Sylvain Beuf a la réputation d'être l'un des meilleurs saxophonistes français de sa génération. Présent sur le circuit professionnel depuis 1987, il a multiplié les associations, diversifiant ses influences et agrémentant sans cesse sa palette de nouvelles couleurs et de nouvelles sonorités. Leader de son quintet depuis trois ans, il a montré vendredi soir aux spectateurs présents au Centre Culturel Théo-Argence que sa réputation n'était pas usurpée.

Entouré de Manuel Rocheman (piano), Christophe Wallemme (contrebasse), Robin Laurent (batterie) et François Verly (percussions), Sylvain Beuf a proposé un jazz d'excellente facture à un public conquis dès les premières mesures. Le quintet offrait une base rythmique d'une solidité à toute épreuve sur laquelle pouvaient se poser en toute sérénité les mélodies virevoltantes du saxophone de Sylvain Beuf. Ce dernier, qui maîtrise à la perfection saxophone ténor, alto, soprano et flûte, assumait sa fonction de leader, prenant la parole entre certains morceaux, présentant son groupe et annonçant notamment la sortie de leur nouvel album pour le 15 avril. Un nouvel album que le public présent vendredi soir a pu découvrir en avant-première, au moins certains morceaux.

Le jazz proposé par le quintet est à la fois traditionnel et teinté d'une touche d'exotisme, apportée par un percussionniste dont la performance sans faille force le respect. Changeant constamment d'instrument, il ajoute des variations supplémentaires à celles du saxophone, propres au jazz, qui rendent toutefois ce genre musical un peu hermétique pour les non-initiés, habitués à la structure couplet-refrain, mais satisfont les amateurs. La musique du quintet se distingue également par les différences marqués de tempo d'un morceau à l'autre, le groupe passant avec aisance des balades au swing. Le groupe interprètera même une séduisante version personnelle de " Besame mucho ".

Les musiciens se relaient au premier plan, jouant parfois tous les cinq, s'effaçant parfois, au détour d'un duo basse-saxo, d'un solo de contrebasse, de percussions ou de piano. Les morceaux semblent constitués de longues phrases musicales sans répétitions, formant au fil des notes des textes ou des histoires que nous raconte le quintet.

Servi à la perfection par un quintet équilibré, le jazz dont ont été gratifiés les spectateurs sanpriots aurait toutefois mérité une meilleure acoustique. Le son de la grande salle du CCTA était certes parfait, mais le manque de résonance n'a pas servi la cause du Sylvain Beuf Quintet. Cela n'a cependant pas semblé gêner le public, qui s'est régalé durant tout le concert des variations de Sylvain Beuf, de la puissance de la batterie, de la légèreté du piano et de la contrebasse, le tout épicé de la performance d'un percussionniste au jeu fascinant.

Sans aucun doute, le Sylvain Beuf Quintet aura fait passer un bon moment au public du CCTA, ne démentant pas sa flatteuse réputation, ô combien méritée.