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Chronique de Concert

Sufjan Stevens

Sufjan Stevens en concert

Le Radiant Bellevue, Caluire et Cuire 27 septembre 2015

Critique écrite le par

Quand on s'apprête à voir enfin (enfin ! ENFIN !!) l'un des auteurs/compositeurs/interprètes les plus magnifiques de la planète anglophone, et qui figure en bonne place sur notre "MASBID List" (Must-Absolutely-See-Before-I-Die) personnelle, rien ne peut altérer notre bonne humeur ! Ni la distance à parcourir en TGV (cher) pour se rendre dans une salle lointaine un dimanche soir, ni le retard de ce TGV, ni un premier bus raté à cause dudit retard, ni même un contrôle des billets dans le bus suivant, nous retardant encore... puisqu'à Lyon on applique manifestement ce principe particulièrement pervers : arrêter tout un bus plein pendant de longues minutes, le temps qu'il faut pour rédiger un PV à une seule contrevenante... Histoire de dresser les autres gens contre elle sans doute ?

Aucun des freaks en grande tenue et autres jolies filles apprêtées qui garnissaient le bus n° 38 (Part-Dieu - Caluire) de 19 h 30, n'a pourtant manifesté le moindre signe d'impatience : les aficionados et aficionadas de l'artiste de ce soir, que nous sommes, sont nécessairement et par définition, des êtres délicats et subtils, qu'aucune contrariété terrestre et aussi bassement matérielle ne saurait affecter, quand ils se rendent communier ensemble devant une comète rarissime en France... N'empêche que j'aurais bien buté un de ces empafés de contrôleurs à mains nues, la con de sa m...


Bref, c'est donc armé d'une bière avalée presque cul-sec, en écoutant d'une oreille malpolie la très dispensable première partie assurée par Austra, et accompagné d'un ami venu lui aussi de très loin (Mulhouse !), qu'on entre avec un très bon pressentiment dans le Radiant-Bellevue, théatre assis (merdre), non-numéroté (re-merdre) et sans bière dans la salle (re-re-merdre) de Caluire-et-Cuire, pour pouvoir aller à la rencontre de Sufjan Stevens, que je rêve personnellement de voir depuis une décennie environ. Bon, si vous avez cliqué sur cette chronique, inutile de nous lancer ici dans un traité de Sufjanologie : son dernier album Carrie & Lowell est une merveille, mais les autres globalement aussi, et de toutes façons, vous le saviez déjà...


Et c'est bien à un concert d'une merveilleuse délicatesse que nous sommes conviés, pour lequel on va rapidement manquer de superlatifs : toutes les chansons ou presque sont interprétées de façon magnifique, splendide, aérienne, poétique, élégiaque, vibrante, émouvante... La part du lion y est faite, par cinq musiciens délicats et inspirés dont une musicienne, au dernier album (joué en intégralité et même, dans une certaine mesure, dans l'ordre !), Sufjan Stevens aimant à se fondre dans son gang - enfin quand il le peut. A noter que ce garçon, vocalement merveilleux et très beau gosse (tout ça aussi, on le savait déjà), est aussi un guitariste et même un ukuléliste très talentueux (on pouvait s'en douter mais quand même, l'intro de Carrie & Lowell nous a scotchés !) et en bonus, très baraqué ("He's been working out", comme on dit en V.O. : il a du soulever de la fonte !). Surdoué, beau et fort ? Le mec pas énervant du tout, en somme...


Sa voix évidemment splendide est par ailleurs efficacement et discrètement secondée, les moments venus, par celle de la chanteuse (puisque sur disque, il double fréquemment sa propre voix). Et les titres du jour sont tous et tour à tour délicatement réorchestrés : ou bien gentiment boostés façon pop-rock (Should have known better, groovysée !)... ou bien électrocutés, mais avec une certaine délicatesse (Fourth of July, énorme)... ou bien vigoureusement secoués dans leur version en live (All of Me wants all of you éclatée en version électro, puis rock psychédélique)... ou au contraire rendus plus a capella et plus sensibles encore que sur disque (Eugene, seul devant une mer de nuages, No Shade in the Shadow of a Cross, à en tomber à genoux en larmes)... Les recopier et les détailler tous leurs mérites en version concert pourrait être fastidieux, vous avez compris l'idée... En tout cas ça donne envie de se procurer un live par tous les moyens !


On ajoutera que l'emballage visuel, appuyé sur un élégant dispositif de 9 écrans translucides, longilignes et verticaux, permet des projections, par moments d'une beauté assez fulgurante, de paysages océaniques, de mers de nuages, d'incendies et autres formes géométriques, le tout appuyé par de très belles lumières (aucune des illustrations ici ne rend justice à tout ceci, hélas). Faut-il encore préciser que le son était parfaitement nickel ? Petite inclusion inattendue dans cette set-list monomaniaque, la joyeuse Vesuvius où il réhabilite personnellement, et de façon inattendue, le pipeau mal-aimé de notre jeunesse... Et après un très beau Blue Bucket of Gold final (note personnelle : la chanson nous avait fait mouiller les yeux, à la première écoute...), étiré dans une looooongue coda (un peu trop longue d'ailleurs - seule baisse d'intensité du concert !), le groupe s'en va...


Mais nous nous sommes assez renseignés pour savoir qu'il va revenir jouer quelques "vieilleries". Cette fois-ci, en ayant coupé toutes les belles lumières, sans chichis et juste pour la beauté du geste. Un ou deux titres vraiment anciens et à peine reconnus (cf set-list ci-dessous) mais surtout une petite poignée de madeleines toutes plus savoureuses les unes que les autres : Concerning The UFO Sighting, The Dress looks nice on You, Casimir Pulaski's Day et évidemment, en bouquet final, un Chicago en grande pompe et à se taper le cul par terre ! Rhaaaââââ lovely.... De quoi réjouir même les sufjanophiles les plus exigeants, qui repartiront avec des mélodies plein la tête et des bonnes vibrations pour au moins une semaine entière.


Au rayon des minuscules déceptions - en fait plutôt une constatation : il aura fallu à Sufjan Stevens une heure et quarante minutes avant qu'il nous adresse enfin la parole. Il est vrai que sa musique parle d'elle-même et qu'à part les formules de politesse habituelles chez un artiste américain ("this is a very special night", "you are a great audience", ce genre...) il n'avait rien à nous dire, en tout cas de façon verbale. Ca ne fait rien, vu le nombre de chansons qui nous ont fait voir des étoiles, aucun besoin de blah blah hypocrite supplémentaire ! Cerise sur le gateau, après deux heures bien tassées de joie sans nuance, on termine le concert en arrachant auprès d'un des musiciens, non sans avoir fayoté toute honte bue, une set-list souvenir, couverte de traces officielles des sneakers de Sufjan Stevens et de ses collègues... Puissions-nous recroiser bientôt sur notre route cet artiste angélique, décidément béni des dieux de la musique !

Photos : prises de loin et en dépannage (rien trouvé sur Flickr, et pas vu de photographe officiel de toutes façons...). Preneur d'une solution alternative (et qui sera créditée, bien sûr...)

------ Setlist : ------
Redford
Death with Dignity
Should have known better
Drawn to the Blood
Eugene
John my Beloved
The Only thing
Fourth of July
No Shade in the Shadw of a Cross
Carrie & Lowell
All of me wants All of You
Vesuvius
I Want to Be Well
Blue bucket of Gold
------ Encore : ------
Concerning the UFO Sighting ...
Sister
Heirloom
The Dress looks nice on You
Futile Devices
Casimir Pulaski's Day
Chicago

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