Chronique de Concert
Stupeflip
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 21 juin 2002
Critique écrite le 24 juin 2002 par Pierre Andrieu
Le début du concert vaut le détour : le chanteur arrive masqué, le bassiste a la tête prise dans un carton, le clavier/chanteur trimballe une dégaine incroyable et la vedette du premier show, MC Salop, arrive avec le bonnet enfoncé jusque sur les yeux. Le morceau Stupeflip nous vrille immédiatement les oreilles avec sa rythmique synthétique cheap et son texte trapu qui prend aux tripes (t'as pas compris ?). Même à la trentième écoute, ce hit fait toujours de l'effet et pousse à se comporter comme un primate viré du zoo à cause d'un sérieux penchant pour la bouteille ! Pour arranger les choses, le logo "Stupeflip" tremble derrière les "musiciens", mais qu'est ce qui nous arrive ?
Entre deux morceaux, le chanteur se plaint du fait qu'aucun représentant de la gent féminine ne vienne les aborder après leurs happenings musicaux. Tu m'étonnes ! Il ne suffit pas de porter un t-shirt "Chanter l'amour", il faut réellement le chanter comme Pascal Obispo pour faire fondre le cœur des midinettes ! Les gens ont peur et c'est bien normal !
Conscients que leurs concerts sont ultra courts, nos quatre amis utilisent des subterfuges grossiers pour augmenter la durée de leur présence sur scène. Ils commencent par jouer deux fois A bas la hiérarchie, un hymne défouloir démago mais qui fait plaisir à entendre. Puis, ils nous gratifient d'un magnifique play-back sur Je te rends ton amour de Mylène Farmer ; le deuxième chanteur aux cheveux bouclés, déjà très en forme depuis le début, exécutant à cette occasion une danse que ne renierait pas Britney Spears ! Enfin, ils composent des chansons avec des insultes répétées en boucle - Bande de bâtards - ou un court texte de présentation - Mon nom c'est King Ju - le tout agrémenté par des guitares dégoulinantes de distorsion. Pas de problème : c'est avant tout un show visuel et une grande performance d'acteurs déjantés.
Un peu en retrait par rapport à ses précédentes prestations, Mc Salop se met alors à marteler sa cymbale comme un fou pendant un morceau entier : c'est pas facile d'être un nabot avec un bonnet dans un groupe stupéfiant ! Ragaillardi par ce grand moment de musicalité, il donne le meilleur de lui-même sur Comme les zot : il hurle d'une voix saturée "Comme Jean-Pierre François", le chanteur démasqué - mais maquillé de manière inquiétante - lui répondant d'une voix douce "Je te survivrai". Gilbert Bécaud, Patrick Bruel, Francis Lalanne, Carlos, Danny Brillant, Christian Clavier, Lio, Bibi, Daniel Guichard, Herbert Léonard, Patrick Sébastien, Jean-Pierre Mader, Serge Lama et beaucoup d'autres encore ont droit à une citation de leur inoubliable répertoire.
Avant de partir, le crou se doit d'interpréter, Depuis que j'fume pu d'shit, le tube de l'été annoncé qui brosse les djeunes dans le sens du poil (mais le texte est drôle et la musique est accrocheuse, donc...). Après un final bordélique à souhait, ils décident de se casser comme des voleurs : ils ont épuisé tout leur répertoire ! Les Stupeflip ne sont pas aussi révolutionnaires qu'ils voudraient le faire croire mais ils réussissent à donner des concerts de hip-hop/punk si incroyablement puissants et drôles qu'on en redemande !
(Photos : Flore-Anne Roth)
Critique écrite le 24 juin 2002 par Pierre Andrieu
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