Accueil Chronique de concert Metallica (World Wired Tour) + Ghost
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Chronique de Concert

Metallica (World Wired Tour) + Ghost

Metallica (World Wired Tour) + Ghost en concert

Stade de France, Saint-Denis 12 mai 2019

Critique écrite le par

Dans le genre "concert quasi-impossible à choper à l'ouverture de la billetterie", où l'on se bat désormais contre les robots d'escrocs notoires comme Viagogo ("Viens, gogo !", tout est dit), en plus des traditionnels revendeurs & arnaqueurs à la petite semaine - autant de gens qui mériteraient un long et douloureux écouillage au couteau émoussé...


Celui de MetallicA au stade de France le 12 mai 2019 était un beau défi ! Ce fut un petit miracle d'attraper 4 places en septembre, et de pouvoir les offrir trois mois plus tard à mes chers Beaufette et Beauf, fans historiques, de la part de Papa Noël et sans jamais avoir lâché le morceau malgré quelques apéros appuyés avec eux. Initialement je ne voulais même pas spécialement y aller, j'avais déjà vu le groupe à 4 reprises (Marseille 1996 - avant Concertandco ; Arras, 2008 ; Nîmes, 2009 ; Wil-Jonschwil, 2010), mais c'est qu'ils ont un peu insisté, et je ne peux rien leur refuser, hum... Et puis je me suis dit, merde, 5 concerts, depuis pas loin de 30 ans que j'aime ces bon vieux Four Horsemen, finalement ça reste raisonnable, il a donc pas fallu me titiller beaucoup... D'autant que leur production la plus récente, Hardwired to Self-Destruct (2016), m'a plutôt convaincu !


L'arrivée au Stade de France est aussi fluide que dans mon souvenir (AC/DC, 2015)... C'est parfaitement bien indiqué, il n'y a pas 2 stations de métro qui ne desservent qu'une moitié des places et ne communiquent pas, comme au stade Vélodrome... C'en est presque trop facile ! Et si on rate entièrement l'avant-groupe Bokassa, c'est bien parce qu'on a pris le temps de flaner/roter quelques rafraîchissements devant notre lettre d'entrée, comme il se doit entre metalleux.ses bien élevé.e.s ! On gagne ensuite nos place en tribune - pas mon premier choix bien sûr, mais j'ai pris ce qui était accessible. Bon, ce qu'on perd en qualité du son (forcément meilleur sur la pelouse plastifiée devant), on le gagne en confort : dessoiffeurs et toilettes à proximité (ce qui permet une sorte de mouvement vésical perpétuel pendant le concert, pour la plus grande joie de nos voisins de rangée), les fesses posées quand on veut, une vue lointaine mais imprenable (et avec des jumelles) : on est pas si mal, dans les tribunes pour vieux fans, pour une fois !


En première partie (hélas), il va falloir se refarcir Ghost, ce groupe de guignols qui m'a rasé, de nuit aux Eurockéennes et n'a même pas réveillé mon fils (encore bébé) de jour à Rock en Seine. Hélas encore, les costumes sont moins beaux qu'avant et les lumières, hors-jeu puisqu'il fait encore jour : en l'absence habituelle de chansons, ils n'ont vraiment plus grand chose à vendre... Coup de bol par contre, le chanteur semble enfin avoir pris, justement, des cours de chant. Allez, sa voix est pas mal et quelques riffs (en gros, ceux qu'ils ont le mieux et le plus pompés à 'Tallica) sont pas mal et émergent de leur tambouille assez insignifiante. Si le saxophone n'était pas nécessaire, au moins on a ressorti la jolie soutane quelques instants. Mais globalement, toujours pas de quoi écorcher une grenouille de bénitier vivante...


