Chronique de Concert
Sunsick (sun sick) + Qúetzal Snåkes
Bien belle soirée commencée avec la touchante Miss Peregrine, a.k.a. Eva Green, dans le presque chef-d'oeuvre de Tim Burton du même nom. Ma boucle temporelle ayant tardé à se refermer, je m'attends à arriver après la bataille ou au moins après le premier groupe, mais à 21 h 50 on piétine dans la rue, tant la soirée a du succès / tant l'entrée du Poste à Galène est mal organisée ce soir... C'est sûr que si tout le monde a autant d'oursins dans les poches que les trois invités devant moi (qui ont mis plusieurs minutes à daigner sortir leurs 3 putain d'euros d'adhésion, pour qui on a du téléphoner pour un de leurs noms, par sur la liste - à 5 euros l'entrée faudrait pas déconner quand même !), c'est pas étonnant que ça traine... Si tout le monde devient assez crevard pour ne pas pouvoir donner 5 euros à une salle et/ou à des potes qui y jouent, c'est mal parti pour la survie de la scène rock. Bref.
Je n'ai pas revu les Sun Sick depuis plus de trois ans (dans une bibliothèque !) et donc j'ai raté plusieurs épisodes, dont un nouveau vinyle il y a 2 ans (libéré un beau soir avec les mêmes Qúetzal Snåkes , en jouant dans l'ordre inverse). Comme souvent dans ces cas-là, ils sont un peu moins jeunes mais aussi un peu plus pros : ça sonne vraiment propre et cool (avec un Ingéson aussi connu que Rudy Romeur dans le gang, on n'en attendait pas moins !), avec plusieurs classiques instantanés (Holidays, Numbers, Pressures, aussi efficaces que leur titres !). Curieusement Gigi le chanteur continue à s'adresser constamment à une personne imaginaire, loin en haut à droite de la salle (je vérifie par acquit de conscience - il n'y a personne là-haut à part un vieux ventilo...).
Vocalement il n'est pas très loin de Joe Strummer (musicalement ce serait plutôt Ramones, mais mèfi ! ce genre de sujet est souvent touchy dans les chapelles de punqueroque orthodoxe), d'autant que le grand Rudy tricote volontiers des enluminures supplémentaires que n'auraient sûrement pas mis les faux-frères... C'est joyeux et assez dansant : le groupe (ou le suivant ?) ont attiré un public assez jeune ce soir, et qui s'agite volontiers en fosse. Pas très communicants, ils finissent leur set sans aucune des formules de politesse habituelles (soit "merci !", soit "allez tous vous faire foutre !") et c'est le petit quelque chose qui leur manque à mon goût : être soit plus sympas, soit plus désagréables ! Cela dit on a assez de groupes de poseurs par ailleurs pour avoir plaisir à écouter/voir Sunsick, au son plus joyeux que leur attitude, et qui ne mise donc rien sur les apparences, pour se concentrer sur l'exécution de ses très bonnes chansons. Cool stuff, cool gig.
Setlist :
Christmas
When I'm Home
Sometimes
Don't know why
Get Out
Garage Kid
Holidays
La Guerre
I can't see my way
Numbers
Money
Pressure
Deuxième partie en mode "extended" : beaucoup plus de cordes et de pédales sur scène, et des titres 2 à 3 fois plus longs : les Qúetzal Snåkes déploient à nouveau ici leurs plumes et écailles sombres. Curieusement, le bassiste persiste à s'habiller comme Björn Borg en 1977, en short, casquette et t-shirt blanc immaculé. En tout cas ça fait un joli contraste : deux en blanc, deux en noir sur la scène... J'avais un peu peur que leur chanteur Alex, exilé au Canada, n'y soit pas mais il est bien à son poste, affûté et aminci. Il faut dire que même si sa voix est largement noyée dans le mix, elle est indispensable à leur son désormais très reconnaissable. Ça fait un moment qu'on célèbre ici leur discographie jouissive tout autant que laconique, et leurs concerts en forme de trip (dont un ici-même il n'y a pas si longtemps), on les a même interviewé sur Concertandco tant on mise sur leur potentiel !
Musicalement c'est le tourbillon habituel, commencé en mode triton avec la ténébreuse Satan Cruz (ce titre !) : on éteint son cerveau, on affale la voile, on relève la dérive et on se laisse entraîner dans le vortex, toujours plus profond et sonique, de leurs nappes de guitare qui se grimpent les unes sur les autres - en se concentrant on arrive quand même à identifier chacun dans le mix !... Leur nouveau disque, aussi court et bon que les autres, a ses propres fulgurances comme la trippante Longwar, ajoute parfois une touche de punk rock à un son shoegaze (terrifiante F.R.A), tandis que les précédents sont désormais bien assimilés (enfin, par nous !) : les ballades lysergiques (Hey Hey, Cosmic) alternent avec les tunnels psychédéliques (Wet) et les raclées sonores (666 ou leur "plage brutale").
On en prend plein la gueule et on en redemande, les membres les plus excités du public parviennent même à placer un pogo incongru quelque part dans le set ! Le concert (trop court à mon goût) se termine en forme de synthèse des trois (ballade/tunnel/raclée), avec la formidable Lava Mount, et le groupe a assez confiance dans la qualité de ce qu'il nous a servi pour ne pas faire de rappel. Frustrant mais ça se respecte. Excellents donc, comme toujours, et indéniablement prêts à conquérir le monde ! Au final ces deux groupes ont également bien fonctionné ensemble, malgré leurs styles situés aux antipodes. Une bien belle soirée donc, mais je crois que je l'ai déjà dit...
Setlist :
Satan Cruz
Longwar
Hey Hey
666
Cosmic
Brutau
Wet
Sungazer
F.R.A
Lava Mount
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Critique écrite le 21 octobre 2016 par Philippe
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