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Chronique de concert Tess & Ben
Mardi 5 novembre 2024 : 7116 concerts, 27217 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Chronique de Concert
Tess & Ben
Tess & Ben : retour au strict minimum.
Première prestation du duo Tess & Ben au restaurant Le Zizolin d'Avignon.
Ce duo a de quoi titiller la curiosité : duo voix et contrebasse.
Immédiatement, on pense jazz. Mais l'annonce précise dans la foulée, pour qu'il n'y ait pas de mésentente : " Nous connaissons tous les oeuvres de Police, des Beatles, Kate Bush, Norah Jones, David Bowie... Mais, réduites à leur plus simple apparat, à quoi pourraient-elles bien ressembler ? "
Là, ça se complique. Un duo voix et contrebasse qui reprend des standards de pop... Ok, de la musique de fond, avec des reprises pop, de la musique pour ascenseur, pour répondeur, pour restaurant en l'occurrence alors ?
Pas tout à fait.
Il est des groupes qui font comme leurs ainés, comme leur idoles.
Il est des groupes qui imitent, qui plagient.
Il est des groupes qui mélangent, mixent.
Tess et Ben, quant à eux, écoutent, écoutent, écoutent encore.
Puis digèrent, lentement, décortiquent, dissèquent, dépouillent.
Les deux acolytes ne sont certes pas des novices. Donc des imitations, des reprises, des standards, ils ont du en bouffer comme tout le monde, au début. A leurs débuts. Normal. Mais le chemin n'en est plus vraiment au commencement. Chacun d'eux a fait un bon bout de route. Ils se sont désormais assez échauffés.
Ben (Benoit Rapetti) semble être celui que intellectualise le plus des deux. Formation initiale au Conservatoire en poche, il a multiplié (et multiplie encore) les expériences tous azimuts. Tous azimuts, mais avec soin, et surtout expérimentation. Rock, jazz, pop, électro ou traditionnel, on l'a croisé au bout de plus d'un manche de basse ou autres, dans des groupes tels que Scrubbers, Bandits Manchots, Super8, Orpheum Jazz Band, ... Je l'avais croisé sur quelques scène, par hasard tout d'abord, puis par affinité et curiosité ensuite. Trouver Ben dans une formation qui m'était inconnue, c'était gage d'y trouver quelque chose de neuf, de particulier...
Tess (Estelle Inzani) semble quant à elle la plus dans l'émotion des deux. On chante d'abord. Avec le ventre, avec les tripes, avec l'émotion. On réfléchira après. " Don't think twice it's alright ". Avec une voix juste ce qu'il faut d'éraillée, puissante. Une voix impressionnante. Avec elle, place au rock, au blues, denses, puissants. Le parcours, quoiqu'aux styles moins diversifiés, n'en est pas moins varié : Troubleshooters, Big Daddy, Headcutters, ..., où elle croise Fred Voleon, Ange King, ... Personnellement, je ne connaissais pas Tess comme chanteuse, mais comme photographe de scène. De scènes de rock, bien entendu.
Cette première prestation est donc pour eux un baptême du feu en quelque sorte.
Ca passe ou ça casse.
Certes, le lieu est volontairement et judicieusement choisi. Ici, on est sûr que le duo sera en terrain presque conquis. L'endroit est plein comme un oeuf, ça débrode jusque dans la rue, de connaissances, d'amis, de familles, d'amis musiciens, artistes, de photographe-chroniqueur-compère-ami (soyons honnête), ... sans compter que les plats sont un délice, que l'ambiance est chaleureuse, et que la carte des vins est vertigineuse... (hemm... pardon).
Mais une première reste une première.
Se produire en groupe, entourés, perdu dans un ensemble rock ou techno peut avoir quelque chose de rassurant, noyés dans les nappes de décibels, d'accords rocks ou électro, dans une situation chaudement anonyme, quoique sur le devant de la scène ou au microphone.
Se produire à deux, à poil, sans fioritures, sans apparat, avec comme seules armes, sa contrebasse ou sa voix, même devant des connaissances, c'est un pari audacieux. Et puis, le duo ne fait qu'un simple set de reprises de morceaux pop dans un restau de plage à Lacanau en plein mois d'août, de morceaux easy-listening à cheval entre lounge et club de jazz, ... entre deux ascenseurs ou entre deux coups de fil. Ils s'aventurent sur des terrains mouvants, voire minés. Reprendre à la voix et à la contrebasse Kate Bush, tordre des classiques tels que Nirvana, " oser " s'en prendre à M, prétendre rivaliser avec Norah Jones ou Eurythmics, se frotter à Janis Joplin !...
