Chronique de Concert
Arctic Monkeys + Miles Kane
Soirée rock anglais ce soir au Casino de Paris, où Miles Kane et les Arctic Monkeys posent leurs valises pour la première de leur trois dates parisiennes en moins d'une semaine. L'ambiance est chaude et la poignée de privilégiés qui a réussi à obtenir des billets pour l'événement ne cache pas son excitation à voir le groupe dans une si petite salle, leur dernière apparition dans la région datant du festival Rock en Seine 2011.
Lorsque Miles Kane monte sur scène à 20h précise, la salle est à moitié remplie et comme d'habitude, on peut dire que les absents ont toujours tort. En effet, tout porte à penser que le jeune homme de Liverpool est voué à écrire un joli chapitre dans l'histoire du rock anglais. Grâce à des pop songs aux refrains taillés pour faire chanter les foules, une voix typique du nord de l'Albion, dans la lignée de celle des frères Gallagher et une gueule à rendre folles un sacré nombre de jeunes filles en fleur, Miles Kane assure un show sans accroc, à la bonne humeur communicative et où l'envie de jouer est tellement palpable qu'elle donne envie de suivre le jeune homme sur toutes ses dates, pintes de bières et accent britannique à l'appui.
Les titres enchaînés sont en réalité autant de tubes comme cela faisait longtemps qu'on avait pas eu l'occasion d'en écouter et grâce à sa capacité à communiquer avec son public (et pas que verbalement, ses clins d'œil en ayant rendu plus d'une jalouse !), Miles Kane parvient à réaliser un carton plein en faisant danser et chanter une foule qui, assez étonnamment, ne semblait pas plus que ça acquise à sa cause, malgré son passé au sein des Last Shadow Puppets.
Après 40 minutes passées en sa charmante compagnie, cette première partie que nous attendions tout autant que le groupe principal se retire et laisse la salle de la meilleure humeur possible pour accueillir les rois de la soirée, les Arctic Monkeys.
Il est loin le temps où Alex Turner et ses comparses n'étaient que des adolescents boutonneux qui révolutionnaient la musique britannique à coup de chansons nerveuses et dansantes qui faisaient fureur sur les dancefloors d'outre-Manche. Le groupe que nous avons en face de nous ce soir a physiquement mûri, et même si le batteur arbore toujours fièrement son manque de look, les Arctic Monkeys ont acquis une classe indéniable. Alex Turner en James Dean des temps modernes fait particulièrement d'effet à la gent féminine, et son air de mauvais garçon fait beaucoup sourire, surtout à cause de la distance qu'il instaure entre lui et son pétillant ami Miles Kane.
Le groupe joue fort ; le groupe joue vite, et il est évident que le jeune chanteur n'a pas beaucoup suivi ses cours de français à l'école car la communication est relativement minimale. A la limite, ce n'est pas pour ça qu'on a payé les billets, mais pour se défouler, dès le mardi soir, sur des rythmiques efficaces et des refrains aux textes adolescents connus de tous.
Don't sit down 'cause I've moved your chair, jouée en ouverture, s'avère une excellente mise en bouche, ce titre étant probablement le meilleur du dernier album du groupe, Suck it and See. Aucun des quatre opus n'est réellement plus présent qu'un autre dans la set list de ce soir (même si l'absence de Dancing Shoes à elle seule pourrait nous faire verser une larme), mais à chaque titre issu d'un des deux premiers efforts du groupe, la foule se déchaîne et menace de faire sauter le plafond du Casino de Paris.
On est tout de même en droit de se demander s'il ne manque pas maintenant un petit quelque chose à ce quatuor, quelque part coincé entre leurs tubes imparables des débuts (I bet that you look good on the dancefloor est tout simplement un fabuleux bond dans le temps au début des années fac, chair de poule à l'appui !) et une recherche de maturité affirmée dans leur collaboration avec Joshua Homme pour la réalisation de leur troisième album, Humbug.
Ainsi, l'ambiance de la soirée est en dents de scie, et malgré la qualité certaine de la composition des morceaux, la parfaite communion ne se fera pas avec le groupe à cause de ce déséquilibre entre passé, présent et envie d'avenir. Il n'en reste pas moins que l'on passe un très bon moment, et même si (ou parce que ?) l'on en sort avec quelques point d'audition en moins, on est ravis d'avoir vu ces quatre nouveaux garçons dans le vent dans cette intimité toute relative du Casino de Paris, et d'avoir pu absorber un peu de leur verve de jeunesse.
Photo live au Casino de Paris par Sophie Jarry (sophiejarry.daportfolio.com, sophiejarry.tumblr.com, www.facebook.com/sophie.jarry), retrouvez plus de photos de ce concert ici : www.facebook.com/media/set
Critique écrite le 01 mars 2012 par Coline Magaud
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