Chronique de Concert
Tajmo + Ana Popovic (Festival Jazz des Cinq Continents)
L'année dernière je ne sais plus pourquoi mais je n'avais couvert aucun des concerts du festival. Cette année 3 soirs. En dehors de ce soir j'ai vu la très posée Norah Jones lundi, et je reviendrai samedi pour Seun Kuti et Tony Allen. Ce soir donc le fameux Taj Mahal qui est passé il y a quelques semaines à l'Opera avec Abd Al Malik entre autres, et en première partie de soirée Ana Popovic. Pas forcément la soirée la plus jazz de la semaine, mais aimant quand les guitares rugissent un peu ce n'est pas pour me déplaire.
Lorsque j'arrive sur le site je suis surpris par le contraste avec lundi (qui affichait complet). Il est 20h40 et les allées autour de la pelouse centrale sont vides, tout comme le langue de pelouse juste sous la scène. Sur les écrans géants qui ce soir sont placés haut (il y a moins de vent que lundi ou ils ont trouvé un moyen de les sécuriser) tourne des vidéos des soirs précédents. A mon arrivée c'est encore Norah Jones. Par contre sur la bande son c'est une autre chanteuse à belle voix qui reprend Creep de Radiohead version jazz.
Juste avant 21h Svet m'appelle pour me dire qu'elle est arrivée - aux pieds des escaliers - je file donc l'aider pour la poussette, elle a le temps de choisir une place sur la pelouse là où cela aurait été inconcevable l'avant veille, et pour ma part je file rejoindre les autres photographes. "Désolé mais il y a juste marqué Presse sur votre passe". Ce n'est pas trop grave, il n'y pas trop de monde donc je me cale au ras de la barrière où je retrouve pas mal de têtes familières.
Alors Ana Popovic la Hendrix femme ? Tuons l'éventuel suspens tout de suite : pas du tout ; elle a peut être repris un ou deux morceaux de lui et elle joue de la guitare et chante, mais la comparaison s'arrête là pour moi. Je ne pense pas que ce soit elle qui soit à l'origine de cette formule reprise par des journaliste un peu flemmard. A 21h après la présentation habituelle de la soirée, les musiciens de Ana Popovic font leur entrée et commencent à jouer Cedric Ricard au sax, Michele Papadia au piano, Davide Ghidoni à la trompette, Stephane Avellaneda à la batterie et Philippe Gonnad à la basse. C'est ce dernier qui sera chargé d'annoncer son entrée en scène.
Je suis devant pour faire des photos je fais donc surtout attention au visuel dans un premier temps. La façon dont elle se déplace, le vent qui souffle presque dans le bon sens pour ses cheveux, la façon dont elle joue ... la bouche ouverte comme si elle allait se mettre à chanter, comme beaucoup de guitaristes lorsqu'ils jouent me direz vous ; certes, mais ce qui me frappe là c'est la ressemblance avec Michel (des Cowboys from Outerspace) dans cette façon d'ouvrir la bouche avec les yeux au loin ...
Passés les 3 premiers morceaux je passe aider Svet à s'installer plus loin car le son est fort et Alice refuse de garder son casque. Puis je file faire corriger mon passe pour la suite. Tout ça pour dire que je ne suis cette partie que de loin. Je reconnais Every kind of people ... Le son est très fort, trop fort même. Même de tout au fond, car c'est là que je passerai le reste du concert. C'est trop fort et pas hyper équilibré. La batterie pourtant jouée avec enthousiasme et vigueur a un son pas très naturel, le clavier l'emporte un peu trop sur tout ...
Chacun y va de son solo : trompette, clavier, ... guitare bien sûr. A chaque début de morceau je m'attends à voir débouler Mauro Serri tellement ça ressemble à des morceaux de Bill Deraime (normal c'est du blues). Au niveau chant je n'accroche pas plus que cela ; je ne sais pas si c'est psychologique mais comme souvent avec les gens qui ne chantent pas dans leur langue maternelle je trouve que ça manque un peu de naturel. L'impression d'entendre des phrases toutes faites par moments.
Elle introduit certains de ses morceaux comme ce She was a darling tiré de son Trilogy. Blues mais plutôt blues rock. Là et à d'autres moment je pense à la reprise de Hard to handle par les Black Crowes. Un peu plus tard un morceau captera mon attention plus que les autres il s'agit de Long road down si j'ai bien écouté, qui est un peu différent. Après avoir constaté que la pinte est moins chère dans le bar de gauche que dans celui de droite et que les hot dogs sont plus chers à droite mais beaucoup plus gros, je me pose pour manger cela avec Svet et Alice (qui ne dort toujours pas).
C'est maintenant le temps de l'entracte ... je me rends compte assez rapidement qu'il s'agit du même disque qu'au départ, puisque après la reprise de No Doubt version jazz, revoici Creep ... c'est dommage avec tous les bons disques (locaux ou d'ailleurs) à faire découvrir au public un soir comme celui là de repasser deux fois le même non ? Nous somme rejoints par Cedric qui nous fait gouter sa Pina colada ...
22h55 je repars devant pour découvrir le fameux du Tajmo, contraction de Taj Mahal et Keb' Mo' dont je ne connaissais que le premier (et encore que de nom). Arrivent ensemble sur scène Keb'Mo' (guitare, chant), Marcus Finnie (batterie), Dana Robbins (saxophone, flute, ...), David Rodgers (claviers), Stan Sargeant (basse) et Quentin Ware (trompette). Ils seront assez vite rejoints par Taj Mahal qui arrivera doucement en dansant tout en secouant des maracas.
Une fois assis il se mettra d'abord à l'harmonica (dont il faudra bien le premier morceau pour qu'on commence à l'entendre dans le public) puis aux guitares comme son collègue Keb'Mo' avec qui il partagera le chant. Un peu plus tard ils seront rejoints par Deva Mahal et Zoe Mahal aux churs, sourires et ondulations en phase communicatifs. Churs qui par moments, sur les morceaux les plus calmes en général, me feront penser à ceux de Leonard Cohen.
Au niveau de la voix et de l'intonation de Taj Mahal j'ai pensé à plusieurs reprises à Winston Mc Anuff (et Svet aussi), notamment sur Don't leave me here qu'ils joueront assez tôt dans leur set. En les écoutant je me dis que même si les paroles de cette chanson justement sont assez classiques à aucun moment je n'ai le sentiment que c'est artificiel ou sur-joué. En parlant de jeu ce qui sera frappant c'est le fait qu'ils ont vraiment l'impression de se faire plaisir voire de s'amuser (comme lorsque Taj Mahal s'amuse à traduire en français ce que Keb' Mo' dit ou chante en anglais).
Comme pour Ana je finirai pas me caler dans le fond avec Svet et Cedric. Tellement bien calé que je finirai par m'allonger ... et m'endormir apparemment. S'endormir en regardant les étoiles avec deux bluesman de légende et leur groupe comme bande son, que demander de plus ? Un peu moins de vent et de décibels peut être ? Impossible de vous dire de quelles parties de leurs répertoires communs ou perso étaient tirés les morceaux mais ce qui est sûr c'est qu'on a parcouru des ambiances assez variées.
A la fin (pour le rappel) je me relèverai pour m'approcher à nouveau du bord de la scène pour rejoindre le public (tous debout) dansant pour constater qu'aucun des musiciens sur scène n'avait perdu la patate ! Si au début j'avoue que je n'ai pas été aussi impressionné que ce à quoi je m'attendais, finalement j'ai passé une très bonne soirée !
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Critique écrite le 28 juillet 2017 par Pirlouiiiit
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