Chronique de Concert
The Black Crowes (Shake Your Money Maker Tour 2022)
Actifs depuis près de 35 ans, les Black Crowes, qui semblent désormais se résumer aux deux frères Robinson (Chris au chant et Rich à la guitare), sont devenus au fil des années un groupe culte pour un public amateur de riffs et d'énergie rock seventies. Clairement, leur musique ne trouve pas le moindre salut ou la moindre influence au-delà de l'année 1973. Tels des vampires, ils semblent avoir aspiré jusqu'à la dernière goutte du son et des riffs des Rolling Stones d'"Exile on main street", du "live at Fillmore East" des Allman Brothers, des premiers albums de Lynyrd Skynyrd ainsi que des œuvres d'Otis Redding ou d'Al Green.
La musique des Black Crowes est un condensé, un mix réussi de toutes ces influences. Avec les très bons albums "Shake your money maker", "Amorica" et "The Southern Harmony and Musical Companion", les Corbeaux Noirs ont, dans les années 90, su convertir un public fidèle, d'autant que ces disques étaient toujours soutenus par des prestations scéniques de haut vol. Dans les années 2000, les corbeaux se sont faits plus rares, en se consacrant à des projets solos, dont le très bon et très planant Chris Robinson Brotherhood. En 2020, les frères Robinson annoncèrent une tournée à l'occasion des trente ans de leur premier album "Shake your Money maker", après 7 ans de silence d'absence. Le covid et toutes les galères qui ont suivies ont sans cesse repoussé ce retour tant attendu
Mais en ce 5 octobre 2022, les Black Crowes étaient bien présents à l'Olympia de Paris, où les attendaient de pied ferme, une armée de quadragénaires penchant douloureusement parfois au-delà de la cinquantaine. Et oui, le temps fait son œuvre ! Mais les Black Crowes, comme le bon vin et les grands alcools, ne vieillissent pas. Ils se bonifient, murissent et prennent en caractère, saveur et authenticité bien d'avantage que ce que le poids des années ne leur prend. Chris Robinson chante comme un soulman habité avec l'attitude d'un Mick Jagger de l'époque, quand son frère Rich tronçonne des riffs imparables à la manière d'un Keith Richards en 1972.
Derrière, le groupe envoie du lourd avec un très bon guitariste soliste qui maitrise à la perfection la méthode "Almann". Dès l'entrée sur scène sur "Twice as hard", enchainé avec le tonitruant "Jealous again", la messe est dite et le public, en surchauffe. L'intégralité de "Shake Your money maker" sera jouée avec maestria, sans temps morts avec une énergie communicative. Puis s'enchaineront des brulots d'"Amorica" et de "Southern Harmony" dont le fabuleux "Remedy". On regrette malgré tout une sonorisation trop approximative (ça commence à faire plusieurs fois à l'Olympia ...) et que le concert passe si vite...
Au bout d'1 heure 45 d'un show plein de guitares et de rock, le temps du rappel est déjà là, avec "Rocks Off", une reprise forcément très cohérente de l'album "Exile on main street" des Rolling stones, qui semble être le jardin d'Eden et la source de vie de l'art de la musique des frères Robinson. Quelle soirée de rock pur et brut ! Si les Black Crowes n'ont rien inventé, ils sont au sommet de leur art et maitrisent comme personne un rock que presque plus personne n'est en mesure de jouer. A ce petit jeu, ils font aisément passer un Jack White pour un aimable écolier en devenir. Et les quelques cadors septuagénaires du genre encore en activité, pour une amicale bienveillante de vétérans en permission de leur maison de retraite.
Photos : Manu Wino manuwino.com www.facebook.com/manuwino
Critique écrite le 07 octobre 2022 par lol
> Réponse le 08 octobre 2022, par Patrick Recher
Excellente analyse ! On y était et ce fut un grand moment 🤟🤟🤟🤟 Réagir
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