Et c'est enfin le moment de la cavalcade de Tuco dans le cimetière, cherchant la tombe d'Arch Stanton, au son de The Ecstasy of Gold. Grande clameur et petit frisson, comme toujours à ce moment-là, qui démarre traditionnellement les concerts de MetallicA ! Bon, autant l'évacuer tout de suite : les Mets sont comme vous et moi : ils n'ont pas rajeuni. Le poids de 38 ans d'existence en tant que rockstars (et des quelques excès qui vont avec) pèse un peu sur leurs épaules, poches sous les yeux et autres cheveux tirant vraiment vers le blanc (sauf ceux de leur bassiste un peu plus jeune, bien sûr). Lars Ulrich a plus ou moins doublé de volume en 25 ans, et même James Hetfield est clairement moins affuté que lors de notre dernière rencontre : il lui faudra un moment pour être vraiment dedans, vocalement. Eh ! On a tous l'âge de nos artères, pas vrai... [Pour une analyse plus détaillée de la prise d'âge de MetallicA, et de ses fans qui ne rajeunissent foutre pas non plus, nom de Lemmy, (re)lire la très pertinente chronique d'un certain Philippe, sur le film Through the Never en 2013...]


Début comme imaginé sur Hardwired to self-destruct, la pétaradance jouissive qui ouvre leur dernier disque : son encore assez confus, chanteur pas chaud, mais tout ça va s'améliorer ensuite... Le temps de se fader The Memory Remains (une sorte de furoncle posé sur le fessier pourtant plutôt classieux de leurs oeuvres complètes), et arrive un Ride The Lightning plus réjouissant et déjà mieux calé ! A l'occasion d'une pause pipi, je constate avec dépit qu'un stadier idiot et zélé est venu se positionner pile à ma porte : plus le droit de passer (en extérieur !) avec une clope, il veut revoir mon billet comme si je débarquais, etc. Il en faut toujours un comme ça... que nous appelerons donc The Unforgiven. Quelques petites problèmes de justesse vocale encore, tout comme sur Here Comes Revenge (mais où la batterie nous tape agréablement dans le bide). Premier grand kiff, Moth Into Flame, vraiment bandulatoire, et puis James commence à nous parler vraiment et c'est vrai qu'il est toujours aussi sympathique, ce salopard de vieux républicain fan de la NRA... "If we're still here after 38 years, it's only because of you, the Metallica family !"


Sad but True, c'est triste mais vrai, celle-là m'a toujours un peu barbé mais la vidéo est très jolie (et l'écran très géant !). La bonne surprise pour mon ami Clément (qui l'adore), c'est la belle Sanitarium (pas jouée dans les concerts précédents) ... Mais c'est alors qu'arrive le moment à la fois le plus WTF ... et le plus charmant du concert : le balèze Robert Trujillo s'avance seul avec Kirk Hammett, et annonce une surprise pour la France. Et il entonne, avec son collègue, le célébrissime riff d'orgue de Ma Gueule, de Johnny fuckin'dead Hallyday, avant de la chanter ! Evidemment ce n'est pas parfait mais c'est assez ressemblant, et surtout cette attention est franchement touchante de leur part - et puis Robert a une sacrée quoi-ma-gueule, lui aussi ! La foule reprend évidemment en choeur, un peu (voire très) émue de réentendre du Johnny dans cette enceinte où il s'est souvent produit. J'ai comme un petit truc qui me chatouille quelque part... et je refoule à grand-peine des souvenirs de chair de poule que ce salopard avait réussi à me foutre lors d'un de ses concerts... Merci beaucoup motherfuckers, quelle classe !


Plus personnel pour eux, suit un hommage à Cliff Burton, leur bassiste mort accidenté, toujours cité et jamais oublié après 30 ans et quelque. Et puis une Frantic euh, comme son nom l'indique, frénétique (les orthodoxes la détestent en général, moi je la kiffe !) Avouons qu'on apprécie aussi leur capacité à ne pas lâcher leurs album les plus mal-aimés (et en particulier le très original, dissonant et putain de vénère, St.Anger)... Sur One, grand classique chéri par contre, les pyrotechnies resteront modestes et surtout pas trop sonores (on a des souvenirs d'explosion franchement limite par le passé). Par contre la vidéo de soldats qui défilent, squelettes par transparence, est splendide et le morceau toujours aussi fantastique ! Tout comme Master of Puppets, qui fait comme toujours se rouler par terre tout métalleux fan de trash qui se respecte (NB : si vous n'avez pas frémi à la phrase précédente, arrêtez-tout SVP, elle contient deux fautes d'orthographe atroces mais volontaires, c'est juste pour trier nos lectrices et lecteurs de ceux de la presse généraliste...).


... Si vous êtes toujours là, merci, suite et fin du grandiose catéchisme de MetallicA avec l'inconographie inévitable (et toujours hyper plaisante) : For whom the Bell tolls, Creeping Death, Seek and Destroy, jouissives à crever, on en hurle de joie, il fait bien nuit, le son est parfait, le groupe est chaud et le public en fusion au moins depuis Johnny, donc... excellente fin de concert ! Enfin, ils sortent en étant déjà sur scène depuis 2 heures, et puis reviennent pour un rappel contenant un titre inespéré, pour moi (pas joué non plus précédemment en tournée) : Spit Out The Bone, l'un des trois meilleurs titres du dernier album, fantastique cavalcade ! Il n'y a plus qu'à nous cueillir ("Oh yeah ? OH YEAH?!") avec les inévitables : Nothing Else Matters (sur fond bleu blanc rouge), filmée par environ 30 000 smartphones (il est vrai que des milliers de quadras ont furé là-dessus, vers la fin du siècle dernier...). Et nettement plus excitante, la finale Enter Sandman qui reste, n'en déplaise aux grincheux, l'un des plus grands riffs de metal de tous les temps, par sa simplicité biblique, en plus de sa construction remarquable. Rhaâââ, ça valait le coup, et comme toujours avec ce groupe immense, putain de m...


Sortie de scène triomphante pour eux (on s'égosille...), après plus de 2h20 de concert, c'est généreux comme toujours - ils blablatent encore dans le micro pendant de longues minutes en saluant les premiers rangs et le public en général. Sortie de stade tranquille pour nous, petit debrief avec des étoiles dans les yeux, et retour également très fluide (l'organisation de la RATP est irréprochable, sur ce coup-là !), couronnent une très belle soirée et le concert d'un quatuor un peu vieillissant mais qui en a toujours assez sous la pédale pour nous faire décoller, une fois de plus. Côté setlist, on note que le groupe a définitivement déserté l'album Death Magnetic, c'est dommage (surtout en continuant à jouer du Load), ou qu'il n'a pas du tout revisité Kill'em All... Mais enfin au delà de ces considérations muscido-sodomitales, elle a été au poil, copieuse et avec quelques belles surprises, alors de quoi se plaindrait-on ?


MetallicA, pour nous, merde aux blasés, ça restera donc anytime, anywhere, any price, au moins tant qu'on arrivera encore à battre à la course les robots tueurs de viagogo...

Photos : Retrouvez-en de très belles (en exclusivité, hélas) sur le site de Manu Wino !

Setlist :
[The Ecstasy of Gold]
Hardwired
The Memory Remains
Ride the Lightning
The God that Failed
The Unforgiven
Here Comes Revenge
Moth Into Flame
Sad but True
Welcome Home (Sanitarium)
Ma Gueule (Johnny Hallyday cover)
Frantic
One
Master of Puppets
For Whom the Bell Tolls
Creeping Death
Seek & Destroy

Encore :
Spit Out the Bone
Nothing Else Matters
Enter Sandman


> Réponse le 26 mai 2019, par Gandalf

Belle chronique de ce concert encore une fois fantastique, de ce groupe qui reste encore et toujours parmi ce qui se fait de mieux en live. Faire une critique serait une redite de toutes les dernières fois où j'ai pu les voir et où, pour résumer j'ai pris un pied mémorable. En pelouse or le son etait bon, y avait de la place pour banguer, hurler, retrouver les amis et jouir de de déferlement sonore. Un must. Par contre quand tu dis qu'ils n'ont pas revisité Kill'em all, ou ta phrase est mal tournée, ou tu oublies que "Seek and destroy" est dessus ;) (NdPh : en effet...)  Réagir


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