Alors, bien entendu, ça flotte un peu entre les morceaux.
Les commentaires entre les titres sont hésitants, bon enfant.
Alors bien entendu, la contrebasse, ça le fait immédiatement, comme un gage de bon goût et de sérieux. Un alibi en béton. (" non, mais, on est pas à la messe... je sais la contrebasse... mais vous pouvez parler entre vous... "). Toi qui ose écouter de la pop toute la journée, toi qui chronique des groupe noisy ou rock indé, viens oser dire que le jeu à la contrebasse, c'est pas la classe totale ?
Alors bien entendu, s'écouter de bons vieux standards délicatement choisis, ça le fait grave. Facile ?
Mais voilà.
Ces deux là ont tellement dépouillé leur morceaux, tellement épuré leurs standard, qu'il n'en reste plus qu'une essence derrière laquelle on ne peut plus se planquer. Balayé l'alibi, exit l'instrument classe. Mais la base : une ligne de contrebasse et une voix. Des morceaux parfois méconnaissables, et pourtant identiques. Des mélodies ayant perdu leurs arrangements des milliers de fois entendus. Des thèmes tant de fois évoqués. Jusque là enribanés de guimicks ou de riffs qui font reconnaître un morceau avant même qu'il ne commence, avant même le moindre début de mélodie, le moindre premier mot du texte. Jugez-nous là-dessus.
Tantôt c'est le chant qui dirige, qui supervise, qui mène, qui décide, accompagné de la contrebasse.
Tantôt c'est la contrebasse, de ses arrangements, qui surpasse, sur laquelle la voix sautille.
Le tout dans une complicité, à rendre jaloux une star de rock interplanétaire.
Et voilà.
Un These boots are made for walking parfaitement adapté à ce format...
Des Wonderwall ou des Smells like teen spirit méconnaissables...
Un Imagine, de John Lennon, fantastiquement adapté à ce point...
Un I Need A Child initialement d'Oilivia Ruiz, mais ici, façon personne, façon Tess & Ben...
Un pourtant ardu Army Dreamers gambadant dans l'espace façon Kate Bush, à l'arrangement de contrebasse subtil et délicat...
Un Mercedes Benz façon Janis Joplin, a cappella, propulsé dans la salle, et qui vous scotche...
Ecouter Tess & Ben, en Avignon, tout en buvant un verre de Rasteau, ... et mourir.
... ou alors attendre les prochaines prestations, de nouvelles adaptations, et qui sait ? leurs compositions propres...
Set list (en vrac) :
Something (Beatles)
Ain't no sunshine (Bill Withers)
Don't worry Be Happy (Bobby Mc Ferrin)
Perhaps (Cake)
Time after time (Cindy Lauper)
The Man Who Sold The World (D. Bowie)
Sway (Dean Martin)
Sugar Sugar (Diving with Andy)
The Ballad of the Big Machine (Emilie Simon)
There must be an angel (Eurythmics)
I'll be your mirror (Velvet Underground)
I'm so tired (Beatles)
Summertime (J. Joplin)
Mercedes Benz (J. Joplin)
Army Dreamers (Kate Bush)
Let Love Rule (Lenny Kravitz)
Onde Sensuelle (M)
Jimmy (Moriarty)
These boots are made for walking (Nancy Sinatra)
Cold Cold Heart (Norah Jones)
Don't know why (Norah Jones)
Shoot The Moon (Norah Jones)
I Need a Child (Olivia Ruiz)
Dock of the bay (Otis Redding)
Wonderwall (Paul Anka)
Smells like teen spirit (Nirvana / Paul Anka)
The Way you make me feel (Mickael Jackson / Paul Anka / ...)
Roxanne (Police)
I got a woman (Ray Charles)
Lucky Me (Sarah Slean)
L'eau à la bouche (Serge Gainsbourg)
Lady Madonna (The Beatles)
Lucy in the sky with diamonds (The Beatles)
Sunny Afternoon (The Kinks)
I just don't know what to do with myself (White stripes / Dionne Warwick / Dusty Springfield / ...)
Première prestation du duo Tess & Ben au restaurant Le Zizolin d'Avignon.
Ce duo a de quoi titiller la curiosité : duo voix et contrebasse.
Immédiatement, on pense jazz. Mais l'annonce précise dans la foulée, pour qu'il n'y ait pas de mésentente : " Nous connaissons tous les oeuvres de Police, des Beatles, Kate Bush, Norah Jones, David Bowie... Mais, réduites à leur plus simple apparat, à quoi pourraient-elles bien ressembler ? "
Là, ça se complique. Un duo voix et contrebasse qui reprend des standards de pop... Ok, de la musique de fond, avec des reprises pop, de la musique pour ascenseur, pour répondeur, pour restaurant en l'occurrence alors ?
Pas tout à fait.
Il est des groupes qui font comme leurs ainés, comme leur idoles.
Il est des groupes qui imitent, qui plagient.
Il est des groupes qui mélangent, mixent.
Tess et Ben, quant à eux, écoutent, écoutent, écoutent encore.
Puis digèrent, lentement, décortiquent, dissèquent, dépouillent.
Les deux acolytes ne sont certes pas des novices. Donc des imitations, des reprises, des standards, ils ont du en bouffer comme tout le monde, au début. A leurs débuts. Normal. Mais le chemin n'en est plus vraiment au commencement. Chacun d'eux a fait un bon bout de route. Ils se sont désormais assez échauffés.
Ben (Benoit Rapetti) semble être celui que intellectualise le plus des deux. Formation initiale au Conservatoire en poche, il a multiplié (et multiplie encore) les expériences tous azimuts. Tous azimuts, mais avec soin, et surtout expérimentation. Rock, jazz, pop, électro ou traditionnel, on l'a croisé au bout de plus d'un manche de basse ou autres, dans des groupes tels que Scrubbers, Bandits Manchots, Super8, Orpheum Jazz Band, ... Je l'avais croisé sur quelques scène, par hasard tout d'abord, puis par affinité et curiosité ensuite. Trouver Ben dans une formation qui m'était inconnue, c'était gage d'y trouver quelque chose de neuf, de particulier...
Tess (Estelle Inzani) semble quant à elle la plus dans l'émotion des deux. On chante d'abord. Avec le ventre, avec les tripes, avec l'émotion. On réfléchira après. " Don't think twice it's alright ". Avec une voix juste ce qu'il faut d'éraillée, puissante. Une voix impressionnante. Avec elle, place au rock, au blues, denses, puissants. Le parcours, quoiqu'aux styles moins diversifiés, n'en est pas moins varié : Troubleshooters, Big Daddy, Headcutters, ..., où elle croise Fred Voleon, Ange King, ... Personnellement, je ne connaissais pas Tess comme chanteuse, mais comme photographe de scène. De scènes de rock, bien entendu.
Cette première prestation est donc pour eux un baptême du feu en quelque sorte.
Ca passe ou ça casse.
Certes, le lieu est volontairement et judicieusement choisi. Ici, on est sûr que le duo sera en terrain presque conquis. L'endroit est plein comme un oeuf, ça débrode jusque dans la rue, de connaissances, d'amis, de familles, d'amis musiciens, artistes, de photographe-chroniqueur-compère-ami (soyons honnête), ... sans compter que les plats sont un délice, que l'ambiance est chaleureuse, et que la carte des vins est vertigineuse... (hemm... pardon).
Mais une première reste une première.
Se produire en groupe, entourés, perdu dans un ensemble rock ou techno peut avoir quelque chose de rassurant, noyés dans les nappes de décibels, d'accords rocks ou électro, dans une situation chaudement anonyme, quoique sur le devant de la scène ou au microphone.
Se produire à deux, à poil, sans fioritures, sans apparat, avec comme seules armes, sa contrebasse ou sa voix, même devant des connaissances, c'est un pari audacieux. Et puis, le duo ne fait qu'un simple set de reprises de morceaux pop dans un restau de plage à Lacanau en plein mois d'août, de morceaux easy-listening à cheval entre lounge et club de jazz, ... entre deux ascenseurs ou entre deux coups de fil. Ils s'aventurent sur des terrains mouvants, voire minés. Reprendre à la voix et à la contrebasse Kate Bush, tordre des classiques tels que Nirvana, " oser " s'en prendre à M, prétendre rivaliser avec Norah Jones ou Eurythmics, se frotter à Janis Joplin !...
Alors, bien entendu, ça flotte un peu entre les morceaux.
Les commentaires entre les titres sont hésitants, bon enfant.
Alors bien entendu, la contrebasse, ça le fait immédiatement, comme un gage de bon goût et de sérieux. Un alibi en béton. (" non, mais, on est pas à la messe... je sais la contrebasse... mais vous pouvez parler entre vous... "). Toi qui ose écouter de la pop toute la journée, toi qui chronique des groupe noisy ou rock indé, viens oser dire que le jeu à la contrebasse, c'est pas la classe totale ?
Alors bien entendu, s'écouter de bons vieux standards délicatement choisis, ça le fait grave. Facile ?
Mais voilà.
Ces deux là ont tellement dépouillé leur morceaux, tellement épuré leurs standard, qu'il n'en reste plus qu'une essence derrière laquelle on ne peut plus se planquer. Balayé l'alibi, exit l'instrument classe. Mais la base : une ligne de contrebasse et une voix. Des morceaux parfois méconnaissables, et pourtant identiques. Des mélodies ayant perdu leurs arrangements des milliers de fois entendus. Des thèmes tant de fois évoqués. Jusque là enribanés de guimicks ou de riffs qui font reconnaître un morceau avant même qu'il ne commence, avant même le moindre début de mélodie, le moindre premier mot du texte. Jugez-nous là-dessus.
Tantôt c'est le chant qui dirige, qui supervise, qui mène, qui décide, accompagné de la contrebasse.
Tantôt c'est la contrebasse, de ses arrangements, qui surpasse, sur laquelle la voix sautille.
Le tout dans une complicité, à rendre jaloux une star de rock interplanétaire.
Et voilà.
Un These boots are made for walking parfaitement adapté à ce format...
Des Wonderwall ou des Smells like teen spirit méconnaissables...
Un Imagine, de John Lennon, fantastiquement adapté à ce point...
Un I Need A Child initialement d'Oilivia Ruiz, mais ici, façon personne, façon Tess & Ben...
Un pourtant ardu Army Dreamers gambadant dans l'espace façon Kate Bush, à l'arrangement de contrebasse subtil et délicat...
Un Mercedes Benz façon Janis Joplin, a cappella, propulsé dans la salle, et qui vous scotche...
Ecouter Tess & Ben, en Avignon, tout en buvant un verre de Rasteau, ... et mourir.
... ou alors attendre les prochaines prestations, de nouvelles adaptations, et qui sait ? leurs compositions propres...
Set list (en vrac) :
Something (Beatles)
Ain't no sunshine (Bill Withers)
Don't worry Be Happy (Bobby Mc Ferrin)
Perhaps (Cake)
Time after time (Cindy Lauper)
The Man Who Sold The World (D. Bowie)
Sway (Dean Martin)
Sugar Sugar (Diving with Andy)
The Ballad of the Big Machine (Emilie Simon)
There must be an angel (Eurythmics)
I'll be your mirror (Velvet Underground)
I'm so tired (Beatles)
Summertime (J. Joplin)
Mercedes Benz (J. Joplin)
Army Dreamers (Kate Bush)
Let Love Rule (Lenny Kravitz)
Onde Sensuelle (M)
Jimmy (Moriarty)
These boots are made for walking (Nancy Sinatra)
Cold Cold Heart (Norah Jones)
Don't know why (Norah Jones)
Shoot The Moon (Norah Jones)
I Need a Child (Olivia Ruiz)
Dock of the bay (Otis Redding)
Wonderwall (Paul Anka)
Smells like teen spirit (Nirvana / Paul Anka)
The Way you make me feel (Mickael Jackson / Paul Anka / ...)
Roxanne (Police)
I got a woman (Ray Charles)
Lucky Me (Sarah Slean)
L'eau à la bouche (Serge Gainsbourg)
Lady Madonna (The Beatles)
Lucy in the sky with diamonds (The Beatles)
Sunny Afternoon (The Kinks)
I just don't know what to do with myself (White stripes / Dionne Warwick / Dusty Springfield / ...)
Critique écrite le 05 avril 2010 par Flag
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