Chronique de Concert
Les Tambours du Bronx
À peine arrivés sur scène, les musiciens tout de noir vêtus attaquent violement les tambours sur une cadence que j'appellerais "de mise en bouche" ou plutôt de "mise en oreille". Il faut un petit temps d'adaptation à mes pavillons pour régler le niveau d'écoute car, comme on dit dans le jargon musicos, "ça envoie du lourd".
La rythmique est parfaite et la chorégraphie n'a rien à envier aux nageuses de natation synchronisée. Ils tapent forts, les bougres, sur leurs bidons qui semblent sortis tout droit d'une usine de métallurgie. Les mailloches qu'ils utilisent pour taper sur les fûts sont en hêtre, longues de 40 cm et de 3 cm de diamètre (à faire pâlir Rocco Siffredi). Visiblement les musiciens en consomment beaucoup car dès le premier morceau on voit des mailloches cassées qui volent à travers la scène pour être remplacées par des autres toutes neuves retirées d'un tas de mailloches en attente.
Les effets de lumières que je qualifierais d'industriels ajoutent à l'ambiance musicale, comme si on écoutait de la percussion face à des hauts fourneaux d'une fonderie. L'ambiance fait chauffer la salle et le public a du mal à rester assis sur son siège, quelques personnes se mettent debout pour se trémousser sur le tempo imposé par le groupe.
Les percussionnistes eux-mêmes retirent leur tee-shirt pour continuer à jouer torses nus telle une armée de gladiateurs en campagne. Ce qui m'épate c'est les différents sons que les musiciens peuvent tirer de leurs bidons. Ils peuvent trouver des sonorités graves, aiguës et même feutrées parfois alternant le son des mailloches percutées entre elles et le son métallique des fûts. Le synthé crache ses sons électro/ rock assisté en permanence par les musiciens qui donnent tout ce qu'ils ont sans jamais ménager leurs efforts.
Je comprends mieux les gros bras de chacun car pour taper avec autant de vivacité sur de la tôle mieux vaut ne pas être taillé comme un sandwich SNCF. Il suffit de voir dans quel état sont les tambours sur scènes, enfoncés, tordus, enfin complètement bousillés. Les bidons sont remplacés tous les deux concerts car ils sont tellement maltraités qu'ils ne résistent pas aux assauts des coups portés par cette bande de Bad Boys.
Les morceaux défilent au rythme soutenu des percussionnistes à demi dénudés et prêts à poser pour le prochain calendrier de la sidérurgie. Après 1 heure 45 de concert et un rappel Les Tambours du Bronx nous quittent en distribuant quelques mailloches au public venu réclamer un souvenir de ce mémorable concert. Chapeau messieurs pour votre prouesse et au plaisir de vous revoir. Heu ! De vous entendre...
SET LIST :
Critique écrite le 07 octobre 2015 par Janfi
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