Le Théâtre de Lenche (en coproduction avec MP13) accueille pour cinq soirées, le chanteur Stephane Massy a.k.a Tante Hortense, qui vient présenter son nouvel album. Rappelons quand même que Tante Hortense est une des éminentes figures des Disques Bien, label classieux (dont on ne dira jamais assez de bien, justement) représentant une certaine " chanson française " de qualité, à cent lieus des clichés habituels et à contre-courant des diktats de l'industrie du disque.


Tante Hortense a invité pour l'occasion quelques amis chanteurs et musiciens, et pas des moindres, à qui il propose de jouer et d'interpréter ses textes : Claire Diterzi, le guitariste Seb Martel et la danseuse Anne-Emmanuelle Deroo du mardi au jeudi et David Lafore le vendredi et le samedi.


Le spectacle commence par une étrange chorégraphie d' Anne-Emmanuelle Deroo accompagné par Seb Martel qui marche (en cadence) sur les cordes de sa guitare posée à même le sol, produisant ainsi des sonorités presque noise. Tante Hortense fait peu après irruption avec les cinq musiciens qui vont l'accompagner tout au long du spectacle avec un titre à six voix chanté à capella et aux paroles finement salaces, ce qui à pour effet de capter tout de suite l'assistance.


La taille du Théâtre de Lenche favorise la proximité et l'échange avec le public qui va vite se rendre compte qu'il s'agit là plus d'un spectacle que d'un concert lambda, avec une mise en scène très étudiée. Le groupe enchaîne avec la samba frénétique La Vache.


Tante Hortense a vraiment l'art de torcher des compositions qui marient loufoquerie et élégance (ce qui n'est vraiment pas donné à tout le monde dans ce pays). On pense un peu au Katerine des débuts pour la voix, l'humour et une certaine nonchalance. Tante Hortense est entouré de très bons musiciens.


L'instrumentation est à la fois sobre et très efficace. Mjo, compagne de label, est au chant et aux percussions, Christophe Rodomisto tient la guitare, Jean Philippe Barrios est à la batterie et aux percussions tandis qu'Eddy Godeberge tire des sonorités tuantes de son cavaco électrique qui donnent aux chansons une couleur assez rock.


Ces musiciens jouent parfaitement en place. Les influences brésiliennes ou tropicales sont omniprésentes (elles étaient totalement revendiquées sur l'album précédent, le très recommandé Hortênsia du Samba). Les textes sont toujours drôles, jamais convenus et à des années lumières d'une chanson française souvent pénible et nombriliste.


Tante Hortense manie la langue avec subtilité, joue avec les doubles sens, un peu à la manière d'un Bobby Lapointe ou d'un Ricet-Barrier (pour le côté grivois). Il y a une grande complicité entre ces musiciens et un réel plaisir à jouer. On découvre donc les titres du nouvel album Nager sans cœur, qui va sortir prochainement : la samba folk 34 ou encore l'électro-Hip-Hop déjanté Le Sexe dans lequel Tante Hortense arrive à citer Serge Lama (c'est aussi ça, l'élégance : arriver à faire de telles associations...)


Les chansons sont ponctués d'intermèdes avec les invités : on retiendra une très belle interprétation de Mon bel Amant du Berry chanté par Claire Diterzi, un duo avec Seb Martel aux percussions et Mjo au chant qui m'a rappelé les Brigitte Fontaine et Areski des 70's et enfin, un final avec tous les musiciens où Seb Martel joue une improbable version des Quatre Saisons à l'harmonica sur laquelle chante Claire Diterzi accompagnée de son ukulele.


Leurs interventions se font toujours avec une grande maîtrise instrumentale ou vocale. Il faut savoir en plus que ces invités ont découvert la veille les morceaux qu'ils allaient jouer. Il y a de tout petits couacs mais toujours rattrapés avec humour.


Tante Hortense termine le spectacle avec son désormais classique et désopilant Une Bite sur le Poignet. Il arrive à chanter un truc pareil sans qu'il n'y ait une once de vulgarité et rien que pour ça, il faut aller le voir et écouter ses disques. On regrettera juste que la formation n'ait pas pu jouer quelques soirs de plus de manière à ce qu'un spectacle aussi bon soit visible par le plus grand nombre (et que je serais volontiers aller revoir).


Plus de photos (prises jeudi 19 septembre) par Pirlouiiiit par ici

Bonus vidéo :


et une petite de Seb Martel & Anne-Emmanuelle Deroo par ici