Chronique de Concert
The Afghan Whigs
Ce lundi 9 février 2015 restera à jamais gravé dans ma mémoire. Toute cette journée m'a rendu heureux et rempli d'émotions, de bonheur et pour cause. Le soir même, j'ai le concert du groupe The Afghan Whigs mené par son chef de bande, le très grand Greg Dulli, un de mes artistes préférés depuis plus de 20 ans, qui m'attend au Trabendo, je ne pensais pas vivre cela un jour. Je vis donc un rêve éveillé depuis ce matin...
Il est 19h30 et je viens de dépasser la file d'attente qui se trouve en hauteur de la salle à quelques pas de l'entrée et constituée à cette heure-là d'une centaine de personnes. Je suis donc maintenant devant la porte d'entrée du Trabendo, pile dans le bon timing et je vais récupérer mon pass. Je suis heureux, très heureux, comme rarement. The Afghan Whigs, c'est juste un peu l'histoire de ma vie et le groupe qui a influencé mon pseudo lebonair/debonair titre extrait du merveilleux album "Gentlemen" datant de 1993, c'est peu dire. Je fais donc mon fier là car je suis inscrit sur la liste du groupe. Une fois mon très précieux sésame récupéré, je rentre dans la salle vide car je suis le premier, ce qui est rare et énorme pour moi. C'est déjà le pied. Je vais donc pouvoir me placer parfaitement, idéalement. Un fait à préciser, il n'y aura pas de première partie et en ce lundi soir, je ne souhaite qu'une chose, c'est de voir une salle pleine. Je croise les doigts car Greg Dulli le mérite tant. Un peu de reconnaissance en France pour son immense talent, en 2015, il serait grand temps !
En préambule du show qui est prévu à 20h30, j'ai déjà vu Greg Dulli évidemment mais entouré des Twilight Singers, groupe qu'il a formé en 2000 après la séparation d'Afghan Whigs, c'était il y a 4 ans à la Flèche d'Or à deux pas de chez moi. Et puis comment ne pas parler du merveilleux concert offert avec Mark Lanegan et leur projet The Gutter Twins dont j'ai assisté dans le même quartier en 2008 à la Maroquinerie mais là, ce soir, c'est le grand soir. Cela faisait au moins 17 ans que les Afghan Whigs ne s'étaient pas montrés en France. Et pour cause, ils s'étaient séparés. Après, pour tout vous dire, que cela soit avec sa première formation ou la seconde, cela reste le même style de musique, celle de Greg Dulli car c'est le principal et unique compositeur. Il sait tout faire et je l'aime tant car il m'a offert par sa musique d'énormes émotions, de très profondes d'ailleurs et cela continue encore. Après un "Réunion tour" en 2012 et suite au fait que Greg se soit de nouveau uni musicalement avec le bassiste d'origine, ils se sont aperçus sur scène lors de ces retrouvailles qu'ils avaient encore des choses à offrir sur disque et en live.
Un album, le très brillant "Do To The Beast" leur sixième disque est sorti d'ailleurs en mars dernier et pour cette occasion, je l'ai chroniqué sur le site. Le trabendo se remplit doucement et enfin, quelques minutes seulement avant leur arrivée sur scène, la salle est quasiment pleine et on doit être à peu près 600 dans la salle. La moyenne d'âge est forcément élevée et très peu de minots ce soir, pas mal d'hommes dans le public et l'émotion est palpable. Les gens sont impatients tout comme moi d'en découdre enfin.
Il est un peu plus de 20h30 et ils sont devant nous. J'ai déjà envie de pleurer. Le son est surpuissant d'entrée de jeu avec un extrait de leur dernier album "Parked Outside" et cela enchainera avec un autre extrait de ce disque "Matamoros". Le son est énorme et je n'avais jamais ou pratiquement jamais entendu un tel son ici. Il est si puissant qu'un fan tout devant se bouche les oreilles sur les 2/3 premiers titres et le bon vieux Larry le roadie lui apportera des boules quiès. Ce qui donnera l'occasion à Dulli de le brancher un peu en lui disant qu'il avait intérêt à boucher ces oreilles de fillettes car le son allait encore monter d'un cran. Il s'adressera de temps en temps pour parler et blaguer avec nous. Je suis donc toujours dans mon rêve. C‘est un vrai bonheur de le voir comme cela et enfin, un concert pour lui digne de ce nom à Paris par l'ambiance et le monde dans la salle. Nous vivons donc une soirée idyllique.
Il n'y aura aucun temps mort et les 22 titres joués ce soir s'enchaînent à la vitesse de la lumière. En écoutant des vieux titres tels que "Somethin' Hot", "Crime Scene, Part One", d'ailleurs, c'est cette chanson qui m'a fait couler mes premières larmes du concert (hé oui, l'histoire d'une vie, de ma vie...). C'est un torrent d'émotion qui s'est abattu sur moi et dans la salle. "Debonair" a été joué brillamment et j'ai pu entendre également ce putain de titre "Miles Iz Ded" que je n'osais même pas rêver entendre ce soir et ce fut le cas, merci Greg, j'ai cru que mon coeur se soulevait à ce moment-là. "Gentlemen", "John the Baptist", "My Enemy", "Summer Kiss" et j'en passe, Greg Dulli et ses brillants acolytes nous gâtent vraiment ce soir.
7 morceaux du dernier album seront également joués et il faut avouer que sur scène, ces nouveaux titres passent parfaitement bien ! On a tous beaucoup de plaisir à les entendre même si forcément on a moins de vécu avec ses chansons. En résumé, tout est excellent. Greg est particulièrement en voix et depuis qu'il a arrêté de fumer et qu'il a perdu du poids, il est redevenu le brillant chanteur qu'il a pratiquement toujours été. Sa voix ce soir est sublime, écorchée et rauque comme jamais, il flirte parfois avec la limite et ça passe toujours. Quel grain de voix et quel aura il a sur scène ! C'est un grand groupe live que nous voyons là et ces musiciens sont vraiment à la hauteur de Greg Dulli. On retrouve d'ailleurs des membres des Twilight Singers également dans cette nouvelle monture Afghan Whigs.
Bref, sur scène, il y a une belle connivence et tout le monde est ravi d'être là. Je suis heureux de voir Greg heureux, enfin à Paris.
Nous aurons même droit à une version de Turn On The Water avec quelques couplets de Coffee, du groupe américain vocal-électro Sylvan Esso (...wrap me in your arms, i can't feel it but...). Dulli écoute effectivement beaucoup de musique actuelle et aime la reprendre à sa sauce, comme lorsqu'il avait repris Love Crimes de Franck Ocean il y a quelque temps (à découvrir son excellent album de reprise sorti en 2004 avec the twilight Singers "She Loves You"). Après une courte pause, ils reviennent pour trois titres et ils terminent le set sur Faded avec un mix d' Across 110th Street de Bobby Womack, que les aficionados de Tarantino connaissent mieux comme étant l'ouverture de Jackie Brown.
J'en termine enfin et quoi de mieux que de conclure ce moment unique et magique par le sublime "Faded" extrait du classique album "Black Love" de 1996, un titre que j'aime par-dessus tout et qui m'a fait pleurer et chavirer tant de fois par le passé. Le groupe s'est bien éclaté ce soir, ça transpirait de joie et le public fut comblé. Je suis ressorti avec Julie et Jérémy que j'embrasse fort d'ailleurs et très heureux d'avoir partagé avec vous mon immense émotion. En regagnant le chemin du retour, je ne rêvai qu'à une seule chose, qu'Afghan Whigs ne s'arrêtent pas dans le futur et qu'ils reviennent nous voir à Paris le plus vite possible. Et oui, Greg, tu as un public qui t'aime ici ! Ce soir, j'ai vécu un des plus beaux concerts de ma vie musicale, c'est dit...
Remerciements à Pias, au groupe de m'avoir invité, à Claire Mériguet
et à Julie, à Jéremy
Crédits photos: lebonair
durée concert : 1h40
set-list:
Parked Outside
Matamoros
Somethin' Hot
The Lottery
Crime Scene, Part One
Turn On the Water
Coffee
Debonair
Miles Iz Ded
Algiers
Royal Cream
I Am Fire/Tusk (Fleetwood Mac)
Gentleman
Morning Theft (Jeff Buckley) / It Kills
Can Rova
John the Baptist
My Enemy
Son of the South / Roadhouse Blues (The Doors)
Lost in the Woods / Getting Better (excerpt)
(The Beatles cover)
rappel :
Summer's Kiss
Teenage Wristband (The Twilight Singers)
Across 110th street (Bobby Womack) / Faded
Critique écrite le 15 février 2015 par Lebonair
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