Chronique de Concert
Swans + Christophj Hahn & Thor Harris
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 6 octobre 2014
Critique écrite le 17 octobre 2014 par Pierre Andrieu
Concert en forme de mur du son des mythiques Swans de Michael Gira, venus présenter leur excellent dernier album To Be Kind à la Coopérative de Mai, à Clermont-Ferrand, le 6 octobre dernier... Précédée par un très beau set folk blues crépusculaire assuré par deux " Cygnes", Christophj Hahn - guitare sobre et voix grave - et Thor Harris - bruitages - en première partie improvisée (Pharmakon, malade, étant dans l'impossibilité de jouer), la prestation des maléfiques rois de la noise/post punk avait tout de la grand messe sonique attendue. Avec de (très) longs et (super) beaux morceaux magistralement torturés et lardés du chant psychiatrique de Mister Gira. Seul problème, le volume sonore : 115 décibels de moyenne et des pointes régulières à 130... Douleur intense !
Quand le public, composé de nombreux fans et de néophytes rapidement conquis, voit arriver Michael G. et ses lieutenants, il sait qu'il va avoir droit à une sévère fessée noise, mais peut-il s'attendre à un tel déchaînement de bruit quasi ininterrompu de plus de deux heures, surtout dans un club aussi petit ? Oui, mais non. Dès le début du funeste concerto pour détraqués, les percussions répétitives de Thor Harris tétanisent l'auditeur innocent, avant que la très bonne imitation d'une tronçonneuse en action par Christophj Hahn à la pedal steel guitar ne commence à titiller plus que sévèrement les trompes d'Eustache... Les deux musiciens créent une sorte de drone lancinant quasi létal, bientôt accompagnés par le reste du groupe, le maître de cérémonie déjà cité, Michael Gira (guitare, voix), Norman Westberg (guitare), Phil Puleo (batterie) et Chris Pravdica (basse). Ce qui contribue encore plus à donner le tournis pendant les plus de vingt minutes de cette intro assez démente. Malgré des bouchons de bonne qualité (moulés et tout et tout) enfoncés dans les oreilles, on commence à se dire que malgré l'indéniable qualité artistique du show, il va falloir sortir fréquemment de la salle pour éviter d'irrémédiables acouphènes...
C'est vraiment dommage, car avec un bon ingé son la puissance du truc et le côté extrémiste pourrait très bien ressortir sans faire saigner le système auditif de l'assistance. Mais bon, contrairement à Mogwai, Godspeed You Black Emperor et Sonic Youth, les Swans et leur radical lider maximo choisissent de ne pas respecter la loi française sur les 105 db maximum. Quelle admirable rébellion contre le système, bravo ! Pour prendre son pied, il faut donc souffrir, ce qui est très con car elles sont vraiment superbes ces symphonies jusqu'au-boutistes où le chant grave à la Lou Reed apporte un supplément de folie (si nécessaire). Mention spéciale au dérangé, arabisant et martial Just a Little Boy, totalement prenant, comme le reste de la set list d'ailleurs... Quand le seuil du supportable est atteint, voire dépassé, on ne peut que décider de sortir de la salle, comme de très nombreux spectateurs. Avant de revenir un peu plus tard prendre sa dose de mantras dérangés servis sur lit de noise, parfois hardcore (ce morceau avec un riff de basse entêtant... ).
Michael Gira est bien aimable (ils se fend d'ailleurs d'un sourire puis d'un " merci beaucoup les petits français ! " en début de concert... ) et son talent pour créer de toutes pièces des morceaux en forme de cérémonies vaudou rock 'n roll post apocalyptiques n'est pas en cause, mais l'on a pas vraiment pas envie que le show de son combo soit le dernier que l'on puisse être à même d'écouter avant notre mort. Donc, après un certain temps et après avoir écouté une partie des morceaux dehors, derrière la porte (avec un son presque correct... ), on décide de mettre les bouts définitivement. Comme les irréductibles et géniaux chantres de la noisy pop My Bloody Valentine, Swans est un groupe à voir en plein air, dans un festival. Ce qui doit rendre les choses plus " confortables ", si, tant est qu'on puisse utiliser ce terme à cette éprouvante occasion... Et au fait, suite à ce pilonnage auditif, qui remboursera les futurs sonotones de ceux qui sont restés jusqu'à la fin, Michael Gira ou la Coopé ?
Vidéos par LiveReport63 :
Photos live par Yann Cabello, www.profocus63.com
Critique écrite le 17 octobre 2014 par Pierre Andrieu
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