Chronique de Concert
The Black Keys + The Kills + Harold Martinez (Festival de Nîmes 2014)
Grosse soirée rock 'n roll blues dans le superbe cadre des arènes romaines à l'occasion du festival de Nîmes le 15 juillet 2014 avec par ordre d'apparition, le prometteur Harold Martinez, les incendiaires The Kills et les imparables The Black Keys... Du bon, du sexy et du lourd jusqu'au bout de la nuit (ou presque) !
Harold Martinez
Dès 19h45, le régional de l'étape, Harold Martinez, se charge de délivrer la bonne parole country folk rock 'n roll avec un set percutant en duo guitare/chant et batterie. Un set qui reçoit un bel accueil de la part du public. Au menu, gros riffs de blues rock distordu, voix habitée à la Sixteen Horsepower et morceaux aussi décérébrants que rentre dedans ou menaçants... Une très bonne introduction à cette soirée mais aussi à l'univers de ce groupe, qui gagnera forcément à être revu dans une petite salle intimiste avec un son plus chiadé.
The Kills
Après la demi-heure passé en compagnie de Mr Martinez, le duo The Kills a droit à un peu moins d'une heure pour prouver que sa classe sexy ne s'est pas évaporée avec les années, bien au contraire ! Amaigrie, très affûtée vocalement (quelle panthère !) et arborant une jolie teinture blonde, Alison Mosshart aka VV fait donc une nouvelle fois très forte impression avec ses multiples rugissements rocailleux, feulements follement excitants et autres chorégraphies de lionne en cage prête à griffer...
De son côté, Jamie Hince alias Hotel est lui aussi en forme olympique et il le prouve avec des riffs de guitare punk 'n blues, de mini solos pétaradants et des choeurs graves... Comme son acolyte féminine, le mec a l'air content d'être là, même pour une première partie en plein jour, et sourit souvent de manière complice à ses fans. Et on allait presque l'oublier, les deux batteurs placés en fond de scène apportent un plus indéniable...
Après un tonitruant début sur U.R.A. Fever, on ressent une forte envie de se rapprocher des bêtes de scène mais on n'a pas le droit, confiné que l'on est en tribune, à une bonne place certes, mais bon hein, un peu trop loin. C'est alors qu'un saint homme barbu de notre connaissance déboule derrière nous avec un précieux sésame pour la fosse, qu'il en soit ici remercié publiquement !
Car à quelques mètres, le concert prend une toute autre dimension, qui permet de communier encore mieux avec les Kills et de prendre une magistrale baffe rock 'n roll sur Future Starts Slow, Heart Is A Beating Drum, Black Balloon, Tape Song, No Vow et autres perles noires ultra stimulantes... Alison et Jamie, on attend la suite de pied ferme !
The Black Keys
Après s'être bien désaltéré au bar en compagnie d'une bande d'amis/joyeux drilles particulièrement énervés, le très carré, joliment pro et méchamment percutant show des Black Keys est un pur moment de bonheur et de rock 'n roll que l'on passe à danser, à sauter de joie et à hurler à quelques petits encablures à peine du chanteur/guitariste Dan Auerbach et du batteur Patrick Carney...
Des conditions privilégiées par rapport aux Vieilles Charrues et aux Eurockéennes de Belfort (les autres étapes estivales du duo basé à Nashville, qui ne permettent pas une telle proximité) nous autorisant à prendre un pied pas possible au son d'un set list truffée de tubes de blues rock 'n pop soul groovy. Et l'on n'est pas le seul à apprécier : un jeune ami, sans doute aveuglé par une ingestion massive de houblon, se jette sur nous pour nous gueuler que " Putain à deux, ils envoient les Black Keys !!!! ". Ce à quoi on rétorque : " Ouaaaaaisssssssssss, mais ils sont quatre sur scène !! "
Et oui, car Dan et Pat ont recruté l'excellent Richard Swift (musicien, songwriter et producteur de pop psyché) à la basse et aux choeurs, sans oublier le précieux John Clement Wood aux synthés, aux "backing vocals" et à la guitare. Les vieux fans des Black Keys peuvent hurler au sacrilège, mais le nouveau son du groupe, moins brut/garage et plus consensuel, voire plus sexy grooooovy est une évolution pas du tout honteuse, encore moins putassière, et surtout sacrément efficace !
D'ailleurs, les nouveaux titres extraits du controversé album Turn Blue - à part un slow un peu mollasson et dispensable - passent très, très bien en live, comme ce très sucré Fever, joué en fin de set et qui tue sa race en concert ! Bref, Auerbach a toujours une voix de velours gorgée d'âme et un coup de guitare assez incroyable, Carney cogne plus que jamais ses fûts de manière aussi admirablement flottante que violente (il en perd ses lunettes en début de set !) et leur association est un authentique miracle sur Lonely Boy, Strange Times, Gold On The Ceiling, Tighten Up, Next Girl et consorts.
Et puis, pour couronner le tout, le rappel avec le très Led Zeppelin Little Black Submarines (leur Stairway To Heaven ?) et le traditionnel incunable I Got Mine, joué en duo, est une gâterie finale, qui finit d'achever l'extatique public, littéralement aux anges !
Photos : Pirlouiiiit
Critique écrite le 18 juillet 2014 par Pierre Andrieu
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