Chronique de Concert
The Black Brothers (Festival Jazz Sur La Ville)
Ce soir c'est le blues, le vrai, le pur, les "roots". Nous ne sommes quand même plus dans les champs de coton du début du XX siècle, mais plutôt période après-guerre où se côtoient le blues du sud, du Mississipi et celui plus urbain de Chicago où sont montés quelques musiciens.
Les Black Brothers ne sont pas blues, comme leur nom l'indique, ils ne sont pas brothers non plus, d'après leur nom, mais peu importe. Ils chantent Muddy Waters, Willie Dixon, Ray Charles, BB King et John Lee Hooker.
Ils sont deux :
Jean Marie Guyard, Lead Guitare, Chant.
Alain Rageot, Guitare solo.
Une formation acoustique dénuée, tout juste amplifiée, qui nous ramène aux racines. Je suppose que c'est un choix délibéré et je le trouve judicieux : à moins de tomber sur de vieilles vidéos en noir et blanc, ou au hasard d'un film américain, on n'a plus trop l'occasion d'entendre du blues dans ces conditions.
L'étroitesse de la salle est favorable : ambiance intime, proximité des musiciens, tout commence sous les meilleurs auspices.
Les brothers débutent avec I'm in the mood. La voix du chanteur est chaude, profonde, grave, mais un petit truc accroche, qui va me gêner tout au long de la première partie : Ce gars-là n'a pas l'accent américain. Il l'a plus que Jacques Chirac, certes, mais pas assez. Cela peut paraître chichiteux, mais non. À mon sens, le blues est un tout attaché à l'Amérique, et duquel on ne peut rien retrancher. C'est comme porter le super smoking avec des baskets, ça le fait pas. Il y a peu de domaines musicaux où l'accentuation ait autant d'importance. Je me souviens de Fabien Barthez au milieu de l'équipe de France alignée sur la pelouse, écroulé de rire et tentant vainement de le cacher à l'ouverture d'un match où la Marseillaise était déclamée par un chanteur lyrique islandais, incompréhensible. On n'en est pas aux mêmes extrémités, j'exagère mais l'effet est du même ordre. J'aurai encore l'impression, plus tard, que cette carence empêche Jean Marie Guyard de se lâcher vraiment dans le chant, à la Howlin' Wolf , ou comme de nombreux autres bluesmen. Et le phrasé sage et calme qu'il utilise apparaît non plus comme un choix, mais comme une obligation. Ses eaux ne sont pas très boueuses.
J'essaie de faire abstraction de cela, je me dis que je suis le seul chichiteux qui a dû le remarquer dans la salle, et que ça gêne, parce que tout le reste est vraiment bien.
Jean Marie Guyard interpelle le public, qui répète quelques phrases, enthousiaste.
Je me rends douloureusement compte que chanter une phrase de blues n'est pas si facile et je baisse piteusement le volume de mes réponses. Mais bon, je ne suis pas chanteur de blues, moi !
Le jeu des guitares est fin, varié, les deux guitaristes évitent les interminables répétitions identiques liées au peu d'accords en blues ; ils jouent presque toujours sans médiator. Alain Rageot utilise un slide de temps à autre, on est bien dans le blues, minimaliste en instrumentation, mais riche en improvisations. Un harmoniciste aurait pu s'ajouter au duo sans être de trop.
La Set List de la première partie:
-Dust my blues
-Good morning little schoolgirl
-Who's been talkin'
-Going up the country
-How long blues
-Sweet home Chicago
-Georgia on my mind
Et sur ce dernier morceau de la première partie, un petit miracle s'accomplit, qui ne peut avoir lieu que dans ce type de petite salle, intimiste. Une voix s'élève, dans le public, qui répond au chanteur : "oooh, mmmmhh, Geooorgiaaa !". Celui-ci d'abord surpris affiche un large sourire et tend le bras pour inviter l'audacieuse à le rejoindre. C'est Mariannick Saint-Céran, qui chantait du jazz deux heures plus tôt à la Bibliothèque du Merlan (dans le cadre (encore et toujours de Jazz sur la ville). Elle vient en toute simplicité échanger quelques douloureuses plaintes à propos de Georgia avec Jean Marie Guyard. On termine la première partie sur ce joli happening.
Au Roll'Studio, l'entracte est nécessaire, on s'aère, on se dégourdit, on accède aux breuvages.
La Set List de la deuxième partie, à laquelle je n'assisterai pas (rendez-vous avec Andreya Triana au Poste à Galène oblige)
-I just wanna make love to you
-Kiss
-Rollin
-Thrill is gone
-Boom Boom
Je maronne un peu qu'un concert programmé à 19h00 ait commencé à 20h00. Ça fait trois fois que ça m'arrive en une semaine (à l'Embobineuse et au Lounge) ! À croire que c'est une constante, à prendre en compte désormais. J'ai quand même passé un bon moment. . J'aurais aimé rester jusqu'au bout.
Critique écrite le 10 octobre 2010 par Mardal
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> Réponse le 10 octobre 2010, par Mcyavell
Cher Mardal, Pour te faire définitivement maronner d'avoir loupé la deuxième partie, sache : 1) Que Kiss était bien évidemment celui de l'ami Prince, que la version des faux-frangins était tout simplement énorme et que le micro du Roll'Studio s'en souviendra longtemps ; 2) Que Mariannick Saint-Céran est revenue ajouter deux doses d'émotion supplémentaires pas prévues sur la setlist : Stormy Monday et Summertime ; 3) Que le plus gros frisson de la soirée a été provoqué par (la-pour-le-coup-mal-nommée) The Thrill Is Gone, où Jean-Marie Guyard a vocalement tout donné ; 4) Que la salle, non contente d'être pleine à craquer, était en liesse. Un monsieur au deuxième rang n'a par exemple pas pu contenir sa folle envie de jouer de l'air guitar ; et tout le monde a fini debout sur le Boom... La suite | Réagir
> Réponse le 11 octobre 2010, par Marjorie Sweetko
Comme Mardal, j'ai apprécié le concert des Black Brothers au Roll' Studio, mais je ne suis pas du tout d'accord sur l'accent américain de Jean-Marie Guyard. Je suis anglophone et prof d'anglais - et j'ai félicité Jean-Marie à la pause d'avoir une excellent maîtrise de l'accent (ce qui, je suis d'accord, est primordial pour chanter le blues). Toutes les voyelles étaient authentiques, il y avait tout au plus un "h" aspiré qui manquait à des endroits; et les mots "mangés" étaient longuement mastiqués, comme dans la bouche d'un chanteur de club de Chicago. Le vrai esprit chaud mais un peu las du blues y était - bravo! Réagir
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