Chronique de Concert
Tel Quel + Ausgang (Festival Les Femmes s'en Mêlent)
Souvent quand je vois la programmation du Molotov sur Concertandco (vous savez ce site sur lequel vous pouvez trouver en quelques clics tous les concerts à venir à Marseille et ailleurs) je me dis que je devrais y venir plus souvent. Cette semaine c'est donc la deuxième fois que j'y mets les pieds (et les oreilles). Après le très chouette concert de Sam Karpienia's Electric Power et Black Ends mardi (voir la chronique par ici), me voici de retour ce jeudi dans le cadre du festival Les Femmes s'en Mêlent (festival qui reprendre sur Marseille cette année et dans le cadre duquel j'ai pu voir Mellano Soyoc - voir la chronique de Philippe par ici - à l'Artplexe). Failli être retardé sur mon chemin en raison d'un attroupement musical devant la Brasserie de Plaine ...
En arrivant au Molotov je ne suis qu'à moitié surpris lorsque j'apprends que le concert affiche complet malgré le prix plus haut que ce que pratique la salle habituellement. A mon entrée, dans la salle, déjà plutôt bien pleine, la première partie est en plein set. Il s'agit de Tel Quel duo montpelliérain " réunissant un rappeur et un multi-instrumentiste chanteur, créant une musique nouvelle, poétique, brute, entre deux univers : Le rap flirtant avec la chanson destroy de Cutter, le violoncelle, les guitares et les voix du monde de Dominique Gazaix " dixit FB.
Peu après mon arrivée, Cutter brandit un des 4 CD qu'ils ont retrouvé chez un(e) pote, leur album Le Jour Gît Au Beau Milieu De La Nuit sorti en 2020 (que je vous invite à découvrir sur leur bandcamp). C'est sur ce disque qu'on peut trouver ce 2h du mat' qu'ils viennent de jouer dont une phrase (punchline je crois que c'est comme ça qu'on dit) " si t'as une gueule de bagnole mal garée "m'amuse. Quant il ne chante / rap pas, Cutter danse / donne l'impression de se battre contre un ennemi imaginaire qui serait situé sur le côté de la scène (au début je croyais qu'il se regardait dans le fumoir mais après il l'a fait aussi côté fresque).
Le premier nom qui m'est venu à l'esprit a été Iraka que je n'ai pas eu l'occasion de voir sur scène depuis trop longtemps ... Si sur le premier morceau j'ai trouvé le mariage violoncelle / rap original, sur le suivant où Dominique a attaqué à la guitare sèche, et surtout qu'il s'est mis à chanter (déjà sur le précédent il avait fait l'intro et la conclusion en mode parlé / marmonné) j'ai trouvé cela carrément culotté. Espèce de chant arabisant ou tzigane qui vire à l'espagnol ... pendant que Cutter continue à se chauffer pour le prochain morceau.
Dominique change d'instrument assez régulièrement ... violoncelle, guitare mais aussi faux qu'il aiguise. Côté Cutter, du rap, avec des textes en français " Notre quête est ailleurs " " yo yo " " ça plane dans nos têtes " ... je ne sais pas si ce sont les textes ou la façon de les dire mais j'ai aussi pensé à Silmaris et N o One is Innocent. L'accueil du public est bon. Le groupe le sent " ça fait plais' d'être là " ....
" On va finir avec ça " et je crois que ce sera un morceau où il est question d'aimer le danger. Il faut reconnaître que leur duo est assez courageux. Original et efficace sur scène. Et maintenant que j'ai un peu écouter leurs morceaux sur leur bandcamp j'avoue que je regrette de ne pas être aller les voir pour acquérir un de ces 4 Cd (moi qui ai encore besoin d'un support physique pour écouter de la musique). Je finis le set accroupis à gauche au pied de la scène. J'y resterai pendant le changement de set car le Molotov est désormais vraiment plein.
Pas beaucoup de p'tits jeunes mais public assez varié, avec une forte proportion de femmes sur les premiers rangs. Ca ralouille un peu avec les gens trop grands devant (une des raisons pour lesquelles j'ai tendance à rester accroupis dans ces moments là). Un jeune venu avec sa mère qui l'enverra faire remplir leur gourde au bar pour tenir pendant le concert de Ausgang s'amuse de ne pas avoir reconnu " Belsunce Breakdown " ...Autour de moi les compliments féminins fusent pour Tel Quel (" beau ", " textes incroyables "), réaction plus blasée du jeune qui lui aussi écrit apparemment.
Une certaine excitation à l'approche du concert. Je garde un souvenir tellement puissant des 2 concert de Casey avec Zone Libre, que ce soit le premier au Poste à Galène avec Hamé (voir chronique par ici) ou celui avec B James à l'Affranchi (voir chronique par ici), deux concerts en 2009 (d'où peut être l'age du public ce soir) , et de ma logique description lorsqu'elle est revenu seule en 2010 à l'Affranchi (voir chronique par ici) que j'en ai même oublié que j'avais revu Casey au sein de Expeka Trio à la Meson en 2018 (voici chronique par ici).
Ce soir je m'attends à la voir accompagné de Sonny Troupé (comme dans Expeka) à la batterie, de Marc Sens qu'elle a débauché de Zone Libre et de Manusound aux machines, mais n'ayant pas aperçu ces 2 derniers dans la salle je ne suis qu'à moité surpris lorsque je découvre sur scène 2 autres musiciens qu'elle nous présentera vers la fin du concert mais dont je n'ai pas noté les noms (car je croyais être en train de filmer à ce moment là) aux machines et à la guitare.
Ils attaquent par Gangrène (j'allais dire le ton est donné, mais il n'y a pas vraiment de morceau plus gai qu'un autre ... il suffit de jeter un œil à la set list ci dessous). Main droite dans la poche de son survet' Casey n'a pas changé. Toujours ce mélange de rage (Ma rage est le deuxième morceau) et de gentillesse (avec ce petit sourire timide en coin - c'est en tout cas comme ça que je l'interprète). Un mélange improbable de la tension et de bonté.
J'adore la façon qu'elle a de chanter et de bouger les 2 baskets solidement ancrées au sol ... Quand elle pose son micro et/ou ne chante pas, la par contre c'est tout son corps qui se met en mouvement embarqué par les rythmes percutant de Sonny. Il faut dire que c'est aussi à lui que je suis accroché depuis le début du concert, non pas parce qu'il sourit (ce que j'adore) parce qu'accroupis comme je suis je le vois peu, mais parce que je trouve la guitare assez peu présente. J'ai beau voir le guitariste jouer, bouger, s'afférer, réglé son ampli etc ... je n'arrive pas à entendre ce qui en sort. Un peu tout le contraire d'un Marc Sens. Sur la fin ça ira mieux et j'entendrai la contribution de la guitare.
Côté machines, peut être parce que je suis juste à côté de lui, beaucoup de présence. De la basse, des sons plus électros avec plein d'effet qui contribuent au gros son de ce soir. Au milieu de tout cela Casey envoie des textes sans concession (tout le monde à l'air de connaître le répertoire). Si je n'ai pas eu l'occasion d'entendre son dernier album j'adhère vite aux morceaux que je découvre et me retrouve à scander avec elle (en play back) les refrains à coup de " crapule " ou d' " élite " (qui fait mouche).
" J'attends mon heure, je perds mon temps " me renvoie 14 ans en arrière. Le " marche droit, tiens toi bien " me fait penser aux Raymonde et les Blancs Becs et leur Bombe le torse. Plus le concert avance, plus il y a de sourires sur scène (dans le public il y en a depuis le début). Casey ne mets plus les mains dans ses poches, mais elle tente d'essuyer la sueur qui coule. Il fait chaud et personne ne se ménage.
Pas beaucoup de morceaux calmes dans le set ... peut être Aidez moi et ce glaçant " où est ma bouée, si vous pouvez me la trouver balancez là dans l'égout où j'suis en train de couler ". Cette façon de danser en biais, de tituber ... La fin du concert approche. Casey nous présente ses compagnons de jeu. Elle nous donne du " la famille ", nous dit qu'on se reverra et qu'il faut se ménager un peu si on veut tenir jusqu'à 64 ....
Le dernier morceau du concert Bâtard sera pour " tous les fils de put du rock ", en prenant soin de préciser qu'il y en a aussi dans le rap, qu'elle en parle dans d'autres morceaux mais que celui là est pour ceux du rock peut être un peu plus nombreux. Là encore textes très justes (comme ne pas sourire en entendant " T'as rien à dire alors tu le dis en anglais "). C'est fini.
set list : Gangrène, Ma rage, Crapule, Tête à la traîne, Bonne conduite, Elite, Chuck Berry, Aidez moi, Ma complice, Ma haine, Purger ma peine, Mort vivant, Bâtard
Un peu plus de photos et vidéos par Pirlouiiiit par ici
Bonus video :
Critique écrite le 08 mai 2023 par Pirlouiiiit
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