupeflip, extrêmement percutants. Puis les masques tombent - partiellement -, et les insultes pleuvent... On se dit qu'avec un autre public que le sien, c'est-à-dire une foule remontée ne se laissant pas faire, et non pas des petits blancs qui prennent la pose de rappers rebelles à la petite semaine, Stupeflip aurait la confrontation qu'il fait mine de chercher, tout en espérant qu'elle n'arrive pas bien sûr. Cela étant dit, même si personne ne leur administre la fessée déculottée devant toute la classe qu'ils mériteraient pour avoir été méchamment idiots, on les aime bien finalement les Stupeflip et leur lugubre décorum religieux choisi pour la tournée Stup religion. Car leur show défouloir de Hip punk variétés a le mérite d'être original, même si la portée de leur discours - à prendre au quatorzième degré - ne va pas bien loin. Ça fout vraiment les jetons King Ju avec son seau sur la tête, Cadillac avec son masque terrifiant en train de hurler leur inepties soi disant anti argent anti hiérachie, anti société, anti tout, mais pro Casimir (ah, ça va alors !)... Mais malgré leurs faux airs d'ennemis publics numéro un, les Stupeflip font du divertissement comme Mylène Farmer et Kyo, et ils ont le très gros avantage de le savoir...
Le club de la Coopé devient une auberge de l'horreur où l'on peut écouter des troubadours mélangeant rap, rock et ritournelles de variétés
Habilement placés à des moments stratégiques, des singles (volontairement) pathétiques viennent mettre la pédale douce sur le rap punk métal en accentuant le côté dramatiquement "variétés pour vendre des disques (mais qui n'y arriveront pas)" : Le cartable (malheureusement pas joué en entier), Stup danse et Les cages en fer, où le groupe prouve qu'il n'est pas si aigri que ça. Mais quand même un peu (beaucoup). Sous leurs masques, ces monstres de haine pensent aussi à la prévention routière et à faire danser leurs fans. Comme quoi le pitoyable et vengeur King Ju croit encore qu'il va pouvoir réaliser le casse du siècle en dévalisant le porte monnaie des auditeurs/consommateurs des radios d'jeuns... Il avait échoué avec pertes et fracas avec son premier disque, et il semble qu'il s'achemine vers le même résultat. On lui souhaite ardemment en tout cas, sinon, il finira par passer au prime de la Star Ac sur des chorés de Kamel Ouali, en appliquant à la lettre les conseils de Raphi... Mais ce qui sauvera sans doute Stupeflip du succès de masse et donc d'une prestation sur les plateaux de l'empire du mal - TF1 -, c'est le cynisme aussi nauséabond que fort drôle qui se dégage de son univers. Quand l'âme damnée de la troupe hurle "On vous aime, public", on sent bien que ce n'est pas franchement sincère... Et c'est très bien comme ça. King Ju aka Pop Hip est néanmoins un peu trop franc ; le leader du crou ayant trop fumé de joints (et trop bu de vin) devrait faire comme les autres artistes de variétés françaises : dire le contraire de ce qu'il pense pour ne pas effrayer le client. C'est comme ça que ça marche coco...
Un truc foutraque qui frappe comme une matraque là où ça fait - un peu - mal
Au lieu de ça, Stupeflip sur scène, ça donne une heure (sans rappel bien sûr, on va pas se fouler pour les connards de fans qui payent) de truc foutraque qui frappe comme une matraque là où ça fait - un peu - mal. Il n'en sort pas grand-chose, si ce n'est la sensation d'avoir assisté à un spectacle aussi visuel et remuant qu'inquiétant. Un nihilisme forcené plane dans l'air, mais au moins on aura oublié que des bagnoles crament dehors et que Sarkozy sera notre prochain président de la république (63% des gens sont satisfaits de sa gestion "je jette de l'huile sur le feu" de la crise des banlieues). C'est déjà ça...
A lire également, les chroniques des concerts de Stupeflip à la Coopérative de Mai à Clermont-Fd en avril 2002 et juin 2002, puis au festival Les Efferv'Essonne 2002, ainsi que la critique du premier disque du crou .
Sites Internet : www.stupeflip.com, www.lacoope.com.
Critique écrite le 17 novembre 2005 par Pierre Andrieu